© Francis Roux / NOI Pictures
« La passion de la photographie m'a pris à l'adolescence lorsque j'ai eu entre les mains un vieux yashica que mon père n'utilisait plus depuis des années. J'ai continué à me passionner pour la photo argentique pendant de longues années tout en passant progressivement à l'ère numérique. Avant de quitter la France, j'étais menuisier charpentier et l'idée d'être photographe professionnel relevait clairement de l'utopie mais à nouvelle vie, nouveaux challenges et opportunités ! »
Depuis, Francis Roux est photographe pour l'agence NOI Pictures, à Hanoi. Entretien avec le photographe, qui donne sa vision du pays et de sa photographie, à l'occasion du hors-série d'Actuphoto sur le Vietnam.
© Francis Roux / NOI Pictures
Pourquoi avoir choisi l'agence NOI Pictures ? Le Vietnam ?
Après un long voyage en Asie du Sud Est j'ai finalement décidé de poser mes valises au Vietnam en 2009. Et dans un sens, la magie de ce pays est que même sans expérience ni diplôme, on vous accorde plus facilement une chance, à la faveur de votre motivation. Le hasard des rencontres m'a permis d'intégrer l’agence NOI Pictures en tant que stagiaire, six mois après mon arrivée. Au contact de ses photographes venant de divers horizons et cultures j'ai ainsi pu élargir mes connaissances, aguerrir mes compétences pour progressivement passer du statut de photographe amateur à celui de professionnel.
Comment vous situez-vous au sein du groupe de photographes de NOI Pictures ? Existe t-il une forme de travail d'équipe ? (notamment en ce qui concerne la photographie commerciale)
J'ai eu la chance d'intégrer l'agence alors qu'elle venait de souffler sa première bougie, ce qui m'a permis d'assister à son développement (j'y ai participé à mon échelle ! et j'y contribue encore de nos jours !). J'ai donc un lien affectif peut être plus prononcé que les autres photographes "représentés". Quelque part je considère ces derniers comme des pairs mais aussi un peu comme des poulains !
L'entente entre photographes est très bonne et ce n'est pas rare que nous nous retrouvions en dehors d'un cadre professionnel pour passer un peu de bon temps. Après il est vrai que le courant passe davantage entre français, pas seulement pour une histoire de facilité linguistique, mais aussi parce qu'il est plus dans notre culture d'échanger, de demander des conseils, d'émettre des critiques constructives. Nous fonctionnons avec un esprit plus collectif que les autres.
© Francis Roux / NOI Pictures
Quel regard portez-vous sur la photographie au Vietnam ?
Je trouve la culture visuelle au Vietnam assez naïve et kitch. Notre conception de la "beauté" n'est pas vraiment la même et ce n'est donc pas tout le temps évident de faire valoir nos choix "artistiques et personnels". Le marché manque quelque peu de structure et la clientèle n'a pas encore complètement saisi l'importance que pouvait avoir d'autres professions comme le directeur artistique, le styliste, l'assistant photographe, etc... Le photographe doit endosser encore bien trop souvent un ensemble de casquettes qui vont au delà de la photographie pure et dure et cela peut rendre une production frustrante et délicate à gérer !
Il y a peu de studios équipés de matériel réellement professionnel. Faire appel à un labo et/ou imprimeur relève presque à chaque fois du challenge tant la qualité et la consistance du produit/service fait encore défaut. Néanmoins, le Vietnam offre aussi une incroyable facilité pour travailler, en comparaison avec l’Europe. La force logistique, les réglementations plutôt souples permettent par exemple de fabriquer de toute pièce un embarcadère en bois au bord d'un lac pour les besoin d'un shooting, en moins de 24 heures !
© Francis Roux / NOI Pictures
Quel genre de photos seriez vous susceptible de faire en France, qu'est-ce qui changerait alors ?
Je pense que le marché de la photographie 360 degrés et visites virtuelles est plus structuré et développé qu'au Vietnam, ce qui me permettrait de pouvoir poursuivre et approfondir ce domaine dont j'ai fait une de mes spécialités. Je n'ai jamais connu le monde de la photographie professionnelle en France mais j'ai la conviction que ce serait dans un sens plus simple pour des raisons culturelles et linguistique mais aussi plus compliqué à cause de la conjoncture actuelle.
Un mot sur l'année du Vietnam en France ?
Je ne sais pas trop ce que les français découvriront du Vietnam en France, mais j’aime beaucoup cette idée d’échange bilatéraux. Nous vivons dans un monde où l'information est à la portée d'un clic sur une souris ou sur une télécommande mais je pense que c’est une bonne chose d’organiser des évènements ou des expositions pour inviter les gens à découvrir une culture sous un angle différent et via d'autres mediums.
J'ai souvent le sentiment que Le mot "Vietnam" réveille dans l'inconscient français une multitude de souvenirs coloniaux et clichés exotiques. Après cinq années passées dans ce pays, je confirme que oui, l'exotisme est de mise tous les jours mais le pays change également à une vitesse étourdissante, sa jeunesse est pleine de dynamisme et j'espère que cette échange permettra aux gens de revoir ou repenser différemment leur conception du Vietnam.
Site de Francis Roux : http://f-visuals.com/"
Agence NOI Pictures : http://f-visuals.com/"