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Last Folio : un récit photo sur la mémoire juive

Vendredi 29 Mai 2015 16:22:20 par Clarisse Treilles dans Livres Chroniques

Last Folio, a photographic memory, de Yuri Dojc & Katya Krausova, aux éditions Prestel.
Last Folio retrace le voyage personnel d'un photographe à la recherche de son histoire. Yuri Dojc se sert de son appareil comme d'une machine à remonter le temps, pour revenir sur les traces de la communauté juive dans les années 1940, sur les terres de l'actuelle Slovaquie. Une obsession s'invite du début à la fin du recueil : faire des objets du passé des survivants personnifiés de l'Holocauste.

Le projet « The last Folio » commence en 1942. En pleine seconde guerre mondiale, près des trois-quarts de la population juive de l'actuelle Slovaquie étaient déportés dans les camps de concentration. Ces déplacements violents et soudains en l'espace de quelques mois ont laissé un grand vide dans les écoles et les habitations qu'ils occupaient alors. Le grand-père de Yuri Dojc faisait lui aussi partie de la rafle.


© Yuri Dojc & Katya Krausova


© Yuri Dojc & Katya Krausova

 

Bien des années plus tard, son petit-fils, photographe et cinéaste, est retourné en Slovaquie, la terre natale de ses ancêtres. Accompagné de son producteur Katya Krausova, tous deux découvrent par hasard dans l'est du pays les vestiges d'une école juive abandonnée. De cette découverte, le projet Last Folio se concrétise : dans ce livre, Yuri Dojc et Katya Krausova immortalisent des objets ayant jadis appartenu à la population juive décimée par le régime nazi.

Last Folio constitue donc avant tout un travail photographique sur la mémoire. Réalisé sur une dizaine d'année, le projet est exposé depuis 2009 dans les galeries internationales les plus prestigieuses, et quelques-uns des clichés font notamment partie de la collection permanente de la Library of Congress de Washington. Une visibilité auprès du public qui sert entièrement le propos du recueil : se souvenir, se souvenir, se souvenir.


© Yuri Dojc & Katya Krausova

 

Cheminement symbolique

Le livre suit un cheminement particulier et traverse trois lieux distincts : d'abord l'école juive, le regard se pose ensuite sur la synagogue puis le cimetière. Ces lieux dépeuplés laissent apparaître des paysages austères et tristes, symboles de la culture juive disparue. La vie aurait-elle disparue ? Pas complètement, puisque par moment, des chèvres s'incrustent devant l'objectif dans ces lieux abandonnés.


© Yuri Dojc & Katya Krausova

© Yuri Dojc & Katya Krausova

 

Un constat s'impose à nous à mesure que l'on tourne les pages : le temps s'est arrêté. Dans l'ancienne école, les écoliers ont disparu mais les tables et les livres demeurent, un peu plus usés et noircis depuis tant d'années. Les clichés de Dojc ont une qualité aussi bien historique qu'artistique : les reliques en disent finalement plus sur la manière dont ces gens ont vécu que péri.

Des objets rendus presque vivants

Les fragments de livres ont été photographiés avec le plus grand soin, à la manière de portraits. Avant d'arriver aux clichés des livres, le photographe (également cinéaste) suit une construction narrative très cinématographique qui invite le regard à s'attarder sur ses livres, qui sont les objets véritablement au cœur du projet The Last Folio.


© Yuri Dojc & Katya Krausova

 

Le recueil suit une séquence de cinéma, avec des plans découpés caractéristiques : large, moyen puis serré. La série commence sur une salle de classe, puis une étagère de livres et enfin une série de clichés en gros plans sur la reliure des livres. Par ce biais de mise en scène, les livres photographiés de très près sont traités par Yuri Dojc comme des survivants personnifiés de la Shoah.

Et pour amplifier cette personnification des livres, le photographe prend soin de les mettre en valeur dans leur environnement. Yuri Dojc souligne leur matière rugueuse, les pages brûlées, courbées et le papier déchiré. Une sensation visuelle qui rappelle le bois des arbres, les feuilles des livres sont pareilles aux couches d'écorce.

Ces livres ont survécu. C'est d'ailleurs le message qu'Azar Nafisi transmet dans l'épilogue intitulé « All that remains ». En citant Virgile, il explique : « Objects have tears in them » (les objets ont des larmes à l'intérieur d'eux). Ces larmes sont celles des victimes des déportations et de leurs proches. Mais toutes ces émotions qui émanent des photographies servent aussi à exorciser le deuil, pour aller de l'avant. Kafka disait d'ailleurs justement : « On photographie les objets pour les chasser de son esprit. »



Last Folio, a photographic memory, de Yuri Dojc & Katya Krausova, aux éditions Prestel.


Clarisse Treilles

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