© Viet Van Tran
Pourriez vous nous parler de votre parcours en tant que photographe ?
J'ai participé à l'un des cours de formation du Fonds de presse à la mémoire de l’Indochine (Indochinal Memory Media Found). Mes professeurs étaient des photographes de presse de renommée mondiale tels que Tim Page (Royaume-Uni), Steve Northup, James Natchwey, Gary Knight (USA) ou bien encore Gaby Sommer (Allemagne).
Ils nous ont appris à ajuster notre regard pour créer une photographie de presse tout en gardant intacte notre passion et notre enthousiasme. J'aime aussi la photographie d'art, je suis parfois publié sur internet par le Magazine Photo ou par des magazines d'outre-mer.
Je partage mon temps entre deux occupations : écrire pour le journal du Travail, un des journaux les plus connus du Vietnam, et mettre en œuvre des projets photographiques, en adéquation avec ma passion. J'ai commencé prendre des photos en 1996 pour illustrer mes articles. Mais j'ai réellement commencé à prendre la photographie au sérieux 10 ans plus tard, en 2006.
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Pouvez-vous nous parler de la photographie au Vietnam ? Quels en sont les aspects populaires ?
La photographie du Vietnam débute avec l'arrivée des Français dans le pays. M. Dang Huy Tru est considéré comme « l’ancêtre » de la photographie du Vietnam. Il ouvre la boutique de photographie « Cam Hieu Duong » en1869 à Hanoï.
En 1953, le président Ho Chi Minh signe un décret sur l’établissement d’entreprises de cinéma et de photographie, marquant l'ère du développement de la photographie au Vietnam.
Pendant la période de la guerre, la photographie de presse était la plus représentée, dominée par des correspondants de guerre renommés comme Luong Nghia Dung, Doan Cong Tinh, Nam Mai. Mais ces photos de guerre étaient également utilisées à des fins de propagande politique, et ne montraient pas la perte, le sacrifice et les larmes des soldats Vietnamiens. A la fin de la guerre, en 1975, la photographie d'art fait son apparition.
L’association des photographes Vietnamiens adhère à la Fédération Internationale de l’Art Photographique (FIAP) en 1991, marquant une nouvelle étape dans l'histoire de la photographie au Vietnam.
Plusieurs photographes vietnamiens participent aux compétitions de la FIAP. Le slogan de cette fédération est : « la photographie amateur à travers le monde ». Elle propose de belles photos, sans implication politique, grâce à un traitement des conflits esthétisé. D'autres photographes ne s’intéressent pas beaucoup à la FIAP mais choisissent tout de même de mettre à l'épreuve leur travail dans d'autres compétitions mondiales. Sans oublier un intérêt évident pour la photographie commerciale de la mode !
La photographie d'art au Vietnam emprunte des chemins plutôt expérimentaux. Nous manquons d'auteurs avec un style et une créativité propre, et de reconnaissance par des musées ou des grandes collections de par le monde, par des concours.
Malgré tout, il existe des jeunes photographes de presse ayant obtenu quelques succès, comme Maika Elan qui a remporté le premier prix de la photographie de presse mondiale en 2012, dans la catégorie « Question contemporaine », et qui a étudié la vie des personnes homosexuelles au Vietnam.
Le genre le plus populaire de ce pays est sans doute la photographie de « voyage », avec des jeunes enfants gardant des buffles, des paysages de montagne, des rizières, des personnes âgées des Hauts Plateaux du centre.
Comment la photographie au Vietnam a-t-elle évolué selon vous ?
La photographie se développe à une vitesse incroyable, surtout à l'ère numérique. Maintenant, n'importe qui peut prendre des photos avec un téléphone mobile. De nombreux téléphones récents sont plus rapides que les appareils professionnels.
Avec 3 millions de photos sur Facebook par jour, l'image devient populaire, à la limite de la saturation. Son pouvoir s'amplifie et il est de plus en plus difficile pour les artistes de se démarquer. Pour cela, il faut proposer quelque chose de vraiment unique et personnel.
La photographie contemporaine continue d'explorer la vie intime à travers des séries, pour mieux raconter une histoire. La technologie numérique crée des possibilités de création illimitée. Mais bien sûr, le talent de l'artiste reste indispensable.
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Quelles sont les grandes figures de la photographie Vietnamienne ?
Le style, le caractère forge l'art de la photographie. Mais comme je le disais, la photographie vietnamienne manque de personnalités fortes. Les photos de la guerre n’abordent pas vraiment le thème de la violence, et se cantonnent à la grandeur, l'optimisme, et la simplicité.
Les photos de presse évoquent la dureté de la vie, la pauvreté, la maladie, la douleur après la guerre, sans pour autant creuser en profondeur ces conditions de vie, et la tristesse qui en découle.
Vous avez gagné le prix de la photographie de Paris. Quelles images étaient montrés et que représente ce prix pour vous ?
Le prix de photographie de Paris (PX3) est une compétition qui permet de détecter les photographes émergents, d'introduire les artistes internationaux dans la communauté des artistes à Paris. Le jury était composé de plus de 30 membres influents dans l'industrie photographique, avec notamment des éditeurs photos du New York Times, de National Geographic, ou de Paris Match et des galeristes réputés.
Mes photographies de concours sont très variées, avec des portraits d'enfants, des nus, ...
J'ai aussi gagné d'autres concours, dont plusieurs aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. Mais PX3 est le prix que je préfère, car il mélange des influences classiques et d'autres plus contemporaines. Grâce au premier prix de Cirad (Centre culturel français de Hanoi), j'ai photographié Paris en 2002 et 2008 pour une exposition qui a eu lieu au Cirad.
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Vous avez gagné le prix de la photographie de Paris. Quelles images étaient montrés et que représente ce prix pour vous ?
Le prix de photographie de Paris (PX3) est une compétition qui permet de détecter les photographes émergents, d'introduire les artistes internationaux dans la communauté des artistes à Paris. Le jury était composé de plus de 30 membres influents dans l'industrie photographique, avec notamment des éditeurs photos du New York Times, de National Geographic, ou de Paris Match et des galeristes réputés.
Mes photographies de concours sont très variées, avec des portraits d'enfants, des nus, ...
J'ai aussi gagné d'autres concours, dont plusieurs aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. Mais PX3 est le prix que je préfère, car il mélange des influences classiques et d'autres plus contemporaines. Grâce au premier prix de Cirad (Centre culturel français de Hanoi), j'ai photographié Paris en 2002 et 2008 pour une exposition qui a eu lieu au Cirad.
Quels photographes Français vous ont marqués ?
Le plus impressionnant demeure le célèbre photographe Henri Cartier Bresson, père de l'expression « l'instant décisif ». Son image a une portée à la fois philosophique, informative et artistique.
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Un mot à propos de l'année du Vietnam en France ?
Au soir du 14 février, au fameux Théâtre du Châtelet à Paris, « l’année Vietnam en France » a été officiellement lancée avec le spectacle « La nuit de Lotus ». Il y avait les ministres de la Culture, des Sports et du Tourisme du Vietnam et plus de 2 000 spectateurs.
La France et le Vietnam ont une histoire commune. Et même s'il y a eu des moments douloureux, les deux pays ont toujours de l'intérêt et de l'affection l'un pour l'autre.
« L’année du Vietnam en France » est une occasion importante de mieux se comprendre. Pour les Français, cet événement offre la possibilité d'explorer un Vietnam en mutation, qui conserve une identité nationale tout en s'ouvrant sur le monde, avec un regard de plus en plus créatif. Ce qui importe par dessus tout est de renforcer l'amitié entre ces deux pays.
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