Couverture Mama Casset, série African Studio © Mama Casset, Editions Revue Noire
Né en 1908 à Saint Louis au Sénégal et décédé en 1992 à Dakar, Mama Casset est considéré comme l'un des précurseurs de la photographie sénégalaise, reconnu pour ses portraits en noir et blanc.
Après avoir travaillé au Comptoir de la Photographie de l'A.O.F puis au service photographique de l'Armée de l'Air française, Mama Casset ouvre son studio « African Photo » dans la Médina de Dakar.
Le photographe prend pour modèle la bourgeoisie africaine moderne et particulièrement les signares, « femmes qui vécurent un rôle d'épouse « locale » des administrateurs, officiers et riches commerçants européens pendant leur séjour au Sénégal et qui épousèrent alors un comportement largement occidentalisé » expliquent, dans la préface, Pascal Martin Saint Leon et Jean-Loup Pivin, deux des quatre fondateurs de Revue Noire.
La préface, traduite en anglais à la fin de l'ouvrage, offre une biographie de l'artiste et contextualise les débuts de la photographie africaine sous la colonisation française.
Jeune femme © Mama Casset
Les clichés de Mama Casset présentent une mise en scène dépouillée : un rideau tendu en arrière-plan devant lequel prennent place les femmes photographiées. Cette simplicité, magnifiée par le noir et blanc, met en avant les modèles dans différentes postures : assis, en pied ou en plan américain.
Mama Casset maîtrise avec brio l'art de la diagonale et de la symétrie dans ses compositions. Celle-ci est également présente dans la mise en page de l'ouvrage même : les portraits se répondent en double-page, inclinés de façon identique.
African Studio, Deux amis, 1953 © Mama Casset
Les signares portent les vêtements traditionnels de la haute société et sont richement parées. Elles posent avec fierté, seules ou en groupe. Ces photographies reflètent une tranche de la population sénégalaise à l'heure de la colonisation.
Les dernières pages du livre sont consacrées à la muse de Mama Casset, sa seconde femme. Elle figure seule ou accompagnée d'une amie, et clôt parfaitement cet ouvrage, véritable ode à la femme.
Jeune Fille, 1952 © Mama Casset
Jeune Homme © Mama Casset
« Le style de Mama Casset est très personnel dans le paysage des photographes de studio de toute l'Afrique : par l'inclinaison des corps ou du cadrage, le cadre serré, parfois en contre-plongée, il donne aux images un dynamisme totalement nouveau. Son travail connu par de nombreux photographes de l'Afrique de l'Ouest dont les maliens Malick Sidibé et Seydou Keita, marque l'esthétique du portrait photographique à la fois par une liberté nouvelle et une méticulosité de la mise en scène » précisent les fondateurs de Revue Noire.
En 1983, l'artiste devient aveugle et cesse toute activité de photographe. L'année suivante, son atelier prend feu ainsi que la plupart de ses archives.
Cet ouvrage, de petit format agréable, est donc d'autant plus essentiel puisqu'il rassemble les quelques sublimes images rescapées ou collectées auprès des familles dakaroises.
Le patrimoine photographique de Mama Casset a été valorisé par le photographe sénégalais Bouna Médoune Seye, qui, à deux reprises en 1992 exposent les clichés de Mama Casset, tout juste décédé.
Léa Pietton
Mama Casset
Éditions Revue Noire
79 photographies en noir et blanc
13 X 18 cm
108 pages
13 €