Weegee - Serial Photographer © Éditions Sarbacane
Car notre Arthur Fellig (son vrai nom) est un Bruce Wayne de la photographie. Tel Batman chassant les criminels la nuit, il arbore lui aussi une autre identité : Weegee. Son employeur ? La presse. Son terrain de jeu ? La rue. Ses sujets ? Les macchabées. C'est avec un cigare entre les dents, une barbe de trois jours accompagnée d'une hygiène douteuse que notre Weegee s'en va en quête de drames et de scènes de crime. Branché sur la radio de la police, bénéficiant de contacts partout dans la Big Apple, le fils d'émigré se nourrit de sombres faits divers. Tel un ouija parvenant à communiquer avec les morts, il arrivait souvent sur les lieux avant même les autorités et prenait le temps d'observer son sujet afin d'en faire sa marionnette pour ses funestes mises en scène.
Weegee - Serial Photographer © Éditions Sarbacane
Weegee - Serial Photographer © Éditions Sarbacane
Mais Weegee, c'est aussi le rêve américain, avec ses espoirs et ses échecs. Sur le plan professionnel notre photographe est aux anges : ses photos font les joies de la presse quand celle-ci ne les juge pas trop trash. Sa réputation n'est plus à faire, quoi qu'il aimerait être connu dans l'« Upper ». La vie personnelle est plus mitigée : Weegee traîne la journée dans les bars des bas-fonds de New York, dort dans sa voiture qui, à l'occasion, lui sert de chambre noire, et fréquente habituellement les prostitués. Pourtant, le personnage se dévoile petit à petit au fil des pages, désireux de nous faire connaître son talent artistique, son obsession pour l'élite new-yorkaise et sa passion oubliée pour le violon.
Weegee - Serial Photographer © Éditions Sarbacane
La bande dessinée fait drôlement penser au film Nightcall (2014), un long métrage où le personnage principal, incarné par Jake Gyllhenhaal, se lance dans une course aux images chocs. Tient-on là le précurseur du sensationnalisme ? Assurément. Reste qu'à l'époque son métier n'avait pas une déontologie à respecter. « Weegee, Serial Photographe » est une BD en noir et blanc fort plaisante qui réussit, sans nous dresser une classique biographie du personnage, à nous proposer une série de péripéties croustillantes relatant le quotidien du photographe au coeur de la misère humaine.
Bande dessinée : http://editions-sarbacane.com/weegee-serial-photographer-2/">«
Auteur : Max de Radiguès (texte), Wauter Mannaert (illustration)
Nombre de pages : 128 pages en bichromie
Éditions : Éditions Sarbacane
Prix : 19,50 €