© Christine Osinski
Two Boys with Automobile © Christine Osinski
Ces photographies en noir et blanc prises durant l'été 1983 et 1984 sont le fruit de longues promenades. Summer Days Staten Island n'est pas en premier lieu un projet artistique ni une série sociologique mais une aventure. C'est le livre d'un déménagement et du désir de découvrir le quartier dans lequel on habite désormais. Les personnes photographiées par Christine Osinski sont des gens croisés par hasard durant ses errances. Elle les photographie une fois et le plus souvent ne les recroise plus jamais.
Young Man Pulling a Go kart © Christine Osinski
Souvent pris en fin d'après-midi, ces clichés si lumineux- le noir et blanc ressemble parfois à du sépia- nous offrent une vision touchante de la vie quotidienne à Staten Island. On est parfois ému par la spontanéité que dégagent certaines photos. Quelques images figent d'ailleurs des états d'âme ou des situations très humoristiques. Christine Osinski sait saisir l'instant.
Les photographies ne paraissent pas finement composées. Les individus qui prennent la pause sont souvent maladroits, reflet paradoxal d'un certain naturel. Ils sont parfois mal coupés au cadrage. Le réel est pris dans son état brut. La vie déborde du cadre.
Les personnes photographiées appartiennent à la classe moyenne. Elles sont dehors pendant leur temps libre et s'adonnent à leurs activités de tous les jours. On ne connaît pas leur prénom, leur profession, leur histoire personnelle, elles sont figées dans la normalité. On se sent proche de ces photographies car elles parlent de notre quotidien. Même si on ne porte plus des grandes chaussettes, des chemises à motif surdimensionnées ou des pattes d'eph' pour jardiner ou pour faire du vélo.
Woman cutting the Grass © Christine Osinski
La photographe américaine remet le banal au centre de ses photos et nous montre que le commun est paradoxalement extraordinaire. Si on veut percevoir le singulier dans la vie quotidienne et le merveilleux dans la banalité, il faut réapprendre à voir le monde et pour cela il faut savoir regarder son propre quartier.
L'aventure de Christine Osinski dans Staten Island débouche sur un livre magnifique, poétique et plein de vie. Toutes ces photographies produisent une fresque qui recrée l'atmosphère du quartier. Staten Island apparaît alors comme un paradis perdu, loin du bling bling new-yorkais.
Summer Days Staten Island de Christine Osinski
Édité chez Damiani
Publié en Février 2016
Prix : 35 euros