© Paolo Verzone
© Paolo Verzone, Académie de Pozzuoli
Cette devise du Collège royal naval aux Pays-bas résume à elle seule ce qui se dégage des clichés de Paolo Verzone. Des hommes et des femmes fiers de leur patrie et de leur uniforme. Ils s'engagent pour leur pays, une cause plus grande que la leur. L'individualisme n'a pas sa place. L'entraide et l'union dominent. On voit bien dans les différents portraits, qu'ils soient de groupe ou non, des jeunes cadets habités par leur fonction. Ils appartiennent à une équipe et leur expression manifeste cela.
Cependant, il faut savoir que chaque individu a choisi lui-même le lieu du portrait et la pose qu'il souhaitait prendre. En effet, les clichés auraient probablement été très différents sans ce libre arbitre. Sans cette liberté, ces images n'auraient pu être qu'une sorte de propagande. Mais les jeunes cadets sont à l'aise. Certains sourient, d'autres sont sérieux, quand quelques-uns semblent réprimer un rire et les derniers, très fiers, fixent l'appareil photo sans sourciller. Pour autant, les clichés les plus impressionnants peuvent aussi, et sont même souvent, pris de dos ou de côté. Cela confère une certaine solennité à la pose et à la fonction. Plus que de jeunes gens en apprentissage, ceux-ci s'engagent pour leur pays respectif.
© Paolo Verzone, Ecole Royale Militaire de Belgique
Le degré de patriotisme ou d'anti-militarisme de chacun jouera forcément dans l'appréciation de Cadets. Après tout, la guerre fait peur. Il n'amène absolument rien de bon mais entraîne la peur, la mort et la misère. Mais ici, il n'est pas question de lancer un quelconque débat. Le photographe ne cherche pas non plus à enrôler qui que ce soit. D'ailleurs, l'idée de Cadets n'était pas totalement sienne puisque c'est un journal italien qui lui demanda de se rendre à Saint-Cyr pour un reportage. Par la suite, Paolo Verzone a fini par s'intéresser aux cadets de toute l'Europe. Ses images constatent que ces hommes seront amenés, peut-être, et espérons jamais, à nous défendre. Et la gravité de certains confortent cette atroce réalité. Heureusement, la plupart de ces portraits sont légers. Encore une fois, il est étonnant de voir certains cadets sourire alors qu'on imagine la fonction militaire comme trop sérieuse.
L'Europe, cette belle Europe
Certaines des photographies de Paolo Verzone font aussi rêver. On pense, notamment, à celles de l'Académie Navale Hellénique à Athènes, et de l'Académie navale de Mürwik en Allemagne prises près de la mer. Elles ont une force différente des autres clichés. Comme si l'on voyait déjà se dessiner les futurs grandes épopées maritimes. On imagine la mer se déchaîner, impressionnante de force. L'eau, tout un symbole. Ou peut-être que, tout simplement, ces portraits-là apportent un peu de soleil dans la grisaille des autres clichés pris en intérieur.
© Paolo Verzone, Académie Navale Hellénique
Une grande famille
L'Europe est multiple. Mais il existe de nombreuses similarités entre tous les cadets. Ce mot « cadet » est justement utilisé dans la majorité des pays européens. Seules les sonorités diffèrent. Par ailleurs, il existe entre les académies des programmes d'échange et les uniformes se ressemblent d'un pays à l'autre.
D'ailleurs, cette uniformisation des portraits peut lasser. Seuls les clichés pris en extérieur ont l'avantage d'apporter un peu d'originalité. Enfin, on regrette que les textes explicatifs sur chacune des académies soient peu fluides.
© Paolo Verzone, Académie Militaire de Wiener Neustadt
Malgré tout, les photographies de Paolo Verzone prouvent ô combien nous avons des préjugés sur ces officiers. On s'attend à voir des hommes et des femmes poser de façon rigide et inspirer une certaine crainte. Il n'en est rien. Enfin le sentiment d'appartenance à une nation est ressenti par tous ces cadets. La préface pose alors la question d'une académie européenne unique. À notre tour de poser cette question.
Caroline Vincent
* Traduit de http://www.phom.it/en/paolo-verzone-2/" "Paolo Verzone" du 1 novembre 2013 publié dans le blog photographique en ligne Phom