© Roy Stuart
La photographie érotique, lorsqu'elle est réussie, est celle d'un homme, qui en devient son icône. Bon nombre de photographes se sont essayés à ce genre adulé mais compliqué, mais pourtant, peu y sont réellement parvenus. Roy Stuart fait partie de ces noms célèbres de la photographie érotique, et porte plus qu'un genre, une tradition photographique qui dérange, mais conquiert plus d'admirateurs qu'il serait aisé de penser.
Né en 1959 à New York, Roy Stuart évolue dans la « contre-culture » américaine, mouvement culturel des années 1960, né aux Etats-Unis avant de se répandre dans le reste du monde occidental. Une façon de contrer le bien-pensant de l'époque, et de lutter contre les carcans de la société. Pourtant, la pensée américaine de l'époque semble trop étroite pour Roy Stuart, qui part vivre en Angleterre. Il y réalise alors des photographies de sa compagne, puis les vend à des magazines français. Ces images trouvent leur public, et leur succès ne tardera pas. Le photographe en devenir quitte alors l'Angleterre pour Paris, où il s'y installera, pour de bon.
Longtemps édités par Taschen, les ouvrages de Roy Stuart furent nombreux, et connurent un vif succès. Pourtant, toute collaboration ayant cessé entre l'artiste et la maison d'édition pour d'obscures questions éthiques, c'est désormais la bien moins qualitative Skylight qui édite les ouvrages de Roy Stuart. En effet, loin des belles pages brillantes de Taschen, de sa renommée considérable et de la qualité de ses ouvrages, le changement de maison d'édition entache quelque peu le travail de l'artiste.
© Roy Stuart
Après 5 ans sans éditer d'ouvrages, Glympstorys remet donc Roy Stuart sur le devant de la scène. D'un format conséquent 24x30, d'une qualité d'impression agréable, d'une organisation ludique du propos, Glympstorys est loin d'être le dernier ouvrage de référence du photographe. A la manière d'un livre photographique amateur, la déception peut être palpable dès les premières pages. Une introduction en trois langues (français, anglais et allemand) ouvre le livre, et tente d'expliciter la pensée, la démarche, l'idée de Roy Stuart. Le définir, pourtant, ne serait-il pas le réduire à une classe photographique ? Un DVD accompagne l'ouvrage, et la lecture photographique.
Glympstorys s'ouvre ainsi : « Bienvenue dans le Livre des Corps, des Corps et des Visages, car c'est ce que nous dit Roy Stuart contre la pornographie et contre l'érotisme : pas de Corps sans Visage. Si le Corps est le recto de l'être, le Visage en est le verso. Le Corps est le côté Pile du dollar humain ; le Visage en est le côté Face. » (…)
© Roy Stuart
« Roy Stuart dit que son travail n'est pas de la pornographie, parce que la pornographie « c'est mal fait », ni de l’érotisme, parce que dans l'érotisme, « ils respectent la censure ». Ici on ne respecte pas la censure. On descend. Au plus bas. Au plus profond. Au ras des indécences du désir. Pas d'incandescence sans indécence. Ni pornographie, ni érotisme, mais sexe, et pourtant : la pornographie n'est pas bannie de ces photographies, pas plus que l'érotisme. Dans ce texte, on dira plutôt « sexe » mais parfois aussi sans transition « pornographie » et « érotisme », parce que le travail de Roy Stuart est multidimensionnel. »
© Roy Stuart
L'introduction de l'ouvrage, de manière complète, présente de façon simple et intelligible le propos du photographe, et son intention pour son nouvel opus.
Au gré des 250 photographies en couleur, le lecteur investit ainsi l'univers de Roy Stuart, et appréhende sa propre conception de la photographie.
Claire Mayer
Glympstorys de Roy Stuart
Editions Skylight
Format 30,7 x 24,6 / 320 pages
€ (D) 39,95/€ (A) 41,10/sFR. 50.50/ £ 35/$ 59.95