© Valerio Bispuri
« Encerrados nait de l’exigence de raconter un continent, l’Amérique du Sud. Les prisons constituent le reflet d’un pays, d’une société, d’une culture. En me plongeant dans l’univers pénitentiaire, j’ai eu la possibilité d’observer un monde de l'intérieur et d’en dehors. Encerrados n’est pas un travail de dénonciation, ou seulement de dénonciation. Il est plutôt un projet qui veut raconter, presque d’une façon anthropologique, l’Amérique du Sud. »
Dix années ont été nécessaires à Valerio Bispuri, pour réaliser ce reportage poignant sur les prisons d'Amérique du Sud. Soixante-quatorze prisons à raconter en images, 9 pays du continent à travers le regard d'un photographe passionné : « La photographie est, à mon sens, le plus grand moyen pour enquêter. Mon but est de dévoiler les choses qu’on ne connait pas, ou qu’on connait peu. A travers le cliché, j’ai la possibilité unique de raconter. D’ailleurs, la photographie est le trait d’union entre notre partie intérieure et notre partie extérieure. Alors que ces deux correspondent, on atteint une image significative à révéler. »
© Valerio Bispuri
© Valerio Bispuri
Photographe italien de 43 ans, Valerio Bispuri s'initie très jeune à la photographie « Mon parcours commence très tôt. C’est à l’âge de sept ans que je m’achète, en cachette de ma famille, mon premier appareil photo. C’était comme si la photographie m’avait toujours appartenu. Ensuite, à 18 ans, je fréquente à Rome mon premier cours pour apprendre la technique. Dès lors, la photographie m’accompagne dans tous les instants de ma vie. » Ainsi, la photographie fera partie intégrante de la vie de Valerio Bispuri, qui axe son travail documentaire sur l'Amérique du Sud. Il pose son regard averti et cherche avant tout à décortiquer une culture, un mode de vie, une manière d'être.
© Valerio Bispuri
© Valerio Bispuri
Encerrados est un projet de longue haleine, que Valerio Bispuri a traité en profondeur afin d'appréhender ce monde à part, qui est pourtant, pour lui, « le miroir » d'un pays. Ses images sont troublantes d'intensité, et immergent son public dans l'univers déroutant de ces lieux d'emprisonnement. « Ce travail m’a appris qu’on ne peut comprendre et raconter qu’à travers le temps et qu’en allant au cœur des choses. Dans un monde où tout bouge très vite, l’attente et la recherche sont essentielles pour parvenir à révéler. »
L'enjeu de ce projet est principalement de montrer ces univers pénitentiaires : « J’ai seulement voulu narrer un continent, un monde et les difficultés, les espoirs, les illusions de ceux qui vivent dans une prison. (…) Je m’attends à ce que les gens, peut-être, arrivent à comprendre quelque chose de plus sur la prison, et que sans doute on puisse aider les détenus dans leur long parcours. Pour cela, même un livre serait important en tant que document. »
© Valerio Bispuri
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De fait, Valerio Bispuri fait appel actuellement à la plateforme de crowdfunding KissKissBankBank pour éditer le livre correspondant au projet. Un coup de pouce lui permettra de glisser sur papier un projet d'envergure, enrichi par les années : http://www.kisskissbankbank.com/encerrados"
© Valerio Bispuri
© Valerio Bispuri
Encerrados est, au-delà d'un reportage saisissant sur les prisons d'Amérique du Sud, le projet pharaonique d'un photographe fascinant, un traitement photographique esthétiquement accompli, mais surtout le reflet d'une société, le « miroir » d'un pays.
Claire Mayer