« Paris Paradis » Du photographe Nicolas Guilbert Editions Flammarion
Keystone, agence de presse depuis 1891 et témoin des changements majeurs du XXème siècle, nous livre ses plus belles captures (dont certaines inédites). Véritable bible photographique d'une époque révolue, l'agence partage aujourd'hui ses archives avec le public. C'est le Paris de la première moitié du XXè siècle qui est mis à l'honneur dans Paris sera toujours Paris. L'ouvrage regroupe pas moins de 120 photographies -noir et blanc oblige- de l'emblématique ville.
Animée entre guerres et années folles, elle révèle ses monuments, places, parcs, marchés, ses lieux de rencontre en somme. Ainsi, en feuilletant l'ouvrage, un Plongeon dans la Seine au Trocadéro en août 1945 est suivi d'une Lecture devant le Louvre vers 1960. Le Nouvel uniforme des agents de police de 1931 se reflète dans la Vitrine des Galeries Lafayette à Noël 1962.
Illuminations de la tour Eiffel, 14 juillet 1958 © Keystone - Paris sera toujours Paris - Flammarion
Les poulbots de Montmartre, vers 1950 © Keystone - Paris sera toujours Paris - Flammarion
Chute de neige sur la place de la Concorde, 1970 © Keystone - Paris sera toujours Paris - Flammarion
Mais plus qu'un recueil cartographique ou historique, ce sont les passants qui sont les protagonistes principaux des photos. Le badaud parisien se promène, travaille, visite, flâne, danse, dort, vit. De nouveau, la combinaison détonne : en 1956, Juliette Gréco et Eddie Constantine dansent le rock and roll dans une rue animée alors que Joséphine Baker joue allongée sur la peau d'un tigre en 1931.
Les personnalités de l'époque se mêlent aux inconnus pour retracer un quotidien parisien joyeux et poétique. On ne s'étonne plus alors lorsque les portraits de Yves Saint Laurent, Jean Cocteau, Audrey Hepburn, Édith Piaf ou encore Salvador Dali côtoient ceux du Passant sous l'averse, rue Richelieu et de la Vendeuse de saucissons à la Foire aux Jambons.
Ces moments capturés sur le vif, sans pose ou presque, nous renvoient à une autre époque, mais à une même ville : un Paris drôle, enthousiaste, voire émouvant. L'ouvrage nomade -de par son format poche- nous offre une joyeuse nostalgie parisienne.
« Paris sera toujours Paris »
Par les photographes de l'agence Keystone (collectif),
Editions beaux Livres Flammarion, photographie poche.
7 octobre 2015,
9,90 euros – 160 pages – 120 photographies en N&B.
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« Ajoutez deux lettres à Paris : c'est le paradis » (Jules Renard, Journal, 1895).
Le ton est donné dès le début de l'ouvrage, en même temps, avec un tel titre, on sait à quoi s'attendre. Paris Paradis est un recueil de 300 photographies prises par Nicolas Guilbert.
Des pavés, des sièges, des monuments, des fesses, des animaux, des squelettes, des affiches, des restaurants, voilà ce qu'on a sous les yeux. C'est un Paris insolite, inattendu, et drôle (n'ayons pas peur des mots). En le feuilletant, on pense, on rêve, on esquisse un sourire, on rit parfois. En fait, cette sensation de contempler un ouvrage fait par un ami, un « pote » comme le dit Antoine de Caunes, est plutôt déstabilisante.
On partage les souvenirs d'une même ville avec un Nicolas Guilbert à l'oeil vif et aiguisé. Voilà un artiste dévoué à son art autant qu'à sa ville, il photographie Paris d'un œil amoureux, sans jamais se mettre en avant dans ses compositions. Cécile Guilbert, sa femme depuis 25 ans, le décrit dans la postface de l'ouvrage comme « un Parisien pur sucre longtemps rétif à quitter sa ville chérie ». Même cette dernière, témoin et complice du travail, connait bien le personnage, et se demande encore « comment a-t-il fait pour capter ça ? ». Le photographe mitraille certes, mais dans le seul et unique but de capturer un moment unique.
©Nicolas Guilbert - Paris Paradis - Flammarion
©Nicolas Guilbert - Paris Paradis - Flammarion
Cet observateur analytique se promène dans les rues de la capitale française depuis plus de 30 ans. Et « promener » est un un peu réducteur quand on voit l'éventail de visuels que nous propose l'artiste, de 1983 à aujourd'hui. Toujours sur son vélo, mais jamais sans son outil de travail. « Je ne l'ai jamais vu se déplacer sans son appareil photo », écrit Antoine de Caunes dans la préface du livre. Les passages du noir et blanc à la couleur, mais aussi de l'argentique au numérique, se sont fait spontanément. C'est en fait un ouvrage étonnement contemporain qui nous plonge dans un Paris toujours plus moderne. Ce projet, Nicolas Guilbert y pense depuis le début du XXIème siècle, autant dire que son bébé est bien conçu. Et la composition est bien l'élément principal : beaucoup plus qu'une suite d'images chronologique, il nous offre une réflexion discursive sur la mise en page de ses photographies.
©Nicolas Guilbert - Paris Paradis - Flammarion
Paris Paradis en fait un admirable assemblage de diptyques, sélectionnés avec soin à travers les époques. Les pages, face à face, se synchronisent et communiquent avec rythme et humour. Petit clin d' oeuil audacieux à un Paris qui a évolué à sa façon, sans trop changer quand même.
« Paris Paradis »
Du photographe Nicolas Guilbert,
Editions beaux Livres Flammarion, photographie.
Préface de Antoine de Caunes,
Postface de Cécile Guilbert,
14 octobre 2015,
39,90 euros – 331 pages – 300 photographies en N&B et couleurs.
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© Jean-Louis Chambry, Paris Panoramique, Editions Hugo Image
C'est une véritable plongée dans Paris -et le mot est faible- que nous propose le photographe Jean-Louis Chabry. L'ouvrage impressionnant Paris Panoramique fait figure de guide d'une ville qu'on ne connait peut être pas aussi bien que ce qu'on pense. On ne le feuillette pas à la légère, on le scrute. Observant le moindre petit détail de chaque photographie, on se prend au jeu, les yeux rivés, le dos courbé, les bras en l'air, tenant les larges pages du livre ouvert.
© Jean-Louis Chambry, Paris Panoramique, Editions Hugo Image
© Jean-Louis Chambry, Paris Panoramique, Editions Hugo Image
Huit chapitres décomposent ce Paris magnifique : on redécouvre les gares, les rues, les quartiers, les institutions ou encore les lieux de cultes de la capitale française. Les façades dévoilent leur beauté et notre compréhension architecturale s'éveille devant cette ville admirablement bien bâtie. C'est d'ailleurs une belle revanche de l'artiste : « Mes parents m'avaient soigneusement dégoûté d'un hypothétique métier d'architecte (…) cette envie enfouie est réapparue. Un signal ? ». Jean-Louis Chabry réalise son fantasme de vision sans perspective, et par la même occasion nous rend omniprésent, voyeur. Les images sont conduites par un discours admirateur de Patrick Poivre d'Arvor : « Paris, la capitale la plus filmée du monde (…) la ville la plus visitée de la planète ».
Les arpenteurs occasionnels de Paris poseront un regard à la fois historique et intrusif. Alors que les Parisiens connaisseurs joueront les indiscrets en se plongeant dans les moindres détails de leur ville.
« Paris Panoramique »
Du photographe Jean-Louis Chabry,
Editions Hugo Image.
Textes de Patrick Poivre d'Arvor,
12 novembre 2015,
29,95 euros – 192 pages – 28 x 33,3 cm.