Yuri Ivashchenko est un jeune photographe russe de 31 ans. Après une formation d'ingénieur, il travaille dans ce secteur avant de réaliser que sa véritable vie est ailleurs « En 2005 j'ai fini mon parcours à la faculté et je suis devenu ingénieur. J'ai travaillé en tant qu'ingénieur pensant 3 ans. En même temps, j'ai commencé à prendre des photos. C'etait au départ surtout des paysages, puis plus tard j'ai pris des photos de gens et réalisé de petits reportages. Quand j'ai compris qu'être ingénieur est comme être un hamster dans une roue, j'ai changé de profession pour la photographie, ma véritable passion. »
Pour http://www.lemonde.fr/international/visuel/2014/02/14/le-sevrage-brutal-de-iekaterinbourg_4366004_3210.html", il réalise un reportage stupéfiant sur Iekaterinbourg, une cité russe qui emploie des moyens radicaux pour lutter contre le fléau de la drogue.
Entretien avec Yuri Ivashchenko, qui raconte ce reportage.
© Yuri Ivashchenko
Pouvez-vous nous expliquer votre reportage sur Iekaterinbourg ?
Cela a été le mélange de plusieurs choses : le plan du reportage et la chance, magnifique lumière du soleil et flash, portraits organisés et moments décisifs. J'ai plannifié d'utiliser le flash – mon idée était de dépeindre le sens claustrophobique lorsque vous restez dans un espace limité tel que le centre de réhabilitation pour toxicomanes. La belle lumière du soleil m'a aidé à capturer des paysages et à diversifier les images de la vie quotidienne des personnes en cure. Je pense que mes meilleures images sont une combination de facteurs, lumière et flash.
Comment s'est-il organisé ?
Tous nos entretiens et l'ensemble du reportage a été organisé par Le Monde et le journaliste Piotr Smolar. Il est entré en contact avec tous les protagonistes avant le reportage (du maire au directeur du centre de réhabilitation). Donc tout a été prêt quand nous sommes arrivés pour travailler à Iekaterinbourg.
© Yuri Ivashchenko
© Yuri Ivashchenko
Quand avez-vous pris les photographies?
Nous avons été dans la ville que pendant deux jours. C'est pourquoi j'ai pris des photos toute la journée, du matin jusqu'au soir.
Avez-vous eu accès librement aux centres ?
Oui, Sergey, directeur de la fondation “Une ville sans drogues” nous a emmené dans 4 centres – deux d'entre eux sont pour les hommes, 1 pour les femmes et 1 pour les enfants. J'ai été libre, quand je le voulais, de parler aux gens, de faire des photos d'eux s'ils étaient d'accord.
© Yuri Ivashchenko
© Yuri Ivashchenko
Etait-ce votre première visite dans un centre de réhabilitation ?
Non. J'avais déjà visité des centres protestants de réhabilitation pour drogués. Ils étaient situés dans les régions de Krasnodar et Rostov dans le sud de la Russie.
Comment pouvez-vous comparer ces centres avec celui d'Iekaterinbourg?
J'étais dans des centres protestants pendant 2-3 jours. J'ai dormi, parlé avec les gens du centre, et découvert les alentours. A Iekaterinbourg, cela a été un voyage, cela nous a pris moins d'une heure pour documenter chaque centre donc ce reportage a été comme un sprint. Je sais qu'il ont des méthodes différentes mais d'une manière générale ils sont identiques. Les accros aux drogues doivent commencer une nouvelle vie – sans leurs vieux amis qui leur fournissaient des drogues. Il y a d'anciens toxicomanes autour et ils peuvent comprendre ce sentiment et ils savent comment faire pour les aider – donc c'est une chose importante.
© Yuri Ivashchenko
© Yuri Ivashchenko
Qu'est-ce qui a été le plus difficile ?
Il fait -32 degrés. J'ai pris des photos des rues d'Iekaterinbourg plus d'une heure le matin. J'ai attendu les rayons du soleil, attendu les gens pour avoir le bon cadre donc je suis resté dans une seule position pendant un bon moment avant presque ne plus sentir mes pieds. Mais je me suis senti passionné parce que Iekaterinbourg était un nouvel endroit pour moi et c'était un lieu très intéressant avec son ensoleillement unique, ses paysages, son emplacement.
Qu'est-ce qui vous a le plus surpris ?
J'ai été surpris que la politique d'Iekaterinbourg soit autant démocratique. Il n'y a pas de contrôle de passeport à l'entrée, tout le monde est libre de venir et de parler au maire des problèmes éventuels. Il écoute les citoyens tous les jours dès 10h le matin.
© Yuri Ivashchenko
Avez-vous des projets à venir ?
Oui, j'ai des projets à venir à propos de l'esclavage moderne. J'ai des difficultés avec la conception visuelle et avec le cout des voyages car j'ai besoin d'aller en Asie Centrale où vivent mes protagonistes.
Propos recueillis par Claire Mayer