Patrick Galais © Catherine Merdy
Patrick Galais est originaire du Havre, son parcours scolaire est celui d'un gaucher contrarié, avoue-t-il, les difficultés s'enchainent et il est viré de l’école à 17 ans.
L'année suivante, il effectue un apprentissage dans la sérigraphie et le graphisme, puis une formation d'art thérapie « où l'artistique n'apparait que peu », et décide, avec quelques autres, de la quitter avec perte et fracas.
Par la suite, dans les années 80, il fait une tentative dans le photojournalisme. La presse parisienne lui demandait de montrer les banlieues et les voitures brulées alors qu'en connaisseur de ces quartiers il a conscience que c'est un mensonge. Son dernier reportage correspond à un meeting de Jean Marie Le Pen, la goutte d'eau faisant déborder le vase, il arrête et part vivre à Toulouse où il a des amis étudiants en architecture.
Il y pratique la photographie d'architecture, quand a lieu la grande reforme de la manutention portuaire qui le pousse à retourner au Havre pour travailler sur la désertification des sites industriels.
Tout commence alors....
Construire © Patrick Galais
Les origines du Sténopiste
Mais pour comprendre sa pratique, il est essentiel de revenir à ses origines. Son premier contact avec la photographie, il l'a avec son grand père, photographe anonyme et portraitiste «officiel » de leur famille. Ainsi, les événements clefs de leur vie sont figés par ce viei homme :
« Il y avait un moment où l'on faisait la photographie de l’événement et le temps s’arrêtait. Petit, on ne sait pas ce qu'il se passe, pourquoi tout le monde s’arrête de vivre, le grand père sort le trépied, il ne faut pas bouger, vitesse lente, en intérieur.... Cela me fascinait sans vraiment savoir pourquoi, le temps changeait.
Une photo notamment, une table, le repas du dimanche, tout le monde pause et il y a un personnage qui met la tête à l’intérieur de la table, il regarde l’appareil, c'est mon grand père qui vérifie si le retardateur est remonté.
Et puis un jour il m'a donné son appareil. Ce n'est que plus tard, à 30 ans que je me suis demandé pourquoi. Cette passation poétique a marqué ma vie.
En fait, il perdait la vue et ne pouvait pas continuer avec cet appareil. Il s'est alors acheté un des premiers autofocus, je ne crois pas qu'il était conscient d'avoir tracé ma destiné. »
L'homme cherche dans la photographie un rapport au monde diffèrent, un côté décalé que permet la photographie mais également un côté permissif.
Il est doué d'une rigueur, fait peu de photographies, mais réfléchit beaucoup son propos, pose les choses, les décortique. Il observe sa photographie mais aussi l’Histoire de la photographie.
Cela étant certainement dû au fait qu'il soit autodidacte, il s'est fait sa propre culture en fonction de besoins, de rencontres... L’absence de reconnaissance officielle est souvent la cause d'une nécessité de poser intellectuellement et physiquement avec bien plus de force que les autres. L'unique façon de se tenir debout est d'être assuré de ses appuis.
L'homme multiplie les vertus, altruiste, humaniste, existentialiste, et autant d'expériences preuves à l'appuie :
En 1994, au Havre, il réalise un travail sur les banlieues, et révolté du visage qu'on leur prête, du mensonge que les médias répandent, il décide de donner des appareils photos à plusieurs enfants des cités. A la fin du projet est organisée une exposition avec des développements, « très grand format et très intime et pourtant il n'y avait rien de gênant, de voyeur, car cela venait de l’intérieur, c'était leur propre regard sur la cité. »
Construire © Patrick Galais
Ensuite, cet amoureux des dispositifs, alors qu'il travaille dans le spectacle vivant, organise un studio de portrait ambulant. Il en dit ceci : « J'ai mis en place un projet sur la difficulté qu'on peut avoir avec le corps et l'image de l'autre. Je suis parti avec un tapis de salon, je réfléchissais à un dispositif. Le tapis est un espace délimité, ce n'est plus le béton et c'est agréable au toucher, donc plus intime. Je m'installe sur une place, il y a des tirages au sol, et j'attend. Les gens passent, puis viennent me voir et nous commencons, tout simplement. »
Il parvient à créer un univers, une intimité avec les êtres, douce et rassurante. Puis, au moment des décrochages, ses modèles venaient afin de récupérer leurs tirages, mais l'attente nécessaire au séchage des clichés était l'occasion de discussions permettant de recréer un lien social. L'opération fut répétée dans des intérieurs, là où se trouvent déjà les tapis de salon..
Plus tard, en 2000, avec le collectif Oscura, ils parviennent à monter un projet sténopé européen « Vues Imprenables » sur 5 villes du pourtour méditerranéen : Barcelone, Palerme, Napoli, Valencia, Marseille.
« Typiquement urbain, communautaire, le projet abordait la revalorisation de quartiers historiques mais l'on s'est rendus compte que nous étions l’allié culturel d'un phénomène désagréable : la gentrification. Nous avons décidé de l'utiliser jusqu'au bout. On a commencé à 5 on a fini à une centaine, et le jour de la restitution, en 2000 ou 2002 à Marseille, au théâtre du Merlan, devant le colloque d'urbanistes, de politiciens... Il y avait une grosse exposition et on a fait monter sur scène les gens du quartier pour présenter le projet à notre place et ils se sont retrouvés là, devant tous, en disant qu'ils ne voulaient pas partir de ces quartiers. On s'est sentis piégé au départ, mais on a retourné la situation... C'est en tout cas comme cela que je l'ai analysé à l'époque. »
Cet épisode est essentiel dans la bonne compréhension de l'oeuvre de Patrick Galais, l'humanité est au centre. Et c'est véritablement l'essence de son projet en Palestine. En effet, l'homme estime que la photographie nécessite de prendre en main ses responsabilités, de dénoncer, militer, faire changer les choses.
Construire © Patrick Galais
Les ateliers participatifs en Palestine
L'étincelle qui a permis le projet en Palestine est une rencontre. Dans le cadre d'une formation-sténopé avec des jeunes femmes d'un collectif de Rouen, l'une d'elles lui apprend qu'elle part à Ramallah dans le cadre d'une mission civile volontaire.
« J'ai commencé comme ça. J'ai failli ne pas pouvoir y aller, et j'ai cru mourir (rires).J'ai démissionné d'Oscura et je suis parti. »
Le premier atelier a lieu dans le village du fondateur du Hamas, l’accueil, musulman, qui lui est fait est très chaleureux.
« Je ne pouvais pas passer la frontière à Tel Aviv avec le matériel donc j'ai demandé à tout le monde de me trouver ce dont j'avais besoin. Mais mes contacts de Ramallah avaient du mal à trouver le tout car ils ne pouvaient pas aller à Jérusalem. Finalement, on m'a donné une adresse à Jérusalem Ouest, et cela a débuté aussitôt. ».
Peu à peu, les habitants des villages voisins entendent parler de son atelier, et veulent voir ce photographe français faisant des photos avec des boites de conserve usagées.
Le sténopé en Palestine permet l'impossible grâce à sa simplicité technique :
« Une boite de conserve dans laquelle on fait un gros trou. On le couvre de papier d’aluminium et on réalise un trou d’aiguille à l’intérieur. Le tout avec un couvercle en aluminium renforcé. »
De plus, son aura donne naissance à une ambiance toute particulière, qui n'est que renforcée par L'homme qui le pratique, Patrick Galais.
Cette alchimie permet une proximité avec les palestiniens, elle abat les murs.
« Le rapport est différent en tant qu'étranger, français, photographe, un « mec » avec des « trucs » bizarres, une boîte, un labo de fortune, des déambulations d'1 heure, 15 secondes de pause... c'est attractif, parce que diffèrent. Et puis, tout est rattrapable, il n'y a pas de jugement de valeur avec le sténopé, pas vraiment d’échecs à rattraper avec les gens...»
Construire © Patrick Galais
Ainsi débute le projet, mais étonnement, tout commence quand il repart.
En France, il tire les cliché de façon plus poussée et réalise leur qualité. Envahi par une forte volonté d'y retourner, il décide d’appeler le consulat français à Jérusalem.
Deux mois plus tard, ils organisent la première exposition ainsi qu'un atelier de sténopé, en lien avec la faculté de Naplouse.
Mais il tient véritablement à ce que les gens du village, qui sont les photographes, soient là à Rammalah.
« Car avec le sténopé il n'y a plus de photographe, c'est participatif, quelqu'un pause, un autre tien la boite, un troisième enlève le cache, un quatrième chronomètre... C'est véritablement communautaire comme pratique. »
Ils font venir 60 personnes environ, grâce à 4 minibus, au Centre culturel français de Ramallah, un endroit « hype », une fierté pour tous.
L’expérience s'est reproduite par la suite, à commencer par un camp de réfugiés au Nord de Naplouse. Il résidât durant 15 jours dans ce camp afin de réaliser des ateliers sténopé, et de formation pour des animateurs, et tous les soirs il dormait dans une famille différente.
Patrick Galais parle de partage, de communion, de fraternité, le sténopé créé un rapport aux êtres en Palestine. D'autres ateliers de formation, informels ou non, ont par la suite continués dans tous les territoires.
Le projet « CONSTRUIRE »
La dimension humaine, le sténopé, lie définitivement Patrick Galais à la Palestine, il se met à son service.
Pour Patrick Galais, faire des images qui vont sortir d'un pays d'où eux ne peuvent sortir, est important. Cela permet une visibilité, la Palestine se met à exister grâce à ses preuves photographiques, et d'autre part à l'instant T, le sténopé leur fait oublier leur vie l'espace de 15 secondes, d'une déambulation, d'une prise de vues.
Mais il en vient, au delà des ateliers, à se poser la question du « Comment faire image?».
«Comment traiter ces sujets ? Je ne voulais pas du photojournalisme, montrer une vieille femme au check point ne m’intéresse pas, il faut trouver une autre histoire à raconter, pour faire évoluer la situation.
Et j'ai trouvé cet angle sur les bâtiments. J'ai toujours eu un « truc » avec les bâtiments, avec la destruction. Je pense que cela vient de mon enfance, des bombardement et de la reconstruction du Havre, tout cela est lié.
Ce n'est pas pour cela que je me retrouve dans une situation de guerre, mais c'est certainement ce qui m'a poussé à interroger la mémoire des bâtiments, et puis, j'ai un blocage, je ne parviens pas à photographier les personnes, avec un appareil photo, je suis pudique. Je m’excuserai presque d’être la même si cela va beaucoup mieux. »
Construire © Patrick Galais
Peu à peu, le projet de sténopé en Palestine donne naissance à une nouvelle dynamique. Il a débuté avec des ateliers, il a attendu et a mis en place son point de vue, le projet Construire. Cela pose la question de comment construire ce pays? Comment se construire soi, en tant que Palestinien?
Pour Patrick Galais, « Cela s'applique particulièrement en Palestine, les histoires des territoires, la construction, les destructions, cela fait beaucoup de bruit ici. Les bâtiments ne bougent pas, ne se terminent pas, une construction suspendue et parfois un abandon.
il y-a donc un enjeu territorial fort avec le bâti, et donc avec le vivant. Un des principaux phénomènes est la construction de colonies. Pour moi, il était hors de question d'aller au sein de l'une d'elle, c'est beaucoup de violence, tu ne rentres pas facilement à l’intérieur, celles près de Jérusalem tu peux rentrer dedans, mais sur les crêtes, dans les collines Palestiniennes non. »
Il écrit, en parallèle de la photographie, un texte à propos de la situation en Palestine, et lors de la relecture, il réalise qu'il a peu à peu purgé son texte de toute forme d'engagement pour laisser place à une kyrielle de termes ministériels visant uniquement la subvention. Perdu, il réalise qu'il se dévoie, et se met à critiquer la posture purement documentaire afin de lui échapper, seule possibilité pour lui de s'engager pleinement. Il explique avoir« besoin d'intimité, et c'est pourquoi la photographie distanciée, avec la posture du documentariste, n'est pas tenable pour moi, ce n'est pas mon histoire, je ne suis pas issu de l'école de Düsseldorf plaisante-t-il. De plus, quand tu es confronté à une telle réalité, tu as beau établir une stratégie, vient un moment où tu n'y arrives plus. »
Ainsi, avoir un discours n'était pas évident pour lui, il développe une forme de malaise, d'inhibition jusqu'au visionnage d'un film qui le libère et lui permet une forme de militantisme apolitique mais pro-humanité.
« En France, j'avais vu « Valse avec Bachir », et je trouvais ce film israelien acceptable, puis je l'ai revu à Ramallah, au centre culturel, avec des gens d'Arte France et des réalisateurs de cinema palestinien.
« Valse avec Bachir » est l'histoire de la culpabilité d'un appelé israélien ayant participé, indirectement ou non, cela dépend du point de vue, au massacre de réfugiés palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila. En regardant le film à l'intérieur des territoires occupés, je me suis dit que finalement cela nous importe peu les tourments de quelqu'un qui a exécuté des centaines de civils, l'essentiel sont les civils. Cette prise de conscience m'a libéré de l'autocensure que je m'infligeais, je me suis dit que je pouvais témoigner enfin de ce que vivent les Palestiniens. »
Atelier Palestine © Patrick Galais
Le sténopé : un dispositif circulaire
Patrick Galais fonctionne avec ces étincelles, ces « coups du destin », certains moments le heurtent, certains textes lui tombent dessus, et le tout guide ses pas.
Un matin, il allume la radio « par hasard », et entend un architecte dire « il ne faut pas penser à ce que l'on doit produire, mais il faut penser à ce que l'on doit faire », un autre matin, Jean Nouvel affirme que « le style, c'est peut-être la permanence de l'attitude »...
Autant de préceptes qu'il incorpore et mêle à sa pratique, à sa photographie, comme une lutte qui tend vers l'établissement d'un discours, la mise en place d'un point de vue, d'un mode de représentation.
Lors de son huitième mois en Palestine, il explique : « J’étais à l’arrière d’un bus israélien, sur une route israélienne, entre Tel Aviv et Haïfa. Dans ce bus, des civils, et militaires israéliens en permission. De part et d’autre de cette route réservée, des villages avec minarets, anciennement palestiniens défilent à travers les vitres.
Je pensais alors : «Peut-être que cette route n’existe pas... Peut-être que ces gens dans ce bus ne sont pas là... Peut-être que je ne suis pas là...».
Je photographiais alors les bâtiments, non pas comme des bâtiments ou des habitations, mais comme des formes ou des volumes... Une abstraction non prévue. »
Ce théoricien, entre mysticisme et ardent amant de l'être humain, prend conscience, tout au long du projet, que le corps ne doit plus être présent afin de libérer sa photographie.
Il décortique la pratique et pourtant réalise la nécessité d'un automatisme propice au sténopé.
L'automatisme est depuis longtemps un aspect que chérissent de nombreux photographes, forme de retour aux sources.
Un automatisme qui sous-entend l'abstraction de l'être, cette nécessité est peut-être liée à sa pudeur face au corps de l'autre, face à sa tendance à tout décortiquer, finalement face à l'esprit omniprésent de Patrick Galais, un dénouement.
Il y a cette nécessité de l'oublier, de l'annihiler pour que seul l'esprit puisse capter l'espace. Le corps est dissolu grâce à la difficulté physique : la chaleur Palestinienne, la sécheresse de sa terre et la difficulté des marches. On peut y voir une forme de transe, comme dans les religions.
Or, la Palestine permet cela avec intensité, de par son climat et ce qu'elle représente. En effet, Patrick Galais, amoureux de la petite reine, propose une traversée du désert qui est une étape vers l'abstraction et ainsi une photographie pure.
Atelier Palestine © Patrick Galais
L'Abstraction
Et, une fois de plus, comme s'il avait besoin de s'éloigner afin de mieux pénétrer les mystères du sténopé, c'est en rentrant en France qu'il avance dans son cheminement.
Il va voir Littoral de Wajdi Mouawad, un dramaturge libano-québécois, une pièce correspondant à un parcours mental, où le jeu d'acteur disparaît progressivement, laissant peu à peu place au texte.
Il fait alors un parallèle avec sa pratique du sténopé. « En effet, je réalise que je suis proche du théâtre antique, avec ce que je ne sais pas du théâtre antique...Je demande alors à une amie comédienne de m'en parler et celle-ci me dit que le theatre antique correspond à un dispositif scénique qui n'est pas frontal, c'est un poteau au centre d'un cirque qui symbolise le temple à Dyonisos et le jeu est autour.
Je réalise que c'est exactement cela, le lourd 6 - 7 posé là au milieu, avec son opérateur, et le monde autour. »
Il pénètre plus profondément encore dans la compréhension de sa pratique photographique, et réalise être dans un dispositif circulaire qui lui vient du sténopé.
La pratique du sténopé correspond au fait de poser la boîte au sol et entrer soi-même dans le système avec en son centre un opérateur, et tout autour, un environnement humain, matériel ou immatériel, sonore, visuel, puis de manière encore plus large le regardeur. Tout est intégré dans ce dispositif.
Il entrevoit l'acte photographique comme une installation, circulaire, dans un temps ralenti à l’extrême, vers cette abstraction possible.
C'est un dispositif qui change la perception et de l’espace et du temps, un temps nécessaire à la compréhension des choses, vues ou vécues...
« Tu te laisses porter par ce que tu es, ce que tu veux dire, et c'est le sténopé permet cela et sa pratique en atelier participatif. »
Atelier Palestine © Patrick Galais
Changer la perception, c'est ce que permet le sténopé, et c'est aussi ce qu'il veut faire en Palestine. Il explique s'être énormément documenté en amont sur la pays, textes, lois... afin d'être irréprochable.
Et il avoue avoir « pris quelques claques » et pourtant, il n'y a pas de Palestiniens dans ses images, que des bâtiments, et, derrière, ce concept d'abstraction.
C'est certainement en lien avec sa préoccupation de ne pas prendre parti, de ne pas avoir à se justifier, et il s'amuse à dire qu'il a « sa propre objectivité ». En tant que prise de vue automatique, le sténopé donne encore plus de poids à son propos. Le cliché n'est pas manipulé par le discours qu'on lui impose, il est neutre et donc bien plus heurtant quand il parle.
Il rapporte qu’après le vernissage de l'exposition Construire à Ramallah avec les palestiniens, une personne vient le voir et lui dit : « Mais vous avez tout compris de la situation en Palestine, c'est cela, ça n'existe pas. »
Pour Patrick Galais la Palestine, c'est exactement ce que l'écrivain Pascal Janovjak dit dans « Entre pierre de taille et soleil de plomb » à propos de CONSTUIRE-Palestine :
« Les constructions en deviennent tristement éphémères, comme de vulgaires décalcomanies : on imagine volontiers glisser l’ongle sous une de ces routes, en saisir le bord et retirer le tout, doucement, retirer le béton et les murs, et les villes entières. Comme on retire une nappe vite posée, une chaise en plastique, un mur de tôle ondulée, mille petits signes évocateurs d’une terrible précarité. Patrick Galais nous livre ainsi un portrait impitoyable : celui de deux Etats en chantier, mais déjà corrompus par une lutte territoriale obsolète, un nationalisme archaïque. A l’instar de ces murs fissurés, encore neufs et déjà vieux... »
Le site de Patrick Galais : www.patrickgalais.com
Propos recueillis par Laura Béart Kotelnikoff