« Nous aimons la même chose, nous partageons les mêmes rêves et adorons regarder des films coréens ensemble. Il y a 5 ans, nous avons perdu notre grande soeur, nous la pleurons chaque jour et elle nou
Åsa Sjøstrøm ©Åsa Sjøstrøm
C’est le pays le plus petit et le plus pauvre d’Europe. A la croisée des conflits qui agitent la Russie et l'Ukraine, la Transnistrie aussi. Désertée par sa population active en quête d'un travail et d'une vie meilleure, la Moldavie apparaît « http://www.festival-photoreporter.fr/fr/asa-sjostrom/"»
Pour cette série Silent Land, réalisée pour le http://www.festival-photoreporter.fr/fr/asa-sjostrom/", Åsa Sjøstrøm s'est rendue dans la région entourant le Dniestr où l'on aperçoit parfois des enfants qui dorment dans les champs pour protéger leurs récoltes. Un lieu de refuge, de vacances aussi.
L’été invite le jeu et la famille est réunie. Benjamin et Christina font des bulles et préfèrent être à l’intérieur pour échapper à la chaleur. Presque tout ce que mange la famille Gradinari vient de leur jardin ou de la ferme. Ils traient les vaches et élèvent des ragondins pour la viande. C’est un travail difficile pour des petites mains. Quand les pastèques mûrissent, les enfants se relaient pour aller dormir dans le champ pour surveiller la récolte.
Blowing bubbles © Åsa Sjøstrøm
Voilà déjà douze ans qu'Åsa Sjøstrøm est photographe professionnelle. Elle a toujours été intéressée par les images, les dessins, les photographies, la peinture... « J’ai beaucoup peint quand j’étais jeune », confie-t-elle. Comment en douter à la vision de ses clichés gorgés des couleurs de l'été moldave ? C'est une obsession chez elle, comme chez beaucoup de photographes, l'indispensable lumière qui rend tout possible.
Pourquoi la Moldavie ? Une question de moyens, ou plutôt d'absence de moyens. La jeune femme avait prévu, il y a dix ans de cela, d'aller au Pakistan. Trop cher, elle se rabattra sur le pays le plus pauvre d'Europe : « J’y ai beaucoup travaillé sur le trafic des femmes, sur les enfants et sur l’école de ballet de Moldavie ». Pour ce dernier projet, elle sera récompensée par le World Press Photo en 2006.
« Il y a quelque chose en Moldavie qui me fascine, c’est un si petit pays, si pauvre, et les gens sont si gentils », explique Åsa avec un éclat de bienveillance dans le regard. Celui-là même qui pénètre toutes ses photographies. Selon elle, 99% des jeunes veulent quitter la Moldavie. Le conflit ukrainien n'a pas arrangé les choses, et les extrémistes pro-russes gagnent du terrain : « Les gens là-bas sont très vulnérables et sont affectés par les tensions entre est et ouest. » C'est sans doute pour toutes ces raisons qu'elle cherche à saisir les rêves, les envies, les combats de cette jeunesse moldave.
« Son nom est Benjamin, il a 12 ans et il paraît très petit pour son âge. Je suis restée chez cette famille pendant 4 jours cet été. Je voulais faire une histoire sur cette famille parce que les enfants travaillent très dur. Le père travaillait en Russie, mais maintenant il ne peut plus à cause de la guerre. Ils sont très pauvres et ne sont même plus capables d’acheter leurs graines pour planter leurs pastèques. J’ai passé du temps avec eux, et ils m’ont emmenée dans leur champ de tournesols. Benjamin jouait avec ses sœurs, et à un moment il s’est juste arrêté et m’a regardée. J’ai pris cette photo. J’aime quand quelqu’un s’arrête d’un coup et pense à je ne sais quoi, je suis un peu comme cela moi-même. »
Sunflowerboy © Åsa Sjøstrøm
Åsa Sjøstrøm avait déjà photographié ces enfants qui vivaient sans leurs parents, partis travailler ailleurs. Cette fois-là, les parents étaient à la maison, parce qu’ils ne pouvaient pas trouver de travail en Russie. Encore plus pauvres donc, mais heureux car réunis. « Ils sont heureux et tristes en même temps, c’est comme cela qu’est le pays, explique la photographe, La Moldavie est l’un des plus beaux pays où je sois allée, et cette beauté et sa vulnérabilité se contredisent. »
Åsa Sjøstrøm d’origine suédoise, est née en 1976. Elle travaille comme photojournaliste indépendante et est également membre de Moment Agency. Son travail est axé sur le documentaire social, spécifiquement sur les femmes et les enfants. Elle aborde ces scènes vues et vécues, les sentiments, les personnes qu’elle rencontre et dépeint ; à ce titre, elle a reçu de nombreuses récompenses dont sa nomination au World Press Photo en 2007, le 1er prix Swedish Daily Life (Vie quotidienne suédoise) et le prix UNICEF de la photo de l’année, mention honorable, en 2012. Prix UNICEF de la photo de l’année, mention honorable pour “ Born in the borderlands” en 2014, 1er prix de la photo de l’année en Suède, catégorie Portrait et prix Catchlight professionnel Activist, pour The secret Camps (Les camps secrets) en 2015.