© Catherine Chevalier
Dix éditions plus tard, sa flamme photographique scintille encore, et elle compte bien l'entretenir encore longtemps.
A l'occasion de cette 10e édition, les femmes sont à l'honneur, avec ce sous-titre explicite et adroitement formulé « La femme photographe est une photographe comme un autre ». Un parcours alléchant, qui propose un mélange passionnant de regards féminins. Pas uniquement, puisque des photographes masculins accompagneront les artistes féminines : John Batho, Bernard Descamps, Francis Cormon ou encore Guillaum Rivière.
Une véritable balade photographique dans la charmante ville de Vendôme, un dépaysement réussi pour un festival empreint de douceur, de calme et de découvertes.
Entretien avec Odile Andrieu, dont la passion et la douceur sont à l'image de son Festival.
Comment tout a commencé ?
Je venais de la presse papier parisienne, et j'étais un peu déçue de la façon dont on traitait la photographie. De moins en moins de place, de moins en moins d'argent, mais de plus en plus de travaux dans les tiroirs qui n'étaient jamais montrés, exposés, ou alors souvent les mêmes, les jeunes comme les moins jeunes, il y avait aussi beaucoup de photographes que l'on avait oublié. J'avais envie de les remettre à l'honneur.
Des grandes pointures plus connues nous ont rejoint très vite : Salgado était là l'année dernière, William Klein a exposé, Marc Riboud... Nous avons toujours de grandes figures de la photographie associés à cette programmation, avec les plus jeunes sortant d'écoles. Nous avons une volonté d'associer le sens, la qualité, et la transversalité.
La balançoire, 1980 © CLAUDE BATHO
Série Pipeline © ELENA PERLINO
Vous rappelez-vous de la première édition ?
Oui, je me souviens, c'est l'un de mes cauchemars à chaque édition (rires). Pour la première édition, il faisait un temps extraordinaire. Nous exposions dans le parc Ronsard une exposition sur le carnaval de Rio. Des câbles photos avaient été volés pendant la nuit, du coup nous avons du tout raccrocher, mais plus haut que prévu. Mais dans un espace aussi grand, nous nous sommes retrouvés avec des photos assez hautes, on avait l'impression qu'il s'agissait de timbres poste, c'était terrible !
Mais sinon, nous avions eu le plaisir d'avoir Denis Dailleux par exemple, qui montrait autre chose que le Caire, car il avait exposé l'Ethiopie et le Yémen.
Mais toujours, et c'est ce qui est très touchant, un public fidèle, des bénévoles fidèles, des visiteurs fidèles, qu'on revoit chaque année. Je les appelle d'ailleurs « La famille des promeneurs », des photographes qui ont été exposés les années précédentes reviennent toujours, c'est un grand bonheur.
Comment avez-vous vu le festival évoluer au cours de ces 9 dernières éditions des Promenades photographiques ?
On est passés de 9 expositions la première année avec un temps d'exposition assez court car c'était sur trois semaines, à 20 expositions cette année sur 3 mois et demi. Une gratuité constante, on a réussi à maintenir ce cap. Pour nous, il est également important que le public, quel qu'il soit puisse accéder à la culture. La culture pour tous : on est très engagés dans ce combat.
On se dit que si nous devions faire payer les expositions, ce ne serait pas 82 000 visiteurs qui en profiteraient mais 4000, et ce n'est pas du tout l'intérêt de la photographie, et de ce que l'on veut véhiculer à travers les expositions que l'on présente, qui sont des regards d'hommes et de femmes de tous horizons, qui font découvrir la culture, leurs univers intimes, d'autres pays, d'autres façons de vivre, des engagements (politiques, humains), pour le donner au plus grand nombre.
Pouvez-vous nous parler de l'édition de cette année ?
Cette année, c'est la 10e édition (et non le 10e anniversaire). J'étais à Paris Photo, je me suis aperçue que l'essentiel des photographes que je retenais étaient des femmes. Je me suis dit que je devais changer la programmation sur laquelle j'étais en train de travailler. Je ne veux pas opposer hommes et femmes photographes, ce n'est pas du tout le propos, mais j'ai decidé de leur donner les 900 m2 du manège. Etonnamment, là on m'a posé la question « pourquoi des femmes ? », les années précédentes, on ne m'avait jamais demandé « pourquoi des hommes ». Cette phrase en exergue « La femme photographe est une photographe comme un autre » voulait expliquer qu'il s'agissait de femmes, qui parlent de leur intériorité.
Série Totems © FLORE-AËL SURUN
Série When water comes together with other water. L’accoudoir © CLAIRE LAUDE
La choix a-t-il été difficile ?
Ce qui était difficile, c'est qu'il y en avait beaucoup, mais c'était merveilleux ! Il y a tellement de belles choses. Par exemple, Dolorès Marat, cela faisait des années que je voulais l'exposer, c'était une superbe occasion. Nadia Benchallal, j'avais deux dossier de photojournalistes, mais ce qui m'a intéressé chez Nadia, c'est qu'elle parlait des femmes. Une femme qui parle des femmes.
La femme au sac à main, Paris, 1987 © DOLORÈS MARAT
Série Sisters, femmes musulmanes dans le monde. Après l’école, des jeunes filles rient devant une boutique de bonbons. Teheran, Iran, 1998 © NADIA BENCHALLAL
De toutes ces éditions, quel est votre meilleur souvenir ?
Je vais reparler de famille, dans une famille on aime pas plus ou moins nos enfants, donc toutes les éditions ont quelque chose d'attachant.
Qu'espérez-vous pour cette 10e édition ?
Qu'il y ait autant d'engouement, autant de visiteurs, que les choses puissent inciter aussi de nouveaux partenaires éventuellement, car si l'on parle d'économie culturelle, on est vraiment dans une économie très rigoureuse, donc si de nouveaux partenaires veulent nous accompagner, ils sont les bienvenus !
Série Passage n°9. Liliane, Pierre, Martin © SYLVIA SCHILDGE
Série Immatérielles © EVE MORCRETTE
Propos recueillis par Claire Mayer
http://actuphoto.com/27757-10e-promenades-photographiques-de-vendome-du-21-juin-au-21-septembre-2014.html"
Jusqu'au 21 septembre 2014