Véronique Boissacq-Allen, Cold pools, Portrait
Une enfance troublée pour Veronique Boissacq-Allen, qui dévoile quelques confidences dans l'avant-propos. Marquée par la seconde guerre mondiale, elle ne sait pas vraiment d'où elle vient. De France ou de Grande-Bretagne. Peut-être.
Des photographies variées mais connectées entre elles
Equations, œuvre à part entière, est composée de poèmes, écrits par l'artiste elle-même ou par d'autres. Au fil des pages, s'égrènent des paysages, des bouquets de fleurs, des portraits d'enfants, en couleur et en noir et blanc, des formes, des concepts. La première lecture de l'ouvrage peut être assez déroutante : les clichés n'ont pas forcément de légende, et on peine à percevoir le lien qui les unit.
Véronique Boissacq-Allen, Bulles
Véronique Boissacq-Allen, Bulles
Véronique Boissacq-Allen, Bulles
Pourtant, à la deuxième lecture, des connexions s'établissent dans notre esprit et le livre de Veronique Boissacq-Allen apparaît plutôt comme une « art-thérapie ». Le lecteur intrigué retrouve la douceur de l'enfance, semblable au voile léger et transparent, mêlée à la dureté d'un clou ou d'une fleur fanée. Ce livre, parcouru attentivement, est semblable à une traversée des sentiments. Les portraits des enfants munis de pistolets pourraient être là pour rappeler que, derrière chaque enfant, se cache une sombre violence, due à l'incompréhension de certaines choses. Les fleurs séchées pourraient symboliser le temps qui passe et les échecs, à la manière des Vanités. Et les espaces verts symboliseraient des moments de réflexion, de méditation.
Véronique Boissacq-Allen, Cold pool
Véronique Boissacq-Allen, Cold pool
Des clichés poignants
Dans les portraits de Veronique Boissacq-Allen, les enfants ne sourient pas. Dans leurs yeux grands ouverts, le lecteur distingue un vide, ou une tristesse. Ces photographies sont très poignantes et se démarquent de l'habituelle candeur enfantine que l'on retrouve dans bon nombre d'oeuvres. L'artiste semble s'intéresser à un autre aspect de l'enfance, plus sombre, une face cachée que l'on ne voit pas et qu'il faut exorciser. La photographe illustre le concept du nothing et du something : « Nothing, c'est rien ! C'est l'espace intérieur, vide, désoeuvré. C'est l'enfermement, la tristesse, la rancoeur. » « Something, c'est un piège tendu, une parade à Nothing. C'est un mensonge jubilatoire. Quelque chose qui sert de leurre et d'arme. C'est une envie de pouvoir destructrice. On affiche « tout va bien » et les questions se taisent d'elles-mêmes. Something est plus dangereux que Nothing. »
Véronique Boissacq-Allen, Alices (Nikita)
Dans Equations, l'artiste a joué avec les contrastes. Des couleurs claires et pastel s'opposent aux airs graves des enfants. Des clous sont plantés dans les plumes et un portable noir s'invite aux côtés d' un costume de princesse. Ces éléments sont peut-être là pour marquer un sentiment d'insécurité chez l'enfant. Un sentiment qui était sûrement présent aussi dans l' enfance de Veronique Boissacq-Allen.
Véronique Boissacq-Allen, Caroline