© Emilia Moisio
Chroniques du 26/3/2016 au 26/6/2016 Terminé
Le CENTQUATRE 104 5 rue Curial ou 104 rue d’Aubervilliers 75019 Paris France
Dur, dur, de ne pas se laisser submerger par la multitude d'œuvres et d'artistes ! D'autoportraits aux plages de sable blanc, de paysages ruraux aux architectures urbaines, cette nouvelle édition du Festival Circulation(s), accueillie en grande partie par le 104, est pleine de surprises. La diversité dépasse le caractère européen de l'évènement, car même les photographes de même nationalité se distinguent les uns des autres. Lors de notre visite, nos coups de cœur nous ont transporté aux quatre coins de l'Europe, quittant la France pour aller en Grèce en passant par l'Espagne, les Pays-Bas et la Finlande.Le CENTQUATRE 104 5 rue Curial ou 104 rue d’Aubervilliers 75019 Paris France
Les affaires de famille de Katerina Tsakiri
© Katerina Tsakiri
Pour commencer, c'est en Grèce que nous partons avec Katerina Tsakiri. Avec Family Affair, l'artiste athénienne de 25 ans nous offre une série d'autoportraits, réalisée en mémoire à l'enfance qu'elle a passé dans la maison de sa grand-mère. Dans ses images en format carré, l'artiste pose, centrée, yeux fermés, dans un décor toujours différent mais sobre. Elle y reproduit la multitude de rôles occupés par une femme grecque de la classe ouvrière des années 1950. Une façon de montrer également l'influence de sa grand-mère sur sa personnalité.
© Katerina Tsakiri
La vie nomade de Yoann Cimier
© Yoann Cimier
Au milieu de toutes les nationalités présentes, la France est aussi à l'honneur, avec par exemple les œuvres de Yoann Cimier. Et pourtant, le photographe angevin nous téléporte en Tunisie, et mieux encore, sur ses plages de sable blanc. Il partage avec nous sa fascination pour les constructions de campements éphémères, qui s'installent au sein de la société tunisienne. L'espace d'une journée, la population locale délaisse la vie urbaine et s'approprie l'espace balnéaire. Dans ses teintes claires et lumineuses, les images de Cimier montre cette présence improvisée.
© Yoann Cimier
Les quartiers sensibles de Larrondo Borja et Sanchez Diego
© Larrondo Borja et Sanchez Diego
Pour ceux qui arrivent au 104 par la rue Curial, le festival est introduit par Aquellos que esperan – Ceux qui attendent, l'installation peu commune et intrigante des Espagnols Larrondo Borja et Sanchez Diego. Si cette partie n'est malheureusement pas accessible aux personnes à mobilité réduite (sauf peut-être si on vous autorise à rentrer dans l'enceinte avec un drone), elle s'agence le long d'escaliers, entre obscurité et lumière du jour. Des panneaux de tôle modifient l'esthétique de l'entrée, servant de fond d'un côté et de support de l'autre. Dans ce diptyque spatial, les artistes mêlent photos et vidéos pour documenter une vie quotidienne qui a pris racine dans une architecture héritée d'après-guerre. Derrière l'inesthétisme urbain se cache la question de l'identité liée à l'immigration passée et la dénonciation de la violence.
© Larrondo Borja et Sanchez Diego
Les parades de Tom Janssen
© Tom Janssen
Et quand vous aurez fini de faire le tour du 104, sachez que le festival s'échappe des murs et s'égare dans la capitale. Les usagers du métro parisien sont invités à ouvrir leurs yeux, car des photos sont venues piquer la place de publicités ça et là. À la gare de l'Est par contre, pas de jeu de cache-cache. Le festival vous invite à voyager en image. Les grilles se sont parées, côté cours d'un résumé des œuvres du Festival, côté rue des photographies de la série Parade de Tom Janssen. Le Néerlandais nous fait visiter les fêtes de son pays. Sur les images, des chars aux tailles exhubérantes et aux couleurs vives envahissent les rues, créant une rupture avec la vie quotidienne. Ces cortèges festifs ont visiblement une importance sociale. Par ces clichés, l'artiste tend à rendre hommage à la patience qu'a nécessité la décoration des chars, seul signe de ce qui pourrait être une protestation silencieuse contre la conformité par leur surréalisme.
© Tom Janssen
En terres inconnues avec Emilia Moisio
© Emilia Moisio
Et s'il pleut, vous pourrez découvrir les clichés d'Emilia Moisio dans le hall d'Alsace. Encore une fois, nous voyageons avant même d'être dans le train. A contrario de Janssen, l'artiste finlandaise nous plonge avec Vieraalla maalla (In a foreign Place) dans ce qui fait les folklores ruraux, loin de la gare et de l'agitation des villes, partageant la vie des habitants, parfois dans la rudesse du climat. Malgré la glace et le froid du grand nord, la joie et la chaleur humaine vous donnent chaud au cœur.
© Emilia Moisio
Autrement dit, il y en a pour tous les goûts. Mais bien sûr, on vous laisse le soin d'aller en juger par vous-même.