• Expositions
  • Photographes
  • Concours photo
  • Interviews
  • Chroniques
  • À propos
  • Nous contacter
  • Sitemap
  • Menu
  • Les lus
  • Publier


Promenade à Staten Island avec Christine Osinski

Mercredi 18 Mai 2016 14:53:04 par Annabelle Martella dans Livres Chroniques

© Christine Osinski
Christine Osinski est une aventurière. Pour partir en expédition, pas besoin d'aller au bout du monde. Il lui a suffi de découvrir son nouveau quartier. La photographie est alors  devenue le moyen de s'approprier le territoire, de domestiquer le quotidien. Son livre, Summer Days Staten Island, publié en février 2016 aux éditions Damiani, est l'aboutissement de cette aventure.



Two Boys with Automobile © Christine Osinski

 

L'histoire a commencé quand Christine Osinski, photographe américaine, et son mari ont décidé de déménager à Staten Island (New York) en 1982 après avoir vécu à Lower Manhattan durant plusieurs années. L'île de Staten Island est seulement reliée à l'île principale par un ferry. On ne s'étonne pas que la photographe appelle cet arrondissement « le quartier oublié » lorsque l'on feuillette ce magnifique ouvrage. Christine Osinki nous livre un regard sur la ville de New York que l'on ignorait totalement. Dans notre imaginaire, New York, c'est les gratte-ciels, Central Park, Broadway... ici, on voit des quartiers résidentiels, des grands pavillons, des jardins clôturés, des arbres, des enfants à vélo. Loin de l'urbanité extrême du centre, Christine Osinski nous montre un New York où on peut voir l'horizon.

Ces photographies en noir et blanc prises durant l'été 1983 et 1984 sont le fruit de longues promenades. Summer Days Staten Island n'est pas en premier lieu un projet artistique ni une série sociologique mais une aventure. C'est le livre d'un déménagement et du désir de découvrir le quartier dans lequel on habite désormais. Les personnes photographiées par Christine Osinski sont des gens croisés par hasard durant ses errances. Elle les photographie une fois et le plus souvent ne les recroise plus jamais.


Young Man Pulling a Go kart © Christine Osinski


Souvent pris en fin d'après-midi, ces clichés si lumineux- le noir et blanc ressemble parfois à du sépia- nous offrent une vision touchante de la vie quotidienne à Staten Island. On est parfois ému par la spontanéité que dégagent certaines photos. Quelques images figent d'ailleurs des états d'âme ou des situations très humoristiques. Christine Osinski sait saisir l'instant.

Les photographies ne paraissent pas finement composées. Les individus qui prennent la pause sont souvent maladroits, reflet paradoxal d'un certain naturel. Ils sont parfois mal coupés au cadrage. Le réel est pris dans son état brut. La vie déborde du cadre.

Les personnes photographiées appartiennent à la classe moyenne. Elles sont dehors pendant leur temps libre et s'adonnent à leurs activités de tous les jours. On ne connaît pas leur prénom, leur profession, leur histoire personnelle, elles sont figées dans la normalité. On se sent proche de ces photographies car elles parlent de notre quotidien. Même si on ne porte plus des grandes chaussettes, des chemises à motif surdimensionnées ou des pattes d'eph' pour jardiner ou pour faire du vélo.



Woman cutting the Grass © Christine Osinski
 

Des clichés de maison nous interrogent sur leur pertinence. Pourquoi avoir pris en photo un portail ou deux thuyas taillés en spirale (Spirales Bushes at No.98) ? Il semble que c'est pour nous réapprendre à voir notre quotidien. Notre quartier est si familier et connu qu'on ne le regarde même plus. Christine Osinski, dans ce livre, nous rappelle l'état de surprise dans lequel on se trouve quand on découvre un nouvel endroit. Nos yeux s'attachent aux moindres détails et certaines particularités du paysage deviennent des points de repère. Qui n'a pas retrouvé son chemin grâce à un arbre bizarre ou à un portail mal fermé ?

La photographe américaine remet le banal au centre de ses photos et nous montre que le commun est paradoxalement extraordinaire. Si on veut percevoir le singulier dans la vie quotidienne et le merveilleux dans la banalité, il faut réapprendre à voir le monde et pour cela il faut savoir regarder son propre quartier.

L'aventure de Christine Osinski dans Staten Island débouche sur un livre magnifique, poétique et plein de vie. Toutes ces photographies produisent une fresque qui recrée l'atmosphère du quartier. Staten Island apparaît alors comme un paradis perdu, loin du bling bling new-yorkais.




Summer Days Staten Island de Christine Osinski
Édité chez Damiani
Publié en Février 2016
Prix : 35 euros






Annabelle Martella

L'impressionnante rétrospective de Pieter Hugo
Les multiples « Her » de Diana Kunst
Les conséquences sanitaires de l'agriculture industrielle dévoilées par « The Human Cost of Agrotoxins »
«À quoi rêvent les forêts ?»
Découverte du Surréalisme en photographie
« Rencontres à Réattu » ou l'Humain photographique
Une introspection dans les lieux et les âmes par Estelle Lagarde
Deux univers en un à la Maison Européenne de la Photographie

© Actuphoto.com Actualité photographique

Vendredi 09 mai 2025 - 162 connectés - Suivez-nous

  • Photographes
  • Photographers
  • Fotografos
  • Fotografi
  • Fotografen
  • Peintres
  • Artistes
  • Architectes
  • Acteurs
  • Chanteurs
  • Modeles


Top