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« Vivre pour vivre » de José Nicolas, raconté par Hervé Nedelec

Jeudi 07 Août 2014 16:28:07 par actuphoto dans Livres Chroniques

Couverture « Vivre pour vivre » © José Nicolas
« Généralement, ces gens-là finissent mal. Une balle fichée dans le front ou les mains crispées sur une bouteille de whisky. Il avait des prédispositions le petit Nicolas, voir un sacré atavisme », raconte Hervé Nedelec dans l'introduction du livre. Journaliste depuis 1976, il en connait un rayon sur le travail de terrain, tout comme le photographe José Nicolas. Guerres, conflits, crises... Ces évènements qui nourrissent la Une. José Nicolas les a tous immortalisés, à sa façon. Derrière les rideaux, rien n'est vraiment rose, mais face à l'objectif du photographe français, tout prend un nouvel angle.

José Nicolas, libanais et berbère par sa mère, espagnol et gascon par son père, est né à Casablanca en 1956. À 18 ans, il s'engage dans l'armée, chez les parachutistes. De 1974 à 1983, il parcourt le monde et va là où la guerre le mène. Sur le terrain, il croise une poignée de photographes, les plus dociles. « Ils m'ont toujours plu car ils étaient un peu rebelles, de vraies têtes brûlées ». À l'époque, les conditions étaient difficiles. La communication et le téléphone inexistants. Il fallait avoir une âme d'aventurier pour se lancer à l'assaut des pays en guerre avec son appareil. Entre deux pays, José Nicolas parle de photographie avec l'un d'entre eux, qui lui donne l'envie de se lancer à son tour. Les premiers clichés sont en noir et blanc, maladroits et peu techniques. Des photos entre copains pour la plupart. Mais toutes ses photographies restent uniques. L'artiste peut voguer dans des endroits où peu de personnes peuvent s'aventurer, et part même à la rencontre des civils. Un jeu dangereux qui ne dépend que de « la tête que vous avez », d'après lui.

En 1983, José Nicolas quitte le front suite à une blessure de guerre. Il avait la possibilité de continuer, mais dans un bureau. « Ça faisait presque 10 ans que je ne m'arrêtais jamais : je sautais en parachute et faisais de la chute libre. Je me voyais mal assis sur une chaise dans un bureau ». Rapidement, de nouvelles rencontres lui permettent de commencer diverses activités à travers le monde. Et lorsqu'il croise Bernard Kouchner, sa vie prend un tournant différent. Il enchaîne les missions et n'oublie jamais son appareil photo. Si bien qu'un beau jour, on lui conseille de montrer ses clichés à l'Agence SIPA. Créée en 1973 par le photo reporter Gökşin Sipahioğlu, SIPA était une des structures les plus importantes en France à cette époque. « Quand j'y suis allé, on m'a dit qu'il y avait beaucoup de progrès à faire, mais que c'était bon tout de même ».

Jusqu'en 1995, José Nicolas parcourt le monde et ses guerres. Afghanistan, Irak, Cambodge, Somalie, Roumanie... Jusqu'en 1994, où il décide de reprendre son statut de photographe indépendant après une blessure au Rwanda.



© José Nicolas


Après avoir quitté l'agence SIPA, il collabore avec plusieurs revues comme Le Point, Le Figaro, VSD ou encore L'Express. « C'était la belle époque pour la photographie. Mais ça, c'était en 1995 ». En 1998, l'armée française le contacte pour une toute nouvelle collaboration. Plusieurs livres et reportages étaient au programme. L'armée était en pleine période de recrutement à l'époque. José Nicolas devait promouvoir le métier avec ces clichés. « J'avais accès à toutes les unités spéciales. J'ai pu faire un travail assez marquant et unique en son genre ». Le photographe parcourt le Kosovo et l'Afghanistan. Mais une fois installé dans le sud de la France, José Nicolas voyage de moins en moins. Jusqu'en 2011, il continue néanmoins son travail sur le front. Ce sera son dernier périple. « Il y a eu beaucoup de soldats tués, et beaucoup de combats... À partir de là, je me suis dit 'j'arrête le conflit, j'arrête tout' ».

Il troque alors son armure d'aventurier, contre celui d'un photographe plus calme, qui vogue dans les vignes à Aix-en-Provence. Pour autant, son âme vagabonde ne le quitte pas. L'artiste part toujours en vadrouille, mais moins loin. Jusqu'à Marseille pour être précis. Il a passé 4 mois dans les quartiers nord. Car, malgré tout, des idées et des projets, il en a encore beaucoup. « J'ai plein de projets, mais plus du tout guerrier ».

Aujourd'hui, il réunit ses œuvres dans l'ouvrage Vivre pour vivre. « Son vieux copain », Hervé Nedelec a collaboré à sa façon, par l'écriture. Il ouvre le bal, commente les photos et ferme l'histoire. Rien n'est oublié, tout est sublimé sous sa plume. Image par image, guerre après guerre, d'un pays à l'autre, José Nicolas montre l'horreur à travers ses yeux et Hervé Nedelec raconte un bout de leur histoire. Un tandem bien ficelé qui livre un ouvrage lourd de sens et de sentiments.



© José Nicolas
 

Les photos ont été sélectionnées par les soins de José Nicolas, mais le livre a été composé par une amie graphiste du photographe. Elle a souhaité donner un sens aux photos en les opposants ou en les réunissant. Ainsi, le cliché des Moudjahidinnes du peuple au Kurdistan côtoie l'orchestre du Tadjikistan, jouant pour les beaux yeux de François Mitterrand en pleine plaine. Un commando de la neige se retrouve face à un paysan dans le Wardak. Puis, entre deux images de guerre, la paroi de l'hôtel Martinez à Cannes s'échoue en double page. Aucunes photos ne se ressemblent, et pourtant, toutes ont une histoire à raconter.

José Nicolas, lui, a conté la sienne dans ces pages en papier glacé. De 1979 à 2011, il partage le récit des guerres, des civils et des militaires. Un livre qui rend hommage à toutes ses rencontres, mais qui tire aussi le rideau sur sa carrière de grand reporter. Sans but « narcissique », le photographe a souhaité rassembler tous ses plus beaux clichés. Comme un « devoir » pour rappeler un bout de l'Histoire.



Noëmie Beillon

Vivre pour vivre de José Nicolas, Édition José Nicolas

Textes de Hervé Nédelec

280 x 240 cm / 100 pages

80 photographies en couleur et noir et blanc

29,90€
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© Actuphoto.com Actualité photographique

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