Louis Faurer Sourds-muets, New York 1950? © Louis Faurer Estate
Fondation Henri Cartier-Bresson 2, impasse Lebouis 75014 Paris France
« J’ai photographié presque chaque jour, et la lumière hypnotique du crépuscule me conduisait dans Times Square. Mon mode de vie était de photographier le soir dans le quartier et de développer et tirer mes photos dans la chambre noire de Robert Frank. Il s’exclamait « Whatta town, Whatta town ! »*. Mais quelle ville ! Quelle ville ! Louis Faurer s'en est emparé comme personne avant lui. Son style, sa patte de photographe ultra-sensible, fin, piquant et engagé. Moins documentaire et plus new yorkaise que la photographie de Frank, celle de Faurer capte les humeurs, les errances, l'inquiétude, l'air des rues... Lui, le gars de Philadelphie, où il a débuté, semble avoir été happé par New York dès 1947. A l'époque, il dort sur le sol du studio de Robert Frank.
Et le terrain de jeu n'est pas circonscrit aux trottoirs de la ville, il s'étend à la pratique d'un art avec lequel Louis Faurer s'amuse. Il joue avec le cadre, les perspectives, les arrière-plans : des cintres à la fenêtre qui donne sur Union Square ou l’affiche de la Belle et la Bête derrière deux buveurs de bières. Distorsion, superposition, double exposition : Faurer expérimente. Le cinéma le fascinera tout autant d'ailleurs, dans les années 1960 surtout : pour preuve ce petit film retrouvé et montré dans l'exposition, une succession de gueules new yorkaises à savourer sans modération.
Quelques années avant http://fr.actuphoto.com/36344-au-commencement-etait-diane-arbus.html", Louis Faurer a donné un souffle inédit à la photographie de rue. Son travail personnel ne semble pourtant pas avoir reçu l'accueil mérité. Ce sont ses images de mode qui l'ont surtout nourri et fait connaître. Cruel coup du sort : au moment même où une reconnaissance de ses pairs pointait le bout de son nez, il est victime d'un accident de voiture en 1984 et doit arrêter définitivement la photographie. Une raison supplémentaire, s'il en fallait une, d'aller voir cette exposition, et de se perdre dans les lumières de sa ville.
Louis Faurer
Market Street, Philadelphie
1937
© Louis Faurer Estate
Louis Faurer
Staten Island Ferry, New York
1946
© Louis Faurer Estate, Courtesy Deborah Bell
Louis Faurer
Win, Place, and Show, métro aérien de la 3e Avenue à la 53e rue, New York
c.1946-1948
© Louis Faurer Estate
Louis Faurer
Chômeur observant le Rockefeller Center, New York
1947
© Louis Faurer Estate
Louis Faurer
Eddie, New York
1948
© Louis Faurer Estate
Louis Faurer
Union Square vue de la fenêtre de chez Ohrbach, New York,
c.1948-1950
© Louis Faurer Estate, Courtesy Howard Greenberg Gallery
Louis Faurer
Sans titre, New York
1949
© Louis Faurer Estate
Louis Faurer
New York
1949
© Louis Faurer Estate, Courtesy Howard Greenberg Gallery
Louis Faurer
Champion, New York
1950
© Louis Faurer Estate, Courtesy Howard Greenberg Gallery
Louis Faurer
Sourds-muets, New York
1950
© Louis Faurer Estate
Louis Faurer
Accident, New York
1952
© Louis Faurer Estate, Courtesy Deborah Bel
Louis Faurer
Viva, New York
1962
© Louis Faurer Estate, Courtesy Christophe Lunn
*Louis Faurer- 2 octobre 1979, texte publié à l’occasion de l’exposition Louis Faurer – Photographs from Philadelphia and New York 1937-1973 présentée du 10 mars au 23 avril 1981 à l’Art Gallery de l’université du Maryland.Texte extrait du catalogue Louis Faurer publié aux éditions Steidl