© Edouard Boubat / Galerie In Camera
Chroniques du 10/6/2015 au 21/6/2015 Terminé
in camera galerie 21, rue Las Cases 75007 Paris France
Festival Photomed France
1951. Edouard Boubat passe le détroit de Gibraltar et découvre la Méditerranée. Pendant plus de 10 ans, il vogue au gré des eaux d’un pays à l’autre et photographie l’Italie, le Maroc, la Grèce, la Tunisie, l’Espagne, le Portugal, le Liban. L’exposition « Rencontre avec la Méditerranée » raconte cette période. On y retrouve son regard humaniste : poétique, mais peut être un peu trop lisse.in camera galerie 21, rue Las Cases 75007 Paris France
Festival Photomed France
© Edouard Boubat / Galerie In Camera
© Edouard Boubat / Galerie In Camera
L'humaniste au bord de mer
La Guerre vient de se terminer. Le calme retrouvé, place à la vie, à l’amour, au temps qui passe, paisible, et à un certain idéal de fraternité. La photographie humaniste est en plein essor. Edouard Boubat est l’une des figures majeure de ce mouvement photographique. « De ce monde déchiqueté, Edouard Boubat nous révèle les surprenants instants de plénitude » disait son ami Robert Doisneau.
C'est le parti pris de cette exposition, dirigée par son fils Bernard Boubat et la In Camera galerie, qui nous montre la Méditerranée dans toute sa quiétude et sa douceur de vivre. Les amphores des Cisjordaniennes qu'elles tiennent sur la tête, les rideaux de perles en guise de porte, deviennent des motifs avec lesquels le photographe s'amuse. Les cordages des bateaux se transforment en des compositions géométriques. La lumière, si particulière en cette région, compose elle aussi ses clichés, les ombres s'étirent.
© Edouard Boubat / Galerie In Camera
© Edouard Boubat / Galerie In Camera
La culture méditerranéenne
Unis par la même mer, tous ces peuples partagent la même « culture méditerranéenne » semble-t-il nous dire. Une façon d'habiter les lieux, d'occuper l'espace. De rester lascivement sur le pas de la porte, à finir son canevas ou simplement à prendre l'air. En Italie comme en Grèce, ou bien à Marseille, les repas sous les arbres s'éternisent. La poésie du quotidien n'échappe pas à l'oeil de Boubat. Méditerranée, mer remplie d'histoires, d'Histoire, de croyances. Mère de tous ?
On peut s'amuser nous aussi, à retrouver visuellement ces ressemblances. Comme des échos, les motifs, les scènes et les postures se répondent. En Italie, les femmes de Gargano transportent leur linge sur la tête, de la même manière que les Egyptiennes sur la rive en face portent leurs poteries, ou que les Portugaises et leur panier en osier remplis de fleurs. Les pois de la robe de Sophie, compagne de Boubat et mère de Bernard, se retrouvent sur une robe à Grenade, et sur une autre en Algérie. Un jeu séduisant, autant que ces photos qu'on se plait à regarder avec un long soupir de nostalgie.
© Edouard Boubat / Galerie In Camera
De nostalgie, cette exposition en est remplie. Tellement, qu'elle réussi à toucher même ceux qui n’ont pas connu la Méditerranée de cette époque. Comme le dit lui-même son fils, interviewé à l’occasion de Photomed, « son travail est limpide, assez simple à comprendre, assez universel ». Effectivement, il met tout le monde d’accord sous la bannière « nostalgie ». Aucune aspérité, aucune irrégularité dans ces photos. Tout est lisse. A tel point, qu’une fois la nostalgie installée, il ne se passe plus grand chose. La beauté des photos est bel et bien là, mais après ?
On le sait, l’œil de Boubat est ainsi, il aime photographier les amoureux qui s’embrassent, sur les ponts, sur les bancs, sur les fontaines, les enfants qui se chamaillent ou se tiennent la main. Ce que l’on peut questionner davantage, c’est le fait qu'Edouard Boubat soit ici, dans la salle principale de Photomed, à l’heure où la Méditerranée, bien moins paisible qu’à son époque, est secouée par tant d'événements tragiques.
© Edouard Boubat / Galerie In Camera
En parallèle au festival Photomed, la In Camera Galerie présente l'exposition « Méditerranée » jusqu'au 31 juillet 2015.