• Expositions
  • Photographes
  • Concours photo
  • Interviews
  • Chroniques
  • À propos
  • Nous contacter
  • Sitemap
  • Menu
  • Les lus
  • Publier


Kolkata/Calcutta : l'aventure indienne de Patrick Faigenbaum

Mardi 09 Juin 2015 13:33:02 par Emilie Lemoine dans Expositions Livres Chroniques

Dans le Santiniketan Express, mai 2014 © Patrick Faigenbaum
Fondation Henri Cartier-Bresson 2, impasse Lebouis 75014 Paris France

Lars Muller Publishers Stadtturmstrasse 19 5400 Baden Suisse

Une exposition et un livre. La première ne va pas sans l'autre nous dit-on, et c'est vrai. Mais là où l'une n'en fait pas assez, l'autre en fait sans doute un peu trop. Si la petite trentaine de clichés de Kolkata/Calcutta, exposée à la fondation Henri Cartier-Bresson, peut laisser le visiteur sur sa faim, l'ouvrage éponyme, qui en propose 150, mènerait presque à l'indigestion face au trop-plein de commentaires et d'explications. Reste la photographie instinctive de Patrick Faigenbaum (lauréat du Prix HCB 2013) qui parvient, malgré les embûches, à s'en sortir vivante.


Le nom original de la ville de Calcutta est Kolkata : « Mais les Britanniques ont la manie d'échanger les noms » précise l'universitaire France Bhattacharya. Le pouvoir du colon n'a pas de limites, au point qu'encore de nos jours nous continuons à déformer les noms de ces cités conquises, asservies, pillées. Au point qu'il soit si difficile de se défaire d'un néocolonialisme ambiant. L'Inde de Faigenbaum évite pourtant cet écueil. On est plongé d'emblée dans le quotidien d'une ville en action et, loin du folklore ou des caricatures qui collent à la peau de certaines mégalopoles « du sud », ses photographies mettent en lumière (naturelle) les Bengalis d'aujourd'hui.


Kolkata Calcutta, Patrick Faigenbaum and Lars Müller Publishers, 2015



Tout a été une histoire de rencontres. France Bhattaharya a conseillé Patrick Faigenbaum et lui a présenté des gens, comme l'artiste Shreyasi Catterjee qui est à l'origine du projet. C'est d'ailleurs l'endroit où elle habite qui est devenu le point de repère que le photographe peinait parfois à retrouver : « J'ai beaucoup de mal à lire les cartes, je n'y comprends rien. » Mais il faut parfois savoir se perdre pour « entrer dans le corps de la ville » et saisir ces scènes d'intimité urbaines où la porosité entre intérieur et extérieur est permanente.

L'ouvrage oscille entre vision d'artiste et quasi-reportage, entre poésie et réalité des faits. Cet entre-deux s'avère plutôt réjouissant. Tout comme le mélange de la couleur et du noir et blanc. Patrick Faigenbaum travaille toujours en argentique, et porte sur lui un appareil noir et blanc et un appareil couleur : « Parfois j'oublie quelle pellicule j'ai dans mon appareil ». Au marché aux poissons, raconte-t-il, il n'avait plus de couleur sur lui et, déçu, a dû se résigner au noir et blanc. Le résultat fut une heureuse surprise !






Kolkata Calcutta, Patrick Faigenbaum and Lars Müller Publishers, 2015


 

« Je n'aime pas que mes images heurtent le spectateur », lâche le photographe. La sobriété devient, précise-t-il, la voix qui est toujours derrière lui : tout son travail s'en ressent. On passe de la poésie délicate d'une rue sous la mousson aux couleurs vives (mais pas trop) des pastèques, la palette de Faigenbaum est aussi riche que nuancée. Jusque dans ces Eclats, la section finale, qui reste la plus sensible, la plus spontanée du livre.



Une rue de Lake Town à la sortie de l’école, mars 2011 © Patrick Faigenbaum
 

On reste moins convaincus par d'autres sections plus traditionnelles comme Les cercles de la musique, La photogénie cinématographique ou les Danses et cérémonies et rituelles (Durga Puja). On sent l'artiste à l'étroit dans ces classifications qui pour le coup sont presque trop documentaires. C'est d'ailleurs le principal reproche que l'on pourrait adresser à Kolkata/Calcutta, souvent dense voir complexe dans ses parties écrites. Il y a d'une part l'entretien final de Jean-François Chevrier avec France Bhattaharya. Entretien ou « entre-soi » ? La question reste posée dans la mesure où l'on a parfois l'impression de rester au bord de la route, n'étant pas naturellement spécialiste de la culture bengalie. D'autre part, le fait que les légendes (avec des textes assez longs) des photographies soient à la fin oblige les allers-retours et rend la lecture un peu ingrate. Quel dommage que cette surcharge et cet étalage d'informations viennent presque parasiter l'instinct et l'aventure photographique de Faigenbaum ! Une bonne photo vaut parfois mieux qu'un bon mot...



Kolkata Calcutta
Patrick Faigenbaum
Edité par Jean-François Chevrier
Editions Lars Muller
45€



Émilie Lemoine


Emilie Lemoine

L'impressionnante rétrospective de Pieter Hugo
Les multiples « Her » de Diana Kunst
Les conséquences sanitaires de l'agriculture industrielle dévoilées par « The Human Cost of Agrotoxins »
«À quoi rêvent les forêts ?»
Découverte du Surréalisme en photographie
« Rencontres à Réattu » ou l'Humain photographique
Une introspection dans les lieux et les âmes par Estelle Lagarde
Deux univers en un à la Maison Européenne de la Photographie

© Actuphoto.com Actualité photographique

Vendredi 09 mai 2025 - 49 connectés - Suivez-nous

  • Photographes
  • Photographers
  • Fotografos
  • Fotografi
  • Fotografen
  • Peintres
  • Artistes
  • Architectes
  • Acteurs
  • Chanteurs
  • Modeles


Top