« Je ne ferai plus d'art ennuyeux » - l'intention de Roy Stuart est claire, et elle est tout sauf porno-chic. Son regard sur la sexualité, multiple, s'est bâti sur l'expérience et, surtout, sur des myriades de séances historiques, cultes. Qui offrent, noir sur blanc, le sexe de la femme, parfois celui de l'homme. Ces sexes jouent, seuls, accompagnés, souvent entourés, s'offrant de telles façons que l'œil, surpris, d'abord glisse, puis trébuche et, enfin, s'accroche.
Lorsqu'elles ne poussent pas carrément le spectateur dans des retranchements intimes qu'il ne soupçonnait jusqu'alors même pas, les images de Roy Stuart provoquent des frémissements, des moues crispées, des malaises. Sans doute est-ce parce que ce photographe-là délaisse les clichés esthètes dont la publicité et la mode nourrissent le grand public à son insu, sans doute est-ce parce que ces mises en scène-là n'exposent pas la part douce et lisse de la sexualité féminine, mais s'attachent à en extraire l'essence, le pouvoir, le détachement.
Roy Stuart est imprévisible, secret, distrait, lui qui dans son envol tendrait presque à bousculer tous et chacune, tellement l'homme est ailleurs. Depuis plusieurs décennies, il change d'avis, et d'envies, de lieux et de mediums, pour éviter l'ennui, toujours ce même ennemi. Si les US l'ont vu grandir, si l'Angleterre l'a vu naître, sa terre d'adoption est bien, sinon la France, du moins l'Europe, lui qui se targue d'une liberté que d'aucuns ont bien du mal à apprivoiser.
Avec 500 000 exemplaires vendus des quatre premiers volumes publiés par Taschen, Roy Stuart peut s'enorgueillir du statut d'auteur à best-sellers, en plus de celui de maître es érotisme. Roy Stuart est passé maître de la photographie érotique, c'est-à-dire de la transgression des tabous sexuels mis en images, tabous qu'il redéfinit au gré de ses fantasmes.
Un cinquième volume est en préparation, mais c'est surtout un long-métrage qui a occupé Roy Stuart ces dernières années. Intitulé « The Lost Door », il représente l'aboutissement de pratiques narratives et visuelles déjà explorées au cours de ses nombreuses « Glimpse videos ». En plus torturé, plus complexe, plus Roy Stuart que jamais.