• Expositions
  • Photographes
  • Concours photo
  • Interviews
  • Chroniques
  • À propos
  • Nous contacter
  • Sitemap
  • Menu
  • Les lus
  • Publier


ATTICA : généalogie d'une émeute carcérale

Mercredi 21 Septembre 2016 16:15:59 par Emilie Lemoine dans Expositions Chroniques

Bob Schutz prison d’Attica, 10 septembre 1971 © Associated Press
Chroniques du 11/09/2016 au 4/12/2016 Terminé

Le Point du Jour 107 avenue de Paris 50100 Cherbourg-Octeville France

« Laissez-moi mourir d’être Noir », lance Mohamed Ali à la télévision irlandaise en 1972, dans un poème-hommage aux émeutiers d'Attica. Un an auparavant, dans la prison du même nom, la révolte contre un système carcéral raciste, inégalitaire et ultra-violent a été écrasée dans le sang. 31 détenus et 11 gardiens ont été tués. Il y a eu plus de 200 blessés. Mais cette fois-ci, la répression ne s'est faite ni dans le silence ni dans le secret des cellules. Elle a été vue, photographiée même et commentée de l'intérieur. Le Point du Jour nous replonge au cœur du drame avec son exposition Attica, USA 1971 Images et sons d'une révolte du 11 septembre au 4 décembre.

Deux salles. La première montre l'Amérique contestataire des années 1970, dans son opposition à la guerre du Vietnam. Mention spéciale aux photomontages de Martha Rosler qui invitent la guerre dans le moelleux des salons américains. L'artiste détourne les images de GI ou de Vietnamiens mutilés pour les replacer dans des décors de magazine de mode ou de décoration. A ceux-ci s'ajoutent une collection d'affiches anti-guerre de Jasper Johns, Rauschenberg, de John&Yokko, etc. Un point d’écoute musical vient se joindre à la révolte : Hendrix, Crosby, Stills, Nash & Young...



Martha Rosler
Red Stripe Kitchen, extrait de la série « House Beautiful: Bringing the War Home », 1967-1972
Courtesy : Martha Rosler et Galerie Nagel Draxler, Berlin / Cologne




La deuxième salle a en son milieu un caisson dont on devine qu'il est le cœur agonisant d'Attica, la zone sensible de l'exposition. On y pénètrera plus tard. Pour l'instant, on continue d'humer l'air du drame, l'injustice d'une époque. Quelques clichés de l'excellent Danny Lyon, A Conversation with the Dead (1971), montrent des détenus noirs du Sud, courbés dans les champs de coton. Esclaves un jour...


A Conversation with the Dead (1971) Danny Lyon


The Vanguard (1968) - Ruth-Marion Baruch et Pirkle Jones

 

Mais c'est aussi le temps de la révolte, celle des Black Panthers. Poing levé, béret noir, lutte armée... et politique sociale. En témoigne l'essai photographique The Vanguard, un travail mené en 1968 par Ruth-Marion Baruch et Pirkle Jones, couple de photographes autorisés à suivre le mouvement révolutionnaire afro-américain en Californie, pendant quatre mois. L'élément déclencheur de l'émeute d'Attica est d'ailleurs l’assassinat, le 26 août 1971, d'un membre des Black Panthers : George Jackson. En prison depuis ses 18 ans, Jackson ne sortira de l'enfer carcéral, où racisme et violence sont institutionnalisés, qu'à l'âge de 29 ans. Une balle dans la peau, tirée par les gardiens. Stephen Shames, seul photographe autorisé aux funérailles, montre l'adieu au frère d'armes.



Stephen Shames
Funérailles de George Jackson, Oakland, 28 août 1971
Courtesy : Stephen Shames et Steven Kasher Gallery, New York



9 septembre 1971. En signe de protestation, les détenus de la prison d'Attica se révoltent en portant des brassards noirs et en refusant de prendre leur petit-déjeuner. Dans leur déclaration au peuple américain, les choses sont claires : « Nous sommes des êtres humains ! Nous ne sommes pas des bêtes et nous n'acceptons pas d'être traités ni battus comme telles » Il seront pourtant battus et tués comme des bêtes à l'issu de ces quatre jours d'émeute. C'est dans le caisson central que sont montrées des photographies d’archives, particulièrement violentes d’où cet emplacement à part. Il s’agit de la collection d'Elizabeth Fink (1971) : vues de l’intérieur, rangs d’hommes nus entourés de gardiens à matraque, cadavres étiquetés, morgue...  Ces images ont été utilisées lors des procédures judiciaires interminables qui ont fait suite à ce scandale d'état : « Elizabeth Fink avait participé depuis 1974 à l’Attica Brothers Legal Defense (« Défense juridique des frères d’Attica ») fondée par l’avocat William Kunstler, et elle contribua grandement, vingt-six ans plus tard, à l’indemnisation de mutins et de leurs familles par l’Etat de New York. »



Gene Becker
Enquête sur Attica, 28 mars 1974 Collection Liz Fink, New York



De nombreuses raisons ont fait que cette émeute, à la différence de tant d'autres, a réussi à obtenir un écho. Sa proximité du pôle culturel, politique et journalistiques qu'est New York en est une. Le fait que les détenus aient choisi de faire rentrer les médias à l'intérieur de la prison, et ce dès le premier jour, en est une autre. Les photographies de John Shearer ou celles de Bob Schutz pour l'Associated Press en témoignent. Un an plus tard viendra le travail plus esthétisé de Cornell Capa.

L'exposition du Point du Jour est passionnante, riche de la multiplicité de ses supports : photographies, affiches, documentaire, extraits de films, musiques... (A noter : la sublime installation musicale de Manon de Boer, basée sur l'oeuvre de Frederic Rzewski.) On en ressort bouleversé, révolté.









Emilie Lemoine

L'impressionnante rétrospective de Pieter Hugo
Les multiples « Her » de Diana Kunst
Les conséquences sanitaires de l'agriculture industrielle dévoilées par « The Human Cost of Agrotoxins »
«À quoi rêvent les forêts ?»
Découverte du Surréalisme en photographie
« Rencontres à Réattu » ou l'Humain photographique
Une introspection dans les lieux et les âmes par Estelle Lagarde
Deux univers en un à la Maison Européenne de la Photographie

© Actuphoto.com Actualité photographique

Samedi 31 mai 2025 - 21 connectés - Suivez-nous

  • Photographes
  • Photographers
  • Fotografos
  • Fotografi
  • Fotografen
  • Peintres
  • Artistes
  • Architectes
  • Acteurs
  • Chanteurs
  • Modeles


Top