© Zarko Vijatovic
Zarko Vijatovic, né aux Etats-Unis, a fait ses études en Croatie et travaille maintenant à Paris. Le photographe a donc de nombreuses influences, mais la grande majorité de son inspiration provient de la Croatie.
Diplômé de l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Zagreb, l'artiste s'est tout d'abord intéressé à la peinture, puis a commencé à envisager la photographie en tant que médium d'un art conceptuel.
Après deux expositions personnelles, l'une au Salon d'Exposition de Dom JNA à Zagreb en 1988 et l'autre en 1995 à l'Espace Paul Boyé à Sète, il commence à associer de plus en plus photographie et peinture : « Pour moi, la photographie était au début le support de mes projets conceptuels, pour devenir progressivement le moyen de la représentation du réel. Depuis une vingtaine d’années c'est mon unique moyen d’expression. »
© Zarko Vijatovic, Série Zagreb
Une affection particulière pour la Croatie
Dans les années 1980, il poursuit son travail artistique dans la capitale croate, en étant directeur d'une galerie pendant onze années. En tant que commissaire, il y réalise un nombre important d’expositions personnelles et collectives.
Depuis qu'il vit à Paris, Zarko Vijatovic maintient sa volonté d'impliquer des artistes croates dans son travail. Ainsi, avec la galerie parisienne Frank Elbaz, il a présenté ces trois derniers années des expositions du groupe Gorgona, Mangelos, Josop Vaništa, Tomislav Gotovac et dernièrement une exposition personnelle de Julije Knifer à Art Basel.
© Zarko Vijatovic, Série Zagreb
Après avoir passé l'intégralité de sa scolarité à Rijeka et à Zagreb, Zarko Vijatovic garde donc un attachement fort avec la Croatie. « [C'est] le pays où j’ai rencontré des artistes, des historiens d’art et des écrivains grâce auxquels j’ai aujourd’hui une culture qui m’est propre. Dans les années 1980 j’ai côtoyé des intellectuels qui m’ont beaucoup influencé. » Il garde aujourd'hui encore beaucoup de relations avec ses contacts croates, lui permettant ainsi de poursuivre un échange intellectuel et artistique avec ce pays.
Des influences croates
Le photographe s'intéresse à la scène artistique de Zagreb des années 1960, 1970 et 1980, qu'il considère très importante dans le contexte européen. Il a donc eu l'occasion de fréquenter des artistes comme Josip Vaništa, Julije Knifer, Mangelos ou Tomislav Gotovac qui sont aujourd'hui approchés par d'importants musées internationaux. La photographie croate est encore trop peu connue à l'étranger malgré l'existence d'une longue tradition. En effet, il y a eu des grands noms croates comme Tošo Dabac durant la période d'entre deux guerres, puis, après-guerres, d'autres figures comme Milan Pavić, les frères Brkan, Peter Dabac, Boris Cvjetanović, Ivan Posavec ou Mio Vesović.
© Zarko Vijatovic, Série Zagreb
Zarko Vijatovic déplore donc qu'en Croatie la photographie n'ait pas la même place qu'en France : « Il n’y a pratiquement pas de marché pour la photographie. Une seule galerie est spécialisée en photo : "Foto Lang" à Samobor, dirigée par l’historien d'art, Želimir Koščević. Cependant, l’intérêt pour la photographie est très important. J’étais récemment le membre du jury du Prix Photodays à Rovinj. J’étais impressionné par le nombre de candidats et la qualité des images proposées. »
À la fois acteur et spectateur du milieu artistique croate, Zarko Vijatovic cite Tošo Dabac comme inspiration. « Je [le] considère comme un grand maitre, malheureusement connu que par quelques spécialistes. La raison pour laquelle il reste très mal connu en dehors des frontières croates est que peu de monographies ont été éditées. Pourtant, ses archives sont considérables, et bien conservées. »
© Zarko Vijatovic, Série Zagreb
La question de l'entrée dans l'Union européenne
Par rapport à l'entrée de la Croatie dans l'Union européenne, le Croate d'adoption n'est pas spécialement convaincu du changement que cela pourrait amener : « L’union européenne connait actuellement une crise politique et économique très profonde. Elle est conditionnée par les activités spéculatives des banques américaines. Les Etats membres de l’Union européenne ont versé des sommes monstrueuses au secteur financier. Aujourd’hui, les contribuables sont obligés de rembourser la dette. Il est clair que ce sont les pays les plus pauvres de l’Union Européenne qui ont le plus mal à faire face à la crise. La Croatie, qui a elle-même des difficultés financières, ne peut pas s’attendre à une aide notable. Selon moi, l’entrée de la Croatie en Europe s’opère à un moment particulièrement défavorable. »
© Zarko Vijatovic, Série Zagreb
Des envies et des projets
Un de ses thèmes privilégié est le brouillard : « C’est le moment où la nature se comporte comme un artiste. Le brouillard efface tout ce qui n’est pas important, et la nature devient une sorte de composition artistique toute prête. À Paris, les jours de brouillards sont très rares. J’ai beaucoup de chance parce que j’habite près de la Villette et du Canal de l’Ourcq. Si le matin je vois le brouillard se profiler, j’arrête toutes mes autres activités et je sors avec l’appareil photo. Cela n’arrive que trois ou quatre fois par an. »
© Zarko Vijatovic, Série Zagreb
Zarko Vijatovic apprécie travailler sur des projets pendant de longues périodes, comme lorsqu'il a photographié l'artiste Julije Knifer ou Tomislav Gotovac pendant plus de dix ans avant de les exposer.
Pour ces futurs projets, le photographe, passionné de livres, aimerait se diriger vers l'édition, particulièrement pour des monographies photographiques. « Je pense que le livre est peut-être la meilleure façon de montrer les images. Et puisqu’avec le numérique l'édition est devenue financièrement accessible, il est possible de se passer de l’éditeur et de réaliser soi-même les livres dans les éditions limités. »
Zarko Vijatovic confie photographier beaucoup mais exposer assez peu, gardant à l'esprit une leçon d'un de ses professeurs aux Beaux-Arts : « [Il] nous a enseigné que la répétition est la méthode la plus primitive d'une œuvre d'art. »
© Zarko Vijatovic, Série Zagreb
Photographies et vignette © Zarko Vijatovic
Chloë Rebmann
