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Kin : Pieter Hugo sonde l'âme de l'Afrique du sud

Mercredi 14 Janvier 2015 13:27:06 par actuphoto dans Expositions Chroniques

© Pieter Hugo - Green Point Common, Le Cap, 2013
Fondation Henri Cartier-Bresson 2, impasse Lebouis 75014 Paris France

Kin signifie « famille », « intime ». C'est une relation viscérale, organique, entretenue avec ses proches et sa terre natale. C'est aussi une exposition pleine de force réalisée par le photographe sud-africain http://www.pieterhugo.com/". Elle orne les murs de la fondation Cartier-Bresson jusqu'au 26 avril.
Il en impose. Sa carrure de rugbyman, son sourire charmeur, son rire sonore séduisent immédiatement. Il y a en lui une grande force de caractère. Non seulement par les sujets qu'il décide d'aborder mais aussi quand il balaye certaines questions des journalistes par un cordial « wait and see » (attendez et vous verrez). C'est quelqu'un d'entier, régi par la spontanéité et ses envies ; il concède ne pas pouvoir expliquer avec précision sa démarche de photographe. Tiraillé par l'histoire de son pays, Pieter Hugo nous offre une version non édulcorée d'une Afrique du sud bercée par la violence sociale, raciale et politique.


© Émilie Lemoine - Pieter Hugo à la conférence de presse de la fondation Henri Cartier-Bresson


« Avant je menais une vie itinérante d'artiste, j'ai eu envie de me poser et de m'intéresser à ma relation avec ma famille, mon pays et son histoire pleine de schizophrénie » précise Pieter Hugo.
Cette série de photo a commencé en 2007 quand sa femme attendait leur premier enfant. Il y a beaucoup d'insécurité et de violence en Afrique du sud et l'arrivée d'une progéniture a permis au photographe d'aborder dans cette série toute l'anxiété qu'il éprouve sur la vie et l'histoire de son pays.

L'exposition est constituée de sujet variés : un subtil mélange de portraits, de paysages, de natures mortes, de nus tout en renouvelant ces genres assez classiques. Les photos intimes sont sans artifices, elles ne sont pas retranscrites dans une atmosphère de noir et blanc ou de flou artistique comme à l'accoutumé. En fait, toutes ses photographies sont réalistes, concrètes, précises. Les couleurs, remarquables, attirent irrémédiablement le regard. Les natures mortes côtoient les portraits chocs et semblent plus vivantes que certains modèles. Pour Pieter Hugo : « Une nature morte est comme un portrait car les objets que possède une personne sont une sorte de résumé de son existence et sont donc porteurs de sens. »


© Pieter Hugo - La maison des Besters, Vermaaklikheid, 2013


La peinture influence les portraits de Pieter Hugo. Il a grandi entouré d'artistes visuels, sa propre mère est peintre. La simplicité de la lumière, le cadre souvent centré, le fond uni permettent de faire ressortir ces visages ravagés par la vie. La réalisation des portraits, toujours en situation et jamais en studio, souligne l'impulsivité de l'artiste. Le photographe s'implique beaucoup dans cette série. « Je considère que tout portrait est en quelque sorte un autoportrait car c'est moi qui décide du sujet, qui choisis le cadre, qui dirige... »


© Pieter Hugo - Daniela Beukman, Milnerton, 2013


© Pieter Hugo - Daniel Richards, Milnerton, 2013



Un photographe nommé désir


Il photographie en fonction de son désir de regarder l'autre. C'est cette énergie qu'il veut transmettre au spectateur afin que ce dernier ait envie de regarder les photos. Pour ne rien vous cacher, cette démarche spontané fonctionne très bien et les images sont scotchantes. Les portraits puissants nous prennent à témoin. Un seul ne nous regarde pas droit dans les yeux : celui de la nourrice de Pieter Hugo. Une grande partie de sa famille est présente dans l'exposition. Ses parents, sa femme et ses enfants, ses grands parents... Pieter Hugo n'explique pas cet engagement personnel : « C'est l'envie de regarder quelque chose ou de s'impliquer dans un projet qui détermine mon travail. Je ne peux pas être analytique à ce sujet, c'est très spontané, presque nécessaire. Quand j'ai estimé que mes photos tournaient en rond j'ai mis un terme à cette série. »


© Pieter Hugo - Ann Sallies, ma nourrice, Douglas, 2013

Kin est une exploration intime de l'Afrique du sud. Une introspection réaliste qui « tente d'évaluer le fossé qui sépare les idéaux d'une société et sa réalité » dixit Hugo. Un parti-pris social est forcément présent. Pieter Hugo s'intéresse à ceux qui possède et ceux qui n'ont rien. Les deux seules photos aériennes de l'exposition représentent des quartiers résidentiels : l'un huppé, l'autre insalubre.


© Pieter Hugo - En périphérie de Pretoria, 2013


© Pieter Hugo - Hilbrow, 2013

Les relations sont très compliquées en Afrique du sud où la lutte des classes est indissociable de la lutte interraciale. Ce sont ces questions que veut aborder le photographe par cette série. Comment être Blanc et africain ? Comment endosser la responsabilité de l'histoire passée et dans quelle mesure doit-on le faire ? Comment élever des enfants dans une société si conflictuelle ? Pieter Hugo n'a pas les réponses mais il essaye avec Kin de trouver sa place dans un pays à l'histoire antagonique et à l'avenir incertain où le poids du passé pèse sur la vie collective et individuelle. « Toutes ces problèmes inhérents à l'Afrique du sud rejaillissent sur mon travail qui n'est par ailleurs pas très bien perçu au pays. La question du droit de représenter intéresse plus les gens et les critiques d'art que les considérations artistiques. Dès que l'histoire nationale est abordée elle perturbe les gens. Au final la position de celui qui dit et la position de celui qui regarde est plus importante que l'émotion artistique » conclut-il.



© Pieter Hugo - Loyiso Mayga, Wandise Ngcama, Lunga White, Luyanda Mzanti et Khungsile Mdolo après leur rite d'initiation, Mthatha, 2008


© Pieter Hugo - Thoba Calvin et Tshepo Cameron Sithole-Modisane, Pretoria, 2013


Kin est une vision sans artifices de l'Afrique du sud. L'exposition provoque un sentiment partagé entre fascination pour la beauté des images et peur de ce qu'elles représentent. Le sens des images et la démarche du photographe supplantent une technique remarquable. Une telle implication personnelle est rare mais elle est sûrement nécessaire pour rendre la vie sud-africaine moins amère.


Guillaume Reuge

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© Actuphoto.com Actualité photographique

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