© Reza
« Depuis dix ans, Nespresso et Rainforest Alliance unissent leurs efforts pour aider les fermiers de nombreux pays à produire des cafés d’une qualité exceptionnelle, selon des procédés respectueux des exigences du développement durable » explique Jean-Marc Duvoisin, directeur général de Nespresso, décrivant de la sorte le programme AAA mit en place depuis 2003 par la firme dans divers pays. Or, dans le cadre du dixième anniversaire du projet, la firme publie un livre, Chants de Café, en association avec le photographe Reza et sa femme, l'auteur Rachel Deghati. C’est pour eux l’occasion de témoigner de la condition des fermiers du café au Brésil, en Colombie, en Ethiopie, au Guatemala et en Inde.
Avec ce livre et son exposition jumelle (Du 26 juin au 8 septembre sur les berges de Seine et dans toutes les boutiques de la marque) la firme illustre son nouvel engagement. Mais Chants de café serait-il une stratégie marketing d'écoblanchiment ou une preuve de philanthropie?
© Reza
© Reza
Deux années plus tôt, le fabriquant de café était accusé par une ONG Suisse, Solidar, de ne pas proposer de café équitable. Cette filiale de Nestlé dont le siège est en suisse à Lausanne et dont les résultats sont proches de ceux de l’industrie de luxe (un chiffre d’affaire de plus de 4 milliards de Francs Suisse en 2012) décide alors mettre en avant son label écoresponsable.
En juillet dernier, celui-ci annonçait un nouveau partenariat avec Harriet Lamb, PDG de Fairtrade International, axé sur « l'amélioration de la qualité et de la durabilité pour les agriculteurs et leurs communautés » comme l’indique le site de Fairtrade.
Et c'est ce dont atteste le livre, grâce à une série d’une centaine de clichés illustrant les textes de Rachel Deghati et scindés en trois chapitres qui suivent l’évolution du café : « Semer », « Œuvrer », et « Récolter ».
A travers son texte, celle-ci développe plusieurs pensées qui naissent au fil de leurs voyages, quatre mois durant lesquels ils purent appréhender le métier de cultivateur de café, quatre mois de rencontres. Grâce à une plume poétique, à la première personne du singulier, elle raconte les soirs de fêtes, le travail passionné et la quiétude du foyer au sein du programme.
Le tout fait face à de somptueuses photographies aux couleurs intenses signées Reza. Portrait d’une femme perchée sur le toit du monde, des hommes chapeautés, aux regards nobles et aux mains abimées, beaucoup de grains de café et de sourires, d’enfants et de couleurs, soulignés par une lumière qui sublime le tout.
© Reza
© Reza
Un autre problème était celui de l’emprunte écologique des capsules celles-ci n’étant pas recyclables pour la plupart. On parlait à l’époque d’une tasse de café équivalent en émissions de CO2 à une voiture roulant sur 156 mètres. Mais Nespresso ne s'arrête pas là et promet trois engagements d’ici la fin 2013 : « 80% des cafés Nespresso proviendront du programme AAA pour une Qualité Durable et des fermes certifiées par Rainforest Alliance ». En second lieu, la société Suisse « mettra en place un système capable de tripler ses capacités de recyclage des capsules usagées à hauteur de 75% ». Et enfin, elle « réduira de 20% l’empreinte carbone liée à la réalisation de chaque tasse de café » . What else? Ce livre, Chants de café, authentique preuve de tant de bonne volonté.
La rencontre des photographies et du texte dresse un portrait de la situation, et permet une grande empathie pour ces cultivateurs de café tout au long des 250 pages. Peu importe que l’humanisme soit un moyen ou une fin, le programme AAA permet une vie plus décente à de nombreux fermiers et fermières. Et pour entériner son ecoresponsabilité Nespresso clôt le livre sur des témoignages qui avèrent l’aspect vertueux de la campagne.
© Reza
© Reza
Outre la visée de la firme Suisse, Chants de café s'inscrit dans la démarche humaniste du photojournaliste iranien, dans la continuité de ses nombreuses odes à l’humanité Entre guerres et paix en Afghanistan, Irak et Iran, Femmes, entre luttes et grâce ainsi que Algérie qu’il réalisa avec Yasmina Khadra. Et en réalité, la seule implication de cet homme bienveillant est un gage d’altruisme.
Le livre est en réalité pourvu d’une seule mission énoncée par Reza lui-même, « J’espère que ce témoignage photographique permettra à chacun de voir dans son café quotidien le visage de l’être humain qui a contribué à son élaboration ».
Laura Kotelnikoff Béart
Chants de café, photographies de Reza, textes de Rachel Deghati
Editions Michel Lafon
22 x 16 x 2 cm / 250 pages
19.95 €