© Anna Di Prospero
Anna di Prospero est une jeune photographe italienne connue, et récompensée, pour ses autoportraits et son univers bien particulier. Sa dernière série « Urban self-portrait » (« Autoportrait urbains ») est actuellement exposée à Paris. Ses photographies où elle intègre son corps au paysage urbain sont une invitation au voyage, géographique mais aussi sensoriel. L'architecture, le mouvement, la présence sont autant de thèmes que la jeune photographe reprend dans l'étude de ce rapport de force entre la pierre et la chair, l'inerte et le vivant. Lauréate de la résidence Le Percolateur, elle a poursuivi son travail à Marseille.
© Anna Di Prospero
© Anna Di Prospero
« L'architecture est le grand livre de l'humanité, l'expression principale de l'homme à ses divers états de développement, soit comme force, soit comme intelligence », écrivait Victor Hugo dans Notre Dame de Paris. Cette force et cette intelligence, Anna di Prospero a su parfaitement les capturer, elle qui a arpenté les routes en quête des plus beaux monuments d'architecture moderne. En se mettant elle-même en scène dans ses clichés, elle juxtapose son corps de femme aux géants de pierre et de verre.
Deux jambes sortant d'un mur rouge sang, le tout reposant sur des dalles blanches, en Belgique. Deux mains agrippant la paroi de fer dentelé du MUCEM à Marseille. La jeune femme en noir recroquevillée dans une position de danseuse au pied d'une église entièrement blanche à Rome. Allongée sur le bord d'un bassin dont le contour épouse parfaitement ses formes à Copenhague. Les photographies d'Anna di Prospero sont autant un hommage à l'architecture moderne et contemporaine qu'une réflexion sur la place des corps dans l'espace.
© Anna Di Prospero
© Anna Di Prospero
© Anna Di Prospero
Celui de la photographe se plie, se tend, se contorsionne au gré des monuments qu'elle immortalise. Toujours présente mais jamais égocentrique, elle s'intègre avec harmonie dans le paysage urbain. Face aux bâtiments, elle paraît hésiter entre le respect ou la soumission. Ses bras tendus semblent s'étendre vers un idéal. Ou est-ce un geste désespéré pour s'imposer face au béton ? A la bibliothèque François Mitterrand, son corps dénudé, happé par l'ombre, la transforme en sirène échouée. Tandis qu'à Madrid, c'est pleine de fougue qu'elle retire ses vêtements. Comme une révolte contre les couleurs vives du bâtiment qui lui fait face.
Comme elle joue sur les formes, l'artiste joue également avec les couleurs. Les photographies sont nimbées d'une douce lumière, tantôt jaune tantôt magenta. En contraste ou en harmonie, elle revêt et se dévêt des couleurs, comme une ligne d'horizon additionnelle. Rouge devant le pavillon Vanke, noire dans les rues de New York, blanche face à l'auditorium Oscar Niemeyer. Un jeu chromique tout en élégance.
© Anna Di Prospero
© Anna Di Prospero
Grâce à la résidence Le Percolateur à Marseille, la photographe italienne a pu y continuer sa série et publier un livre de son travail là-bas. De l'ombrière « miroir » de Foster, au MUCEM de Rudy Ricciotti, sans oublier la Villa Méditerranée de Stefano Boeri, le FRAC de Kengo Kuma ou encore la tour CMA-CGM de Zaha Hadid, elle offre un vibrant hommage, non seulement à la cité phocéenne, mais aussi au grand art qu'est l'architecture. Au tournant de la dernière page, sa robe rouge, fidèle compagne de ses pérégrinations en ville, flotte dans la mer. Ni bâtiments, ni corps ; et pourtant, il y a, dans les gonflements de cette robe, dans les reflets du soleil et les mouvements de l'eau, toujours son obsession de la structure, sa présence timide mais indispensable.
Anna di Prospero "Urban self-portrait" - Galerie Madé, 30 rue Mazarine, 75006 Paris - du 5 janvier au 12 mars 2016
Anna di Prospero
Collection : Marseille(s)
Editions : Le bec en l'air
16.5 x 22 cm / 48 pages
20 photographies couleur
bilingue francais-anglais
15 €
ISBN 987-2-36744-082-8