Dechen Phodrang, Thimphu, Bhoutan © James Mollison
Pour introduire son propos, James Mollison a eu la bonne idée de demander à Jon Ronson, journaliste et écrivain anglais, de nous raconter ses souvenirs d'enfance. Lui qui, étant plus jeune, faisait partie d'un groupe de rock-indé expérimental, ambiance synthé grinçant et sons improbables, a un profil plutôt « nerd. » Le genre de profil qui se faisait taper dessus à la récré. Bingo, c'est bien le cas. Les grands méchants de la récré ne l'on pas épargné : crachats dans l'assiette et jeté dans le lac glacé. Et oui, l'école peut être cruelle. Et celles de James Mollison ne sont pas toujours tendres.
Lycée Holtz, Tel Aviv, Israël © James Mollison
Le grand angle permet d'avoir une vision d'ensemble de la cour, tout en restant proche de l'action et des sujets. On s'amuse à scruter ces photos comme un album de Où est Charlie et à s'immiscer dans des souvenirs d'enfance qui ne nous appartiennent pas. Une scène de bagarre dans l'école de garçons de Betlhléem, bientôt stoppé par le surveillant qui s'approche. Photos selfie pour ces trois brindilles dans une cour de Moscou. L'époque change.
Les photos nous racontent aussi d'où elles viennent. En arrière plan de la cour : les montagnes du Bouthan, la forêt de Sandhurst au Royaume-Uni, le plateau aride et sec de Sierra Leone, ou bien encore le mur de Gaza. Les jeux sont différents eux aussi. Au Kenya, les enfant se lancent en l'air les uns les autres. En Norvège, ils jouent plutôt à faire des bonhommes de neige. Tandis qu'au Japon, on se fait des parties de ping-pong et qu'en Russie, c'est un char qui sert de balançoire.
École Hull Trinity House, Hull, Royaume- Uni © James Mollison
Mais derrière cette diversité des cultures se cache la même insouciance de l'enfance. Aux quatre coins du monde, ce sont les mêmes rires, le même brouhaha. Voilà ce que racontent les photos de James Mollison. Même dans cette école de non-voyants au Kenya, ça se chamaille et ça se pousse au milieu des balançoires et tourniquets comme ailleurs.
École élémentaire Shohei, Tokyo, Japon © James Mollison
Toutes les photos sont d'ailleurs prises de la même façon. L'uniformisation du processus, comme pour raconter cette même enfance, partout dans le monde. Tandis qu'avec son point de vue légèrement surplombant, James Mollison semble nous dire qu'il n'est peut-être pas tout à fait sorti de cette jeunesse qu'il photographie.
James Mollison, « Récréations »
Editions Textuel
45 euros
Parution : mai 2015