© Pierre de Fenoÿl
© Pierre de Fenoÿl
Pierre de Fenoÿl a eu une vie aussi remplie que brève. Photographe de talent, touche à tout du milieu de l'art, à l'époque où la photographie se cherche, il s'en retourne vers les maîtres classiques, vers l'inspiration des débuts du huitième art.
Il n'a vécu que 42 ans, il n'est pas le plus connu des photographes, d'ailleurs cette exposition « Une géographie imaginaire » est la première vraie rétrospective qui lui est consacrée. Pourtant, Pierre de Fenoÿl a côtoyé les plus grands photographes, sa technique et son œuvre révèlent une grande maîtrise de cet art. Il aurait été dommage de le laisser de côté. Aussi le Jeu de Paume et sa famille se sont chargés d'organiser cette exposition en forme d'hommage.
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Le château de Tours trouve ses origines vers le XIème siècle, demeure noble puis royale, ce qui en reste aujourd'hui provient en fait de la reconstruction du bâtiment au XVIIIème siècle. Situé dans le plus ancien quartier de la ville, il est maintenant le lieu idéal pour des activités culturelles telles une exposition photo.
Sur deux niveaux, ces murs de pierre hébergent une œuvre très diversifiée. De Fenoÿl connut plusieurs périodes artistiques dans sa vie, deux ressortent particulièrement dans cette exposition. Ainsi au rez-de-chaussée, on découvre un photographe influencé par le travail de Henri Cartier-Bresson, avec la recherche de l’instant, du moment juste. Cela s’explique par le fait que lorsqu’il débuta chez Magnum, dans les années 60, de Fenoÿl fut chargé des négatifs de Cartier-Bresson. Il passa beaucoup de temps à archiver les anciens clichés du photographe et exerça donc son œil. À ceci près que Cartier-Bresson ne faisait pas poser ses modèles, voulait un moment unique, alors que chez Pierre de Fenoÿl, on ressent une volonté d’application, de prendre un peu plus de temps, d’éviter de se brusquer.
© Pierre de Fenoÿl
Les deux premières salles sont ainsi consacrées à cette époque, à ses voyages en Inde et aux USA. On déambule dans l'esprit d'un photographe cherchant son style, mais faisant déjà preuve d'une grande maîtrise. Mais à partir de la salle 3, le visiteur découvre le travail le plus abouti du photographe, tout un pan de sa vie consacré aux natures mortes.
Cela peut sembler austère, il n'en est rien. Tous les clichés sont aboutis et touchent le visiteur. Pierre de Fenoÿl a essayé de se rapprocher des techniques des premiers maîtres de la photographie. Ces paysages se retrouvent vidés de toute présence. On observe l'exemple le plus frappant avec les photos de Paris. Prises le matin très tôt, entre chien et loup, il arrive à montrer une capitale vide, sans voiture, sans personne. Seuls restent les monuments, les statues, qui apparaissent dans toute leur majesté, plus impressionnants que jamais.
© Pierre de Fenoÿl
Ce sont vraiment ces clichés qui restent en tête après l'exposition, notamment les images ramenées de son voyage en Égypte au début des années 1980. Il rend un vibrant hommage au pays des pharaons et aux vestiges qu'ils ont laissés. Des ruines magnifiées par des jeux d'ombres subtiles.
© Pierre de Fenoÿl
Enfin, dans les salles 5 à 8, on découvre un travail intitulé comme l'exposition « Une géographie imaginaire » où est affichée la passion qu'avait de Fenoÿl pour les paysages champêtres.
Il parcourait les campagnes à la recherche des plus beaux nuages ou des meilleurs mouvements des feuilles dans les arbres. Toute une admiration pour la nature retranscrite de la plus belle des manière.
Il a été terrassé par une crise cardiaque en 1987 à seulement 42 ans, et en observant tous ces clichés déjà si aboutis, on ne peut s'empêcher de regretter tout ce qu'il aurait encore pu nous offrir.
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