Dans le Santiniketan Express, mai 2014 © Patrick Faigenbaum
Fondation Henri Cartier-Bresson 2, impasse Lebouis 75014 Paris France
Lars Muller Publishers Stadtturmstrasse 19 5400 Baden Suisse
Une exposition et un livre. La première ne va pas sans l'autre nous dit-on, et c'est vrai. Mais là où l'une n'en fait pas assez, l'autre en fait sans doute un peu trop. Si la petite trentaine de clichés de Kolkata/Calcutta, exposée à la fondation Henri Cartier-Bresson, peut laisser le visiteur sur sa faim, l'ouvrage éponyme, qui en propose 150, mènerait presque à l'indigestion face au trop-plein de commentaires et d'explications. Reste la photographie instinctive de Patrick Faigenbaum (lauréat du Prix HCB 2013) qui parvient, malgré les embûches, à s'en sortir vivante. Lars Muller Publishers Stadtturmstrasse 19 5400 Baden Suisse
Le nom original de la ville de Calcutta est Kolkata : « Mais les Britanniques ont la manie d'échanger les noms » précise l'universitaire France Bhattacharya. Le pouvoir du colon n'a pas de limites, au point qu'encore de nos jours nous continuons à déformer les noms de ces cités conquises, asservies, pillées. Au point qu'il soit si difficile de se défaire d'un néocolonialisme ambiant. L'Inde de Faigenbaum évite pourtant cet écueil. On est plongé d'emblée dans le quotidien d'une ville en action et, loin du folklore ou des caricatures qui collent à la peau de certaines mégalopoles « du sud », ses photographies mettent en lumière (naturelle) les Bengalis d'aujourd'hui.
Kolkata Calcutta, Patrick Faigenbaum and Lars Müller Publishers, 2015
Tout a été une histoire de rencontres. France Bhattaharya a conseillé Patrick Faigenbaum et lui a présenté des gens, comme l'artiste Shreyasi Catterjee qui est à l'origine du projet. C'est d'ailleurs l'endroit où elle habite qui est devenu le point de repère que le photographe peinait parfois à retrouver : « J'ai beaucoup de mal à lire les cartes, je n'y comprends rien. » Mais il faut parfois savoir se perdre pour « entrer dans le corps de la ville » et saisir ces scènes d'intimité urbaines où la porosité entre intérieur et extérieur est permanente.
L'ouvrage oscille entre vision d'artiste et quasi-reportage, entre poésie et réalité des faits. Cet entre-deux s'avère plutôt réjouissant. Tout comme le mélange de la couleur et du noir et blanc. Patrick Faigenbaum travaille toujours en argentique, et porte sur lui un appareil noir et blanc et un appareil couleur : « Parfois j'oublie quelle pellicule j'ai dans mon appareil ». Au marché aux poissons, raconte-t-il, il n'avait plus de couleur sur lui et, déçu, a dû se résigner au noir et blanc. Le résultat fut une heureuse surprise !
Kolkata Calcutta, Patrick Faigenbaum and Lars Müller Publishers, 2015
Une rue de Lake Town à la sortie de l’école, mars 2011 © Patrick Faigenbaum
Kolkata Calcutta
Patrick Faigenbaum
Edité par Jean-François Chevrier
Editions Lars Muller
45€
Émilie Lemoine