Couverture © Agnès Pataux / Flammarion
Agnès Pataux photographie depuis 1978. D'abord paysagiste, elle s'intéresse de près à la condition des paysans. Depuis 2005, elle parcourt le Cantal et l'Aubrac pour poursuivre son travail de portraits de célibataires en milieu rural.
Agnès Pataux a photographié des célibataires sur leurs terres, au milieu des collines de Clare en Irlande, dans les vallées du Puy Marie dans le Cantal, sur les contreforts de l'Aubrac jusqu'aux estimes du Cézallier.
Elle va à la rencontre de ces hommes et femmes qui n'ont, pour la plupart, connus depuis toujours que leurs hectares de terres. Ces célibataires sont à la fois les proies faciles de la solitude régnant dans le milieu rural, mais aussi de la disparition progressive de ces domaines agricoles.
Rémy Cayrel, Les Ginestes, Aubrac, 2008 © Agnès Pataux / Flammarion
Nombre d'entre eux n'ont jamais quitté la maison familiale. D'autres habitent fréquemment avec leurs frères et soeurs, eux aussi célibataires. Sans enfants, sans femmes ni conjoints, ils ont accepté d'ouvrir leur intimité à la photographe.
Agnès Pataux s'est évertuée à redéfinir le mot "célibataire", dont la connotation peut parfois être péjorative.
Les frères et sœurs Guillaume, Bernadette, Bernard, Fernand et Marie-Jeanne, Haut-Bagnac, Cantal, 2005 © Agnès Pataux / Flammarion
Sous-entendant une présence solitaire, un visage ravagé par le temps, un caractère asocial, l'éclairage utilisé par la photographe révèle l'extrême douceur de leurs traits esseulés.
L'ouvrage Célibataires d'Agnès Pataux, aux éditions Flammarion, présente exclusivement des photographies en noir et blanc, au format carré. La photographe met en évidence tout un monde où elle place l'humain au centre de sa photographie.
Lucien Arnal et sa mère Juliette, Anglards de Salers, Cantal, 2005. © Agnès Pataux / Flammarion
La nudité du fond, volontaire, met d'autant plus en exergue la présence silencieuse et les facettes secrètes de ces femmes et hommes dont est dépeint généralement un portrait bien différent.
La dureté du monde rural et du labeur, auxquelles se confronte quotidiennement ces agricultures, deviennent évidents à la vue de ses photographies, Peu de femmes, beaucoup d'hommes.
Véronique Albaret, Aubejac, Cézallier, 2011. © Agnès Pataux / Flammarion
Chaque regard porte à la fois l'empreinte d'une longue attente et la marque d'un espoir infini.
La préface de l'ouvrage, rédigée par le philosophe Alain Badiou, explique avec lyrisme la démarche de la photographe et recontextualise la situation que subissent ces agriculteurs du 21ème siècle.
Roland Auguy, Born, Aubrac, 2009. © Agnès Pataux / Flammarion
L'ouvrage Célibataires d'Agnès Pataux sort de l'oubli une catégorie sociale minoritaire, dont la société actuelle, se voulant capitaliste, ne considère plus l'existence ni les attentes.
Célibataires, Agnès Pataux
Editions Flammarion
26 x 25 cm
127 pages
40 €
Kenza Chaouni