© Sébastien Laval
« Photographe indépendant à Poitiers, je travaille pour des commandes diverses : agences de communication, collectivités locales, entreprises…
En 1995, j’ai eu la chance de pouvoir partir passer un mois au Vietnam pour effectuer un repérage… Coup de foudre.
J’y suis retourné 2 mois en 1997, puis plus régulièrement après.
En 2005 j’ai lancé ce travail sur les populations du Vietnam… »
Ainsi, le projet 54... de Sébastien Laval voit le jour, à propos des 54 ethnies qui existent au Vietnam. Après une exposition au Musée des Beaux-Arts de Ho Chi Minh Ville en janvier dernier aux côtés de Le Vuong, et au Musée d'Aquitaine de Bordeaux, c'est prochainement à l'Orangerie du Sénat, à Paris, que l'exposition verra le jour.
A l'occasion du hors-série d'Actuphoto consacré au Vietnam, entretien avec le photographe qui raconte sa passion pour le pays et sa culture.
© Sébastien Laval
Pourquoi la photographie ? Comment êtes-vous arrivé à la photographie?
J’ai découvert la photographie en seconde après que mon grand père m’ai donné un vieil agrandisseur, je m’ y suis mis et durant mes années de lycée j’ai fait beaucoup d’images. Le bac en poche, j’ai passé une année à la faculté de Poitiers toujours en faisant beaucoup d’images, puis j’ai été assistant dans un studio/labo à Paris pendant plusieurs mois.
En octobre 1993, je me suis installé comme photographe à Poitiers.
Pouvez-vous nous expliquer votre exposition 54... : comment est née l'idée de ce projet et comment s'est-il organisé ?
Ce projet est né d’un constat : durant plusieurs voyages dans diverses région du Vietnam où j’ai rencontré plusieurs populations, je me suis aperçu que les modes de vie des ces personnes étaient en train de changer avec le développement du pays. C’est donc tout naturellement que je me suis dis qu’il fallait partir à leur rencontre afin de garder une trace des ces diversités, avant que la mondialisation et l’uniformisation du Vietnam n'effacent cette incroyable richesse culturelle.
En 2005, je me suis rendu dans la province de Ha Giang au nord, afin de réaliser des images de l’ethnie Pathen. J’y suis retourné puis ai montré ce travail au Musée d’ethnographie de Hanoi en 2006.
La réaction du public qui découvrait plus profondément cette population m’a convaincu dans ma démarche. En effet, la presse Vietnamienne est ensuite allée faire des images, ce qui a permis de faire découvrir ces personnes, dont on ne parlait jamais avant.
© Sébastien Laval
Est-ce une exposition collective? Quel est le rôle de Le Vuong ?
Le projet est un projet personnel, mais les images sont montrées en collaboration avec les images de Le Vuong, un photographe francophone Vietnamien de 95 ans, qui a parcouru le Vietnam durant une grande partie de sa vie, l’appareil en bandoulière.
Dans le cadre de la saison croisée France Vietnam Nam Viet Nam Phap, croiser deux regards était intéressant. De plus, son travail daté dans le temps est réalisé en couleurs, le mien plus contemporain en N&B… Je le rencontre régulièrement à Hanoi pour le choix des images, son fils fait le lien car il est maintenant très vieux.
Pourquoi avoir voulu l'exposition comme itinérante ?
L’exposition 54… est un projet qui ne sera par définition jamais terminé car interminable.
Il me permet en revanche de montrer par plusieurs expositions et ce depuis quelques années en France mais principalement au Vietnam, ces populations à travers des visages et des scènes de vie.
Le montrer à différents stades et dans différents lieux permet de toucher un large public et de s’adapter aux lieux.
© Sébastien Laval
L'exposition a débuté au Musée des Beaux Arts de Hô Chi Minh, pourquoi ? Quelle a été la réaction du public ?
L’exposition dans une forme aussi étoffée a été montrée en effet dans le cadre des cérémonies de la clôture de l'année de la France au Vietnam, en décembre dernier. Mais également au Musée d’Aquitaine de Bordeaux. Pour ces deux rendez-vous, il manquait des populations que je n’ai pas encore rencontré… J’y pars cette semaine.
Elle le sera aussi à Poitiers en mars et avril, mais aussi au Festival International de Hue du 12 au 20 avril sous une forme particulière, puisqu’il s’agira d’une installation en collaboration avec la Compagnie Carabosse, qui illuminera de 5000 pots de feu le pont et les tirages seront installés sur le Pont Trang Tien de Hue.
Quelle est la place de la photographie au Vietnam ?
Il y a plusieurs aspects : dans chaque famille Vietnamienne, dans chaque maison, on voit des photos accrochées sur les murs. Photos de famille, photos plastifiées. Elle est donc présente partout. Aujourd’hui, avec les smartphones et le numérique, la photo est très répandue et partagée via les réseaux sociaux.
Puis, il y a la photographie artistique, avec une génération nouvelle qui succède à plusieurs grands noms de la photographie Vietnamienne, Dao Hoa Nhu, Le Vuong…
Le photographe Phan Quang (Journal Intime d’un fermier) ou encore la jeune photographe Maika Elan qui a par exemple reçu le premier prix “ Comptempory Issues Stories“ au Worl Press Photo 2013, incarnent par exemple un mouvement photographique contemporain au Vietnam.
© Sébastien Laval
Quel est pour vous l'intérêt et l'ampleur de l'évènement « L'année France-Vietnam » ?
Il s’agit de faire connaître au public les échanges entre les deux pays. Deux pays qui ont une histoire commune. Et ce tant sur le plan des relations économiques que culturelles. Il est important de faire savoir que le Vietnam se développe, se modernise.
Quel regard portez-vous sur le Vietnam d'aujourd'hui ?
Le Vietnam est un pays surprenant, où tout est possible. Depuis 19 ans, je le vois évoluer, se développer. Et avec ces transformations, il reste un pays avec des valeurs très fortes, authentiques, et avec une diversité culturelle incroyable. Je suis à chaque passage surpris par ce que je vois, toujours étonné.
© Sébastien Laval
Quel message souhaitez-vous délivrer à travers vos images?
Le message premier est probablement un message humaniste, avec la volonté farouche de vouloir faire en sorte que les gens se rencontrent, se découvrent.
C’est l’histoire qui me lie avec le Vietnam, tout est parti d’une rencontre qui en a entrainé une autre puis d’autres et ainsi de suite…