© REZA
Chroniques du 25/11/2014 au 7/12/2014 Terminé
Petit Palais Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris avenue Winston-Churchill 75008 Paris France
À l'occasion de la sortie de ses deux ouvrages : « L'Elégance du feu » et « Le Massacre des Innocents », REZA s'installe dans la cours du petit Palais pour exposer ses photographies. Il s'agit d'une courte exposition, un événement qui ne dure que jusqu'au 7 décembre. Parisiens ou simplement de passage, vous ne pouvez pas vous permettre de passer à coté !Petit Palais Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris avenue Winston-Churchill 75008 Paris France
Une scénographie originale et personnelle.
REZA est architecte de formation, c'est donc au cœur de la création de Charles Girault qu'il a choisi de s'établir pour cette exposition : dans le péristyle et le jardin, investis pour la première fois par un artiste. Toute la scénographie est l'oeuvre du photographe jusque dans les moindres détails. Les photographies d’Azerbaïdjan n'auraient pas trouvé plus beau décor qu'entourées des plantes exotiques du jardin et du marbre du péristyle, accrochées grâce à un système de suspension lui aussi imaginé par l'artiste. Des portraits imprimés sur de fines voilures en soie ferment l'espace entre les colonnes, elles se gonflent au gré du vent et s'amusent aux jeux de transparence et de lumière. De manière parfaitement originale, une ambiance magique et intime se crée, pour une promenade dans la poétique de REZA. Humaniste, photojournaliste, explorateur et témoin de l'Histoire du monde, il décide de revenir sur l'histoire trouble d'un pays méconnu et de nous livrer un reportage qu'il a commencé il y a trente ans en Azerbaïdjan.
REZA © ACTUPHOTO
REZA © ACTUPHOTO
L’exposition raconte le pays, surprenant par la beauté de ses paysages et de ses habitants. Le premier voyage de REZA date de 1987 et depuis presque trente ans, il témoigne de l'histoire de l'Azerbaïdjan, ancienne République soviétique, marquée par la domination de URSS et les conflits qui ont suivi sa chute.
REZA © ACTUPHOTO
REZA © ACTUPHOTO
L'élégance du feu...
L'exposition se construit notamment autour des quatre éléments de la nature et révèle des écrits de l'artiste extraits de ses ouvrages. Le feu, entre autre, devient symbole de l’élégance. Il vient de la richesse des sols de la région chargés en gaz et en pétrole. Quand ils s’échappent et prennent feu, c'est la terre qui s'enflamme, un signe divin pour la religion zoroastrienne* qui dominait la région avant l'expansion de l'Islam au VII ème siècle. REZA nous raconte aussi l'incroyable tolérance de l'Azerbaïdjan avec l'anecdote d'une église orthodoxe, détruite et laissée à l'abandon pendant la période soviétique. Elle fut rénovée par un bienfaiteur musulman né dans la région qui avait fait fortune. REZA montre donc l’Azerbaïdjan comme un pays qui accueille toutes les religions, un endroit où les différentes églises côtoient les mosquées et les synagogues en toute harmonie. Le photographe partage ce qu'il a appris de ce pays, sa culture, ses mythes, les histoires de ses peintures rupestres, les palais de ses rois, ses chevaux légendaires...
© REZA
© REZA
REZA propose de découvrir l'élégance de ce pays méconnu qu'est l'Azerbaïdjan, et la visite pourrait s'arrêter là, sur une douce note : le savoir rassurant qu'il existe un pays merveilleux en ce monde, un havre de paix... Mais la peine et la douleur viennent ensuite car la beauté n'échappe pas à la dureté de l'histoire.
Le pays qui n'était pas prêt pour la guerre
Le photographe ne nous épargne pas cette autre facette de l'Azerbaïdjan avec « Le Massacre des Innocents » et les clichés qui en sont extraits. L'administration soviétique paupérise le pays, volant ses richesses et laissant son patrimoine à l'abandon jusqu’en 1991. Puis, à la chute de l'URSS, des conflits viennent déchirer le pays autour de la région du Karabagh, proche de l'Arménie. REZA raconte alors le massacre de Khodjaly, perpétré en 1992 par les soldats arméniens. Il témoigne, lui qui était sur place quelques jours après le drame. On retrouve alors les visages des victimes, le portrait d'une mère qui découvre le corps de son fils, les cérémonies de deuil et le travail de la mémoire...
Il s'agit de l'histoire d'un pays qui n'était pas prêt pour la guerre. C'est un conte terrible, mais pourtant véritable et ignoré. REZA lève le voile sur un oubli de l'Histoire. Il reprend et réunit son travail qui était paru à l'époque chez l'agence Gamma, auquel il ajoute des images plus récentes issues de ses derniers voyages en Azerbaïdjan pour montrer ce pays plein de beauté et de mystère, malmené par les conflits modernes.
REZA © ACTUPHOTO
Au printemps, les fleurs sauvages renaissent
Heureusement, le sens de la promenade fait que la visite se termine au point de départ, dans les champs de fleurs sauvages du district de Lerik, à la frontière iranienne. Les couleurs enivrantes apaisent, elles ont l'odeur de l'espoir et le goût de la renaissance. REZA rappelle que depuis quinze ans, le pays se remet de ses drames et se développe à grande vitesse. Un cycle qui se termine et un autre qui recommence...
© REZA
REZA est un poète qui plonge le visiteur dans un conte moderne, une histoire merveilleuse qui se transforme en drame puis se conclut sur la douceur de l'apaisement et du renouveau. L'exposition a lieu depuis le 25 novembre et jusqu'au 7 janvier, dans le jardin et le péristyle du petit Palais. Elle accompagne la sortie des deux ouvrages de l'artiste, deux pendants d'une même histoire commencée il y a trente ans : « Azerbaïdjan : l'Elégance du feu » et « Le Massacre des Innocents ».
REZA © ACTUPHOTO
Exposition Azerbaïdjan : l'élégance du feu,
au petit Palais, du 25 novembre au 7 décembre.
Photographies de REZA, textes et poèmes de Rachel Deghati et de grands poètes azerbaïdjanais.
Entrée gratuite.
* Le zoroastrisme est une religion monothéiste prophétisée par Zarathoustra, réforme du mazdéisme. De racines anciennes (Ier ou IIème millénaire avant J-C), elle est basée au moyen orient, et subsiste en Iran. Le zoroastrisme respecte le feu comme symbole divin et prêche un dualisme reposant sur le combat entre le Bien et le Mal.
Gwendolina Duval