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« Quand les photographes inventaient l'Orient »

Lundi 21 Novembre 2016 16:27:12 par Emilie Lemoine dans Livres Chroniques

Femme mauresque. Algérie, vers 1880 © Neurdein Frères / Neurdein / Roger-Viollet
C'est le titre de l'(indispensable) introduction de Pascal Blanchard, historien et spécialiste du « fait colonial ». Il y explique, avec l'acuité du chercheur, les rouages du regard colonial et déconstruit chacune de ses images. Son ouvrage L'invention de l'Orient (1860 – 1910), s'il est avant tout un recueil de photographies, ne saurait se passer d'un contexte mis en mots. A chaque page, malgré l'attrait que l'exotisme suranné, en noir et blanc de surcroît, pourrait avoir au premier abord, saute aux yeux la violence inouïe de l'oeil du colon sur le colonisé. Comme un nouvel enfermement.

Car ces photographies prises entre 1860 et 1910 illustrent à quel point l'imaginaire de chacun reste verrouillé, entre oasis et palmiers, fier guerriers, humbles miséreux et petits artisans barbus, bijoux argentés, traits de kôhl et poitrines dénudées. « Tout cela n'est qu'un regard, une fiction, que les photographes de la fin du XIXe siècle et du début du siècle suivant ont inventés », rappelle Pascal Blanchard. Tout-puissants, ils ont construit le sujet photographié à l'image de ce qu'ils attendaient de lui. Et d'elle en l'occurrence, avec ces images de femmes aux seins nus, parfois voilées, variantes ou incarnations de la figure des Mauresques, jeune femme ou jeune homme qui ne fait qu'attendre, plein de désir : « Cet érotisme de harem invite à croire que l'Orient est peuplé de femmes lascives, qui s'offrent aux voyageurs et... aux colonisateurs ».

Divisées en sections géographiques : « Algérie », « Tunisie », « Maroc » et « Egypte et le Levant », l'auteur relève pour chacune les particularité d'un regard photographique : plutôt moderne quand il s'agit de montrer la société tunisienne ou majoritairement architectural (l'humain passe en arrière-plan) pour le Maroc. Tous ces clichés sont ceux des deux plus grandes agences photographiques de l'avant Première Guerre mondiale qui ont fusionné leurs catalogues en 1913. Après avoir feuilleté entièrement cet aperçu orientaliste, on retient entre autres l'absence totale de la figure coloniale, hors champ ou cachée derrière l'objectif. Comme le rappelle justement l'historienne Annie Rey Goldzeiguer : « Cet orient est vide de colons, car ceux-ci empêchent le rêve. »



Femme des Ouled Naïl. Algérie, vers 1890
© Léon et Lévy / Roger-Viollet



Soudanaise à la porte de sa maison. Egypte, vers 1900
© Léon et Lévy / Roger-Viollet



Hommes se reposant sous les palmiers. Egypte, vers 1900
© Léon et Lévy / Roger-Viollet



Femmes portant des cruches d’eau sur la tête. Egypte, ves 1900
© Léon et Lévy / Roger-Viollet



Notaire arabe dans son étude. Tunisie, vers 1990
© Neurdein Frères / Neurdein / Roger-Viollet



Soldats soudanais de l’armée anglo-égyptienne Egypte, vers 1900
© Léon et Lévy / Roger-Viollet





 

http://editionsdelamartiniere.fr/ouvrage/l-invention-de-l-orient-1860-1910/9782732475332"

http://editionsdelamartiniere.fr/ouvrage/l-invention-de-l-orient-1860-1910/9782732475332"
 



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