The Big Picture, édition Steidl Verlag, 7L, 2014. 424 pages. 25,5 x 32,5 cm.
L'album commence par l'autoportrait du photographe, datant de 1978, à New York. Appareil photo en main, Arthur Elgort se met en scène. En signe d'auto-dérision. Les deux préfaces de l'album témoignent de l'admiration de ses pairs – respectivement Grace Coddington et Martin Harrison. Arthur Elgort est montré d'emblée comme un globe-trotter, qui a révolutionné le monde de la Mode, en insufflant de la joie de vivre dans son style.
Kate Moss 1993, Népal © Arthur Elgort
Né en 1940, l'artiste américain a débuté dans la photo en 1960, alors encore étudiant en art au Hunter College. Puis il a fait ses armes dans les années 70 à Vogue. Photographe de mode, il prend Martin Munkacsi pour modèle. Ce dernier avait initié dans les années 30 une manière de capturer le mouvement dans la photographie de mode. Une tendance qui plaît à Arthur Elgort : il tentera tout au long de sa carrière de ne pas céder aux photos figées et aux mannequins habitués à poser en studio. Sa spécialité, c'est de prendre des photographies spontanées des mannequins entre les séances de prises de vue pour les magazines avec lesquels il collabore.
Des modèles espiègles
Les traits d'humour irradient le livre. Le sourire d'Inès de la Fressange, perchée sur les toits parisiens, répond au grain de folie qui s'empare du cliché de Linda Evangelista, datant de 1991, dans lequel on la voit qui fait mine de frapper du pied un garde écossais dans un jardin. Drôle et presque surréaliste. Les modèles féminins se succèdent au fil des pages. Les corps des femmes se dénudent parfois, mais sans jamais être vulgaires.
Jeny Howorth 1988, Paris © Arthur Elgort
Christy Turlington 1990, New Orleans © Arthur Elgort
Arthur Elgort n'a pas uniquement travaillé dans le milieu de la mode. L'album capture aussi des ambiances. Il s'intéresse aux intérieurs de cafés parisiens, aux danseuses de ballet ou encore aux musiciens de jazz en plein concert. Le photographe est en effet un passionné de musique des années 30 et 40 : « J'ai découvert le jazz à neuf ans. Je rêvais de devenir un grand saxophoniste et Sidney Bechet était mon musicien préféré. » Les rythmes syncopés de la musique font écho à ses propres improvisations photographiques.
Les photographies pleine page, principalement en noir et blanc, sont régulièrement entrecoupées de textes en couleur écrits par Arhur Elgort lui-même. Des espaces d'expression où il rend compte de son travail, de ses rencontres et des époques qu'il a traversées. La France fait partie des pays qu'il connaît bien. De nombreux clichés de l'artistes ont d'ailleurs été pris à Paris, au cours de ses visites.
Karlie Kloss 2012, Atlantic Beach, New York © Arhur Elgort
Ce qui frappe le plus dans ce livre, c'est l'amour du photographe pour ses sujets. Arthur Elgort se souvient de chacun d'entre eux. Le photographe a même souvent pris en photo ses propres enfants. Une preuve du lien indissociable qui unie son oeuvre à sa vie intime.