Stefano de Luigi est membre de la prestigieuse agence VII, crée en 2001 par 7 grands photographes, dont Alexandra Boulat, Gary Knight ou encore James Nachtwey. L'agence se distingue par l’éclectisme de ses photographes, qui ont, à ce jour, remporté 38 récompenses du World Press Photo.
L'Agence VII a participé au dernier album poignant de Reporters sans Frontières, http://actuphoto.com/27957-100-photos-de-l-agence-vii-pour-la-liberte-de-la-presse-le-nouvel-ouvrage-poignant-de-reporters-sans-frontieres.html", actuellement disponible en kiosques. Les photographies de Stefano de Luigi s'affichent fièrement aux côtés de celles d'autres grands noms de VII.
Entretien avec le photographe.
Pourquoi la photographie ?
Pour la liberté et la légèreté de sa pratique,
Pour la découverte éclatante que derrière le viseur, il existe un autre monde, à mi chemin entre mon imagination et la réalité,
Pour la chance de traverser ainsi à ce point les vies des autres,
Et enfin pour l'amour de la synthèse.
Que représente-t-elle pour vous ?
Une façon de vivre, "je suis" photographe...
Quelles sont les figures de la photographie ou de l'art qui vous ont inspiré?
Federico Fellini, Robert Frank, Françis Bacon, Marc Chagall
Pouvez-vous nous raconter votre premier reportage, et comment tout cela a commencé ?
Mon premier reportage, je l'ai réalisé sur les conditions de vie des militaires en Italie, J'étais moi-même militaire (on avait encore le service obligatoire). Pour ne pas tomber dans la folie claustrophobe de la caserne, j'ai commencé à photographier mes camarades et nos conditions de vie, ça m'a permis de prendre du recul et de voir avec distance ma condition. Un salut !
Comment et pourquoi avez-vous rejoint l'agence VII ?
J'ai fait comme tout le monde la demande pour entrer à l'agence VII et j'ai été pris, dans le VII/ network.
J'aime l'idée que des photographes de différents horizons culturels et géopolitiques se soient réunis pour défendre leur indépendance.
© Stefano de Luigi / Agence VII
Vous avez participé à l'album "100 photos de l'agence VII pour la liberté de la presse", pouvez-vous nous expliquer comment cela s'est-il déroulé ?
Pendant près de deux ans, on a pensé (un petit comité de photographes, Tomas, Franco, moi-même et Dominique, la responsable du bureau parisien) à proposer un album à RSF. On travaille sur le même terrain d'action (la défense des droits de l'homme) avec un territoire commun : le monde. Les photographes de VII, depuis les années 90 (avant la création de l'agence en 2001), sillonnent la planète et racontent les guerres, les violations des droits de l'homme, les violences contre les minorités ethniques. Tout comme RSF qui dénonce incessamment toute violation des droits de l'information et les violences directes contre les confrères journalistes dans toute la planète. C'est donc un partenaire idéal à soutenir, et VII est très fière de cette opération qui, après Paris, va être présentée à Washington la semaine prochaine.
Que diriez-vous à propos de cet album ?
Peu importe ce que je dis ou même ce que je pense, c'est au lecteur de réfléchir aux situations décrites par les photos, et de réagir. Nous, on a fait de notre mieux pour se présenter au public français à travers notre engagement, à raconter d'une façon subjective le monde contemporain, toujours avec un engagement fidèle aux principes du journalisme.
© Stefano de Luigi / Agence VII
Que pensez-vous de la situation actuelle du photojournalisme, et quel est pour vous son avenir ?
Le photojournalisme est en train de changer profondément. Ses supports traditionnels (les journaux) traversent une crise très profonde, mais ça ne veut pas dire qu'il n'a plus d'avenir ! Je crois que de plus en plus le croisement des compétences permettra aux photojournalistes d'intégrer des équipes pluridisciplinaires. Ils seront probablement amenés à chercher des fonds ailleurs (sur le net ou dans des institutions avec des moyens innovants). Cela leur permettra de garder leur indépendance de jugement, pour que les info ne deviennent jamais "un produit à vendre", mais demeurent toujours une histoire à raconter.
Avez-vous des projets à venir ?
Un programme éducatif au long cours (six mois) animé par six photographes de VII et plusieurs "masters" d'horizons divers (un artiste vidéo, le directeur d'une chaine tout info, un génie du web, une photoeditor, un organisateur de projets photographiques qui engage des simples citoyens dans une capitale européenne, la chef des archives numériques d'une grande agence de presse, et encore d'autres personnalités). Une sorte d'académie, pour réfléchir ensemble au développement de notre profession.
(http://actuphoto.com/27957-100-photos-de-l-agence-vii-pour-la-liberte-de-la-presse-le-nouvel-ouvrage-poignant-de-reporters-sans-frontieres.html")
Propos recueillis par Claire Mayer