« Congo Couleur Nuit » © Osvalde Lewat
Congo Couleur Nuit est le premier livre photos de la photographe camerounaise Osvalde Lewat. Ce livre regroupe les séries de plusieurs clichés pris au Congo. De Kinshasa à Lubumbashi en passant par le lac Mwero, la jeune femme nous transporte à travers le pays. Un voyage uniquement de nuit, avec pour seule compagnie la lumière, toujours présente, sous toutes ses formes. Une ballade incandescente remplie de rencontres poétiques et anonymes.
A l'ouverture de Congo Couleur Nuit, Osvalde Lewat nous plonge immédiatement « au cœur des ténèbres », telle une Conrad des temps modernes. Très vite, les premières questions : qui sont ces enfants ? Que font-ils avec ces lampes à pétrole ? Mais une fois les premières interrogations passées, on se laisse transporter par la singularité de ce jeu de lumière. Puis, une autre scène s'offre à nos yeux. Toujours bercés par la luminosité artificielle qui émane des lampes, des bateaux de pêche se reflètent sur l'eau. Poésie maritime ornée d'une « obscure clarté », comme nous dirait Corneille.
« Congo Couleur Nuit » © Osvalde Lewat
La particularité d'Osvalde Lewat, c'est cette capacité d'adaptation qu'elle met en œuvre dès qu'elle change d'environnement. Une fois les chaloupes quittées, nous voilà dans les ruelles d'une ville aux allures fantomatiques. En jouant avec les textures et les couleurs des bâtiments, la photographe nous plonge dans un nouveau flot de lumière. Les murs deviennent de véritables œuvres d'art, vitraux infranchissables. Puis des néons. Une lumière vive dont nous n'avons pour l'instant pas l'habitude. La ville, est proche. La vie qui la peuple aussi. Nouvelle lumière, qui vient se mêler au brouillard de couleur qui agresse presque le regard. Le flou recherché nous force à reprendre nos questions laissées derrière nous : où vont-ils ? Que font ces personnes à cette heure où chacun devrait être au pays des songes ?
« Congo Couleur Nuit » © Osvalde Lewat
Réflexions interrompues, place aux photos que l'on pourrait qualifier d'intimistes. D'abord, des ombres, disposées selon un savant jeu de miroir. Suivent des enfants. Enfants perdus ? Enfants des rues ? Une fois encore, la photographe nous pousse à l'interrogation sans jamais nous donner de réponse. Lewat nous laisse le choix de la décision. Dans tous les cas, elle nous offre une immersion complète aux côtés de ces gamins.
Un texte d'Atiq Rahimi (prix Goncourt 2008) vient rythmer notre voyage effréné dans ce pays lointain qu'est le Congo. Simple pause littéraire avant de reprendre l'aventure.
Retour aux sources : le feu. Lumière primaire de nos ancêtres, il encercle un homme, dont le regard inquisiteur nous met mal à l'aise. Vient un couple, dont on ne distingue que les contours. Après tout, nous ne sommes pas des chats, notre vision nocturne se résume à peu près à cela : deviner ce que l'on regarde.
Retour à la ville, retour aux lumières vives. Les hommes apparaissent comme des ombres, comme des âmes. Ils ne semblent pas importants pour la photographe, seul compte leur rapport à la luminosité ambiante. Un homme fume une cigarette. C'est le foyer éclairé de celle-ci qui est captivant. De nouveau, un mur fait face. Se met alors en place une jolie partie de cache-cache entre l'homme et son ombre. Retour en enfance, Peter Pan est parmi nous.
« Congo Couleur Nuit » © Osvalde Lewat
Dernière partie importante de l'oeuvre : les portraits. Tantôt sérieux, tantôt souriants, chacun pose devant l'objectif de la photographe. Halo de lumière, réverbères, flashs, phares de voitures... Osvalde Lewat se sert de toutes les formes d'éclairages mises à sa disposition. Ces « mannequins » d'une soirée posent et s'amusent. Chacun est présenté dans son contexte de vie.
« Congo Couleur Nuit » © Osvalde Lewat
Retour à la réalité. C'est la fin de cette nuit de rêves remplie d'oxymores. Lewat nous laisse clore son livre sur cette lumière naturelle et pourtant absente de l'ouvrage jusqu'ici : le soleil.
Osvalde Lewat
Congo Couleur Nuit
Format : 22 x 28 cm
152 pages
Textes de Yannick Vigouroux, Atiq Rahimi et Lye Yoka Impression : Imprimerie Escourbiac
Conception graphique : Serge Miserez
Prix : 40 €
Un coffret contenant une photo et une édition limitée numerotée, signée à la main par l’artiste est également disponible (100 exemplaires)