Autoportrait à l'Icarelle, vers 1925 © Germaine Krull
Etude publicitaire pour Paul Poiret, 1926
© Germaine Krull
Née en 1897 en Allemagne, « le chien fou » (surnom qu'elle avait adopté), Germaine Krull a marqué de son empreinte la photographie, elle est liée à l'apparition du photo-reportage ou des livres-photo. Mais faute d'archives, peu de traces subsistent et c'est pour cela que seulement trois expositions lui ont été consacrées en 50 ans.
Sur plusieurs salles, l'occasion est donnée au visiteur de découvrir son œuvre, les thématiques qu'elle chérissait. Ici, le nu, qu'elle affectionnait tant, ou là ses clichés sur le métal, le fer. Photographies brutes, symbole d'une période fascinée par les machines et l'industrie. Clichés complexes, commandés, notamment par la revue VU, pour laquelle elle fit plus de 600 photographies.
Sa carrière doit beaucoup à ses reportages pour divers magazines, c'est d'ailleurs comme une journaliste, un reporter qu'elle se définissait lorsqu'elle travaillait pour des journaux.
Nu féminin, 1928
© Germaine Krull
La plupart des photos sont dans un petit format, « 6x9cm », prise sur le vif, car elle privilégiait l'instantanéité, la proximité avec son sujet, à une composition bien construite à une image bien léchée. Cela n'empêche pas son travail d'être propre et puissant. Les regards, les émotions captés se perçoivent
« Elle disait souvent le vrai photographe, c'est le reporter » rappelle Michel Frizot, le commissaire de l'exposition, l'historien de la photographie, , rappelle ces mots de Germaine Krull. Témoignage rare de celle qui n'a laissé aucune interview, juste trois textes autobiographiques, « écrits en français, mais contenant de nombreuses erreurs quant aux dates et aux personnages, poursuit-il, réaliser cette exposition a pris deux ans. Deux ans pour réunir des clichés appartenant aux rares fonds consacrés à Germaine Krull, 130 images venant de France, d'Allemagne, du centre Pompidou, comme de collections privées.»
Etude pour La Folle D'Itteville, 1931
© Germaine Krull
De façon générale, on ressent bien sa volonté de traiter ces sujets sociaux, de façon très directe, on comprend qu'elle n'hésite jamais à saisir son appareil pour capter tous ces moments de vie.
Rue Auber à Paris, vers 1928
© Germaine Krull
Photos de la vie de tous les jours, des grands de ce monde qu'elle a pu croiser, beaucoup de femmes, tout se mélange au cœur du Jeu de Paume, comme pour rappeler combien la vie de Germaine Krull fut riche et pas seulement en photographies.
Pont roulant, Rotterdam, série "Métal" vers 1926
© Germaine Krull
Car, oui, cette exposition, c'est surtout un moyen de découvrir la femme derrière les clichés, la photo-reporter, femme engagée, qui n'a pas hésité à rejoindre le général de Gaulle. Elle fut même de ceux qui débarquèrent en Provence en août 1944. Une vie haute en couleur (à la différence de ses clichés), ponctuée de voyages à l'autre bout du monde et de rencontres qui la bouleversèrent, notamment en Asie où elle découvrit le Bouddhisme et une autre vision de la vie.
On découvre même une série de photos réalisées au Brésil, en 1940, alors qu'elle attendait les ordres de de Gaulle, clichés uniques, dont très peu subsistent, et qui se retrouvent réunis pour la première fois dans une exposition.
Cérémonie religieuse tibétaine, offrande de l'écharpe blanche, vers 1960
© Germaine Krull
Cette femme moderne se passionne également pour les automobiles, en résulte un livre photographique, dont certains clichés sont présentés au Jeu de Paume. On retrouve également ses essais de cinéma avec un court-métrage retraçant le périple d'un jeune garçon féru de géographie.
Germaine Krull dans sa voiture à Monte-Carlo, 1937
© Germaine Krull
Plus l'exposition avance, plus la vie de Krull défile, plus il apparaît que cette femme ne pouvait pas être arrêtée, elle allait au bout de chaque chose qu'elle entreprenait. Une force qui a traversé un siècle tourmenté, spectatrice et actrice, l'exposition permet d'avoir un angle nouveau sur de nombreux événements.
Le Jeu de Paume nous offre ainsi une rencontre inédite et enrichissante avec une des plus grandes photographes du XXeme siècle.
André Malraux, 1930
© Germaine Krull
L'exposition Germaine Krull, « un destin de photographe » continue au Jeu de Paume jusqu'au 27 septembre 2015.