© Titus Simoens
Né en 1985 en Belgique, Titus Simoens est un jeune photographe qui s'est engouffré dans sa pratique il y a 10 ans. A la manière d'un enquêteur, il passe du temps aux côtés des photographiés « Je travaille la plupart du temps en séries. En passant un long moment au même endroit, je créé la possibilité pour moi de me connecter avec mes sujets. Je me concentre principalement sur la façon dont les humains racontent leur façon de vivre. Le langage des gens me fascine encore et encore. Je le montre d'ailleurs dans ma série Mount Song ».
Cette série, réalisée en 2013 par Titus Simoens, illustre en effet sa pratique photographique, authentique et touchante. « La série Mount Song décrit les enfants qui vivent dans une école de Kung Fu en Chine. L'école est située au pied du Mont Song à Henan, une province de la rive sud de la Yellow River. Ces enfants sont entraînés pour devenir des maîtres de Kung Fu. Ils finissent dans une communauté où le développement personnel est central, dans une atmosphère d'uniformité et de discipline. C'est un peu dur cette façon dont ils s'entraînent ensemble dans un environnement clôt, mais il y forment leur propre style. Pour certains d'entre eux, le futur sera dans l'industrie du cinéma, d'autres retourneront d'où ils viennent. Les plus jeunes enfants ont cinq ans et ils restent généralement jusqu'à leurs 18 ans. »
© Titus Simoens
© Titus Simoens
Ainsi, Titus Simoens a côtoyé ces jeunes prodiges du Kung Fu, afin de réaliser un reportage complet, mais surtout photographiquement réussi. Documentaire, mais aussi esthétique, la photographie de Titus Simoens est celle d'un passionné impliqué. « J'ai voyagé deux fois en Chine. Chaque fois pendant un mois. J'étais en contact avec un moine du Temple Shaolin qui m'a recommandé une école à photographier. J'aime vraiment me donner à un endroit pendant une longue période et suivre leur programme. Avec mon interprète, j'ai tout arrangé avec le maître de cette école. »
© Titus Simoens
Mount Song a donc été un reportage accompli, mais toutefois difficile à réaliser : « Il a été difficile de gagner la confiance des Chinois. Tout peut être arrangé et d'accord pour eux, mais le jour J ils ne vous donnent pas tant que ça. Cela a pris beaucoup de temps pour réussir à être proche d'eux. Surtout les garçons de l'école de Kung Fu, car ils sont entrainés très jeunes pour être très individuels et avoir leur propre vision de la vie. C'est ce qu'enseigne le Kung Fu, développer son propre style ».
© Titus Simoens
© Titus Simoens
S'immerger dans une école d'apprentis en arts martiaux a permis à Titus Simoens de découvrir un univers qui l'a interpellé, questionné, impressionné « Ce qui m'a le plus surpris, c'est le comportement universel d'un enfant grandissant dans un environnement clôt. Une pension en Belgique ou une école de Kung Fu en Chine, c'est la même chose. Dans ce genre d'institutions, vous notez que les enfants deviennent la famille des autres, et commencent à trouver les choses fondamentales qu'ils ont manqué en grandissant avec l'un l'autre. Deux facteurs importants dans ce processus sont la discipline et la structure, et à cause de cela, une unité particulière se forme parmi les enfants. Cela les connecte ensemble. »
© Titus Simoens
© Titus Simoens
Titus Simoens livre donc des images fortes, sur un sujet ordinairement silencieux et discret, à l'image de ces futurs maîtres Kung Fu.
« Mon rêve serait de réaliser mon premier livre sur ce projet en 2015. » A suivre, donc …
Claire Mayer