Suzi Parker au bord de la Seine, ensemble Balenciaga, Paris, France, 1953 © Louise Dahl-Wolfe, 1989 Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents Courtesy Staley-Wise Gallery, NY
Pavillon Populaire de Montpellier Esplanade Charles de Gaulle 34000 Montpellier France
De la couleur, de la vraie. Des noir et blanc hollywoodiens où la cigarette se consume avec arrogance. De la mode, hautaine, snob et merveilleuse. Des débuts et des nus délicats. Impossible de ne pas trouver son bonheur parmi la centaine d'oeuvres exposées au Pavillon Populaire. Encore une fois en marge, grâce à une programmation originale et ambitieuse, le lieu propose aux visiteurs de voir ici ce qu'il ne verra pas ailleurs. Les deux coupables de cette rétrospective-là ? Gilles Mora, directeur artistique des lieux, et Oliva María Rubio, commissaire de l’exposition.
« Je pense que l'appareil photo est un vecteur de lumière, qu'il s'agit en fait de peindre avec la lumière ». A parcourir plusieurs décennies de son travail, on se dit que Louise Dahl-Wolfe n'avait décidément pas tort. Elle qui aurait pu se contenter d'être bien née et de se dévouer à la peinture sur soie, entre deux safaris et une virée chez Chanel. Mais le besoin de lumière(s) et d'émancipation fut plus fort que tout. Pour Vogue et Harper's Bazaar, Dahl-Wolfe a fait sortir les mannequins palotes au grand air, les embarquant parfois au bout du monde.
Louise Dahl-Wolfe, Sans titre, 1940
© Louise Dahl-Wolfe, 1989 Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents Courtesy Staley-Wise Gallery, New York
Louise Dahl-Wolfe, Jumelles à la plage. Nasáu, Bahamas, 1949
© Louise Dahl-Wolfe, 1989 Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents Courtesy Staley-Wise Gallery, New York
Au fil de l'exposition, on aime ses premières années de photographie dans l'Amérique pauvre et rurale des années 1930, un peu à la Walker Evans. Il y a le regard perçant d'Ophélia ou l'image de ces mains anonymes, noires et déformées, sur une partition de Nobodys Knows de Trouble I've seen (Nashville, Tennessee, 1932). Les nus plus loin montrent, avec une modernité troublante, la lumière jouant sur le galbe de fesses ou la courbe d'un sein. Clergue aurait sans doute apprécié. Puis c'est le tourbillon de la mode et avec lui, une Louise Dahl-Wolfe qui impressionne par sa maîtrise et par la richesse de ses tableaux photographiques. Car la peinture n'est jamais loin. Elle s'incruste jusque dans ses portraits d'acteurs ou d'artistes, quand elle « dessine » Lauren Bacall, robe noire et fume-cigarette à la main en 1957. Ou qu'elle accroche le regard d'un Edward Hopper, perdu et nostalgique comme l'un de ses personnages.
Louise Dahl-Wolfe, Lauren Bacall, Saint Augustine, Floride, États-Unis, 1943
© Louise Dahl-Wolfe, 1989 Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents Courtesy Staley-Wise Gallery, New York
Louise Dahl-Wolfe, Yves Montand dans son studio. Paris, France, 1946
© Louise Dahl-Wolfe, 1989 Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents Courtesy Keith, Lellis Gallery, New York
« Son œuvre eut un retentissement capital sur des noms aussi illustres que ceux d’Irving Penn ou de Richard Avedon », souligne Olivia Maria Rubio. On veut bien la croire. Mais pour le voir, de vos propres yeux, il faudra se rendre au Pavillon Populaire pour (re)découvrir Louise Dahl-Wolfe : vous avez jusqu'au 8 janvier !
http://www.editions-hazan.fr/ouvrage/728124/louise-dahl-wolfe-collectif"
http://www.editions-hazan.fr/ouvrage/728124/louise-dahl-wolfe-collectif"
Editions Hazan
45 euros