Lumane Casimir. 20 août 2013 ©Corentin Fohlen
Corentin Fohlen, photographe français qui travaille sur commande pour la presse française et internationale, découvre Haïti en 2010 lorsqu'il doit couvrir le séisme de magnitude 7. En 2012, il décide de s'éloigner du milieu de l'actualité dans lequel il y a « trop de pressions, trop de drames, trop de douleurs personnelles ». Ainsi, il se souvient d'Haïti et choisi l'île pour plonger dans ses entrailles. Le terme d'« entrailles » utilisé par le photographe est plus qu'approprié, puisqu'il approfondit son sujet sur 6 ans et y fait 19 séjours pour en extraire ces photographies.
Dans ce livre, d'une centaine de photos, il couvre tous les aspects de la vie des haïtiens, loin de l'image qu'on s'en fait de par les informations, qui plus est après le séisme. Pour « déconstruire les préjugés post-séisme sur le pays », il s'y prend certes de manière très scolaire, en classant clairement ses séries par chapitre : la reconstruction, le tourisme humanitaire, le tourisme, la religion, l'économie, la bourgeoisie, l'ingérence étrangère et les arts. Chaque chapitre est introduit par un ensemble d'éléments permettant de bien cerner les enjeux qu'il renferme. De plus, une dizaine de pages de légendes, en fin de livre, détaillent l'histoire qui réside derrière la photo. Ces deux aspects révèlent le réel travail journalistique de ce très long reportage.
Enrichissant et ne perdant pas de l'aspect artistique qui y reste entier, Corentin Fohlen s'intéresse aux « invisibles ». Ce choix de sujet qui n'intéresse habituellement personne et reste de fait ignoré, est merveilleusement documenté et témoigne de l'état des lieux. Le photographe montre une autre facette de l'île, une île qui foisonne par sa richesse, mais qui est trop souvent réduite aux catastrophes qu'elle a essuyées. Corentin Fohlen sort des sentiers battus, prend des risques et donne du sens à ses sujets en les approfondissant et pas simplement en les survolant.
Certaines de ces photos ont été reprises et publiées par de nombreux magazines notables, car ils mettent en scène les contrastes qui existent et qui se confrontent sur l'île, entre une jeunesse dorée et des vies bouleversées par les catastrophes successives. Seulement, ce qui doit être certainement la plus grande qualité de ce livre est, selon moi, la force pourtant si subtile que le photographe a de montrer la réalité, l'énergie de l'île sans montrer la misère.
Vous pouvez également retrouver l'interview réalisé de http://fr.actuphoto.com/37594-corentin-fohlen-casser-les-stereotypes-pour-mettre-en-lumiere-haiti-.html">Corentin
Belot. 16 novembre 2014 © Corentin Fohlen
Port-au-Prince. 20 octobre 2015 © Corentin Fohlen