© Olivier Cablat
Dans le cadre de la troisième édition de la Carte Blanche PMU, le Bal a exposé le lauréat, Olivier Cablat avec Fouilles. Après des études d'ethnologie, de peinture et de photographie, Olivier Cablat a travaillé pour le CNRS en Egypte comme photographe. Tous les éléments étaient donc réunis pour faire de lui un véritable archéologue du PMU. « Il s'agit d'aborder un univers qui m'était inconnu dans la posture d'un archéologue qui opérerait une campagne de fouille, sans savoir par avance ce qu'il va y trouver, » explique-t-il. Quoi de mieux que de repartir dans le passé pour comprendre une pratique contemporaine. L'étude du Pari Mutuel Urbain (PMU) passe donc par « les trois grands champs de l'histoire de l'art : le portrait, le paysage, la nature morte ». Olivier Cablat détaille sa chaîne opératoire.
© Olivier Cablat
Fouilles, c'est une présentation du PMU par un photographe loin d'être un turfiste (comprenez, un amateur de course de chevaux). Le nom de l'exposition donne donc le ton. Olivier Cablat enfile sa blouse et ses gants et part à la découverte d'un monde qui lui est inconnu « mais aussi familier car il a en commun certaines spécificités avec l'univers du football, de la corrida, de la messe ou des casinos. Un monde qui présente également une forme de mixité sociale et culturelle assez exceptionnelle. »
Le sous-sol du Bal est quadrillé. L'exposition se décompose en plusieurs sections. La première propose, à travers des gifs animés, une étude de mouvement du cheval, « en écho aux œuvres de Géricault ou Muyrbidge, » explique le photographe-archéologue. Puis l'exploration se poursuit à travers une projection de paysages de bars PMU, réalisée grâce à des images Google Street View. « J'ai choisi les bars dans l'annuaire en fonction de leur nom, je suis ensuite allé sur internet collecter des fragments de ces paysages pour les recombiner avec les mêmes outils de reconstitution utilisés en archéologie. »
© Olivier Cablat
L'historien expose ensuite divers objets qui se révèlent être des indices précieux pour décoder cet univers. Porte-clé, briquet, ouvre-bouteille, « les objets présentés en très grand format emprunte également un mode de mise en valeur propre à l'archéologie, une reproduction photographique épurée et décontextualisée ». Ces vestiges permettent de mieux comprendre les gestes et les rituels relatifs au PMU.
La partie la plus captivante est sans doute celle de « l'Etude de caractère » où Olivier Cablat présente une série de portraits réalisés dans de nombreux hippodromes de la région parisienne. « Les portraits sont traités de manière à isoler le contexte vis à vis des personnages, et provoquer ainsi une lecture plus directe et moins sociale. » Certains portraits présentent une personne, sur d'autres, cette personne est détourée et sortie de son contexte. Ne reste plus que le décor.
© Olivier Cablat
© Olivier Cablat
Un générique vient clore l'exposition, des centaines de noms de chevaux défilent sur un mur. « Le caractère inapproprié des mots employés pour nommer ces chevaux documente une infime fantaisie propre à l'univers hippique, et devient une forme de poésie accidentelle. »
Les chevaux semblent être les grands absents de cette exposition, même si Olivier Cablat l'assure « si vous regardez de plus près, il y a 910 chevaux : 900 noms, 9 chevaux numériques animés et un pin's agrandi ». Une manière subtile de présenter « le vecteur commun à la présence des portraits ». Avec Fouilles, Olivier Cablat nous présente donc son âge de fer à lui.
© Olivier Cablat
Photographies et vignette © Olivier Cablat
Clémentine Mazoyer
Louise Leclerc