© Mads Nissen, Jon and Alex - World Press Photo of the year
Le World Press Photo s'est déroulé comme chaque année à Amsterdam aux Pays-Bas, avec un jury cosmopolite. La directrice éditoriale adjointe du New York Times, Michelle McNally, a présidé cette 58ème édition, aux côtés de photographes finlandais, italiens ou encore argentins.
Membre du jury quelques années auparavant, http://www.worldpressphoto.org/news/2014-10-20/michele-mcnally-2015-world-press-photo-contest-jury-chair" fait le parallèle entre l'édition de 2007 et celle de cette année : « Ces dernières années ont malheureusement vu une quantité inhabituelle de guerres, de destructions, de réfugiés, de drames migratoires, d'assassinats, d'attentats terroristes, de catastrophes naturelles, de soulèvements, de sécheresse, de famines, de maladies, et même une épidémie d'Ebola (…). L'autre chose qui a changé au cours de ces années est la façon dangereuse et perilleuse de couvrir ces conflits, pour les photojournalistes et les journalistes. Ces dernières années ont été difficiles pour les deux. Nous avons vu des collègues et amis tués, enlevés, mutilés, décapités et même publiquement. Le défi constant est de jauger la valeur de l'information par rapport au danger. La sécurité est la première préoccupation. »
Et pourtant, malgré le danger grandissant pour le photojournaliste de continuer à exercer son métier, une force incroyable se dégage de ces photos. En passant dans les allées, chaque nouvelle image nous fait ressentir l'intensité et la passion qui ont dû animer les photographes à chaque déclenchement.
Parmi les clichés affichés, de nombreux étaient déjà entrés dans l'inconscient collectif de par les Unes parues au long de l'année. Malgré la récurrence de ces images dans la presse, elles restent de vrais chocs visuels :
© Bulent Kilic (Jeune fille blessée lors d'affrontements près de la place Taksim à Instanbul)
© Massimo Sestini (Réfugiés dans une embarcation après leur sauvetage par une frégate italienne de Mare Nostrum, à 25km des côtes lybiennes)
© Jerôme Sessini (Suite au crash du vol MH17 de Malaysia Airlines dans l'est de l'Ukraine. Un corps d'un passager encore sanglé sur son siège, gisant dans un champ de blé)
Ou encore celle-ci qui nous révolte toujours autant.
© Tyler Hicks (Petit garçon décédé lors de l'opération "Bordure protectrice" menée par l'armée israélienne sur la bande Gaza lors de l'été 2014 - qui aura fait 2100 morts du côté palestinien)
Exploitation, minorités, drogue et pauvreté... tant de sujets déjà traités mais toujours d'actualité
Avec plus d'une centaine de photos exposées, nous en avons choisi une de chaque catégorie afin de vous dévoiler quelques clichés – pour l'objectivité journalistique, on repassera.
Dans la catégorie « Problématiques contemporaines », Ronghui Chen capture l'instant où Wei, 19 ans, enrobe de poudre rouge les flocons de neige en polystyrène dans un usine de Yiwu, en Chine orientale. Le jeune homme, qui ne connait pas Noël, travaille 12 heures par jour pour environ 300 euros le mois.
© Rongui Shen
Dans la catégorie « Vie quotidienne », Åsa Sjöström tire le portrait des deux frères Igor et Renat. Ces petits garçons, dont l'un d'eux fête son anniversaire avec une barre chocolatée, sont orphelins. Leur grand-mère les a recueillis après le départ de leur père et la mort de leur mère, partie chercher un emploi en Russie. La Moldavie est le pays le plus pauvre d'Europe, et ne que connait que trop d'histoires comme celles de ces enfants.
© Åsa Sjöström
Dans la catégorie « Information », Pete Muller s'est rendu en Sierra Leone pour témoigner l'horreur d'Ebola. Cette photo bouleversante montre un homme au dernier stade de la maladie : la folie. Entre la Sierra Leone, la Guinée et le Libéria, le virus aura fait 7880 morts en 2014.
© Pete Muller
Dans la catégorie « Projets à long terme », c'est sans hésitation que nous retenons le travail de longue haleine de l'Américaine Darcy Padilla. Entre 1993 et 2014, elle a construit son projet « Family love » autour de Julie Baird. Rencontrée en 1993, cette jeune séropositive de 18 ans a partagé les dernières années de sa vie avec la photographe. L'artiste a voulu mettre en lumière les dessous du rêve américain, non pas faits de Cadillac et de soleil, mais plutôt de seringues et de contusions. Les 30 clichés de ce reportage, tous plus poignants les uns que les autres, resteront un témoignage pour que les enfants de Julie n'oublient jamais leur mère.
© Darcy Padilla
Dans la catégorie « Nature », Yongzhi Chu montre le terrible sort réservé aux animaux en Chine. Quand ils ne sont pas dégustés lors de fêtes traditionnelles, ils sont utilisés dans les spectacles de cirque. Les autorités du Suzhou (Chine orientale), qui ont pris conscience de la situation, ont annoncé des projets de créations d'alternatives circassiennes sans animaux. A suivre...
© Yongzhi Chu
Dans la catégorie « Portrait », la photographe australienne Raphaela Rosella dénonce le rejet et l'abandon des minorités défavorisées, qui, en réaction, se tournent vers le communautarisme. La petite fille est une Kamilaroi de Moree, tribu aborigène vivant en Nouvelle-Galle du Sud en Australie. Ici, elle joue avec sa robe en attendant le bus pour se rendre à l'école.
© Raphaela Rosella
Dans la catégorie « Sport », le russe Serguei Ilnitsky capture des images magiques et surréalistes d'épreuves de ski aux Jeux Olympiques d'été de Londres en 2015. Il s'agit de la première série de clichés sportifs réalisée par le photographe, plutôt habitué aux sujets sociétaux (colonies de Sibérie, Chernobyl, etc.)
© Serguei Ilnitsky
L'exposition se prolonge jusqu'au 27 septembre 2015 à la http://www.worldpressphoto.org/news/2014-10-20/michele-mcnally-2015-world-press-photo-contest-jury-chair", une belle occasion d'aller contempler l'émouvante diversité du monde qui nous entoure.