Jeremy Stigter est un photographe hollandais. Il part après son bac à Londres faire des études d'histoire puis de sciences politiques à Bruges et Paris. Mais sa passion pour la photographie va véritablement se révéler lors d'un long séjour au Japon, où il commence à pratiquer son art : « Ça a été une vraie rencontre. Avec la photo, j’ai tout de suite su que j’avais trouvé ma façon de m'exprimer. »
Il y a quelques mois, le photographe a participé au projet du professeur François Goldwasser sur l'ouvrage des patients atteints de cancer. Il a posé son fond, et a reçu ces malades, accueillant leurs témoignages et réalisant leurs portraits, en argentique. Des images en noir et blanc profondes, troublantes.
Un projet qui a marqué l'esprit de l'artiste. Rencontre.
Saria Chémali © Jeremy Stiger
Brigitte Garcia © Jeremy Stiger
Comment avez-vous été amené à participer au projet ?
Ce projet est né tout à fait par hasard : mon beau-frère, le Dr. Pierre Anhoury, était en train de travailler avec François Goldwasser, et en parlant de cette expérience on s'est dit que ça serait peut-être intéressant de faire un livre sur l'hôpital de jour. On s'est vu pour un déjeuner, Pierre, François et moi. On a parlé du type de livre qu’on voulait faire. J'ai fait une proposition qui a convaincu François. Ensuite j'ai fait une maquette de livre, avec des portraits que j’avais déjà pris et qui correspondaient à l’esprit du livre. Ça a plu et François m'a donné le feu vert pour démarrer à l’hôpital.
Est-ce la première fois que vous participez à un projet comme celui-ci ?
C'est effectivement la première fois que je fais ce genre de projet, c'est-à-dire que je m'occupe du texte autant que du visuel. De plus, je ne m'étais jamais aventuré auparavant dans un projet d’une telle ampleur. Mais pour moi c'était important de le faire.
Pulcheri Gravillon © Jeremy Stiger
Harold Marcadet © Jeremy Stiger
Comment avez-vous été reçu par les malades et le personnel soignant ? Cela n'a-t-il pas été trop difficile de se faire une place dans cet univers ?
La réception par le personnel et les patients s'est bien passée. Doucement, je me suis glissé dans le moule du service, et, peu à peu, je suis allé voir les patients dans la salle d’attente et dans leurs chambres, où je leur ai parlé du projet du livre. Heureusement, le plus souvent ils étaient d'accord pour participer.
La chose la plus difficile a été peut-être de ne plus revoir des personnes que j'avais photographié peu de temps avant, avec qui j'avais souvent passé un bon moment, qui m'avaient parlé de leur vie, de leurs espoirs.
Qu'est-ce qui a été le plus difficile à réaliser ?
Ce qui a été le plus difficile à réaliser ce n'était pas tellement le travail sur place, mais tout le travail qu'il y a eu après : pas tellement le travail de développement des films ou le choix des photos, mais la transcription des enregistrements, la rédaction de ces transcriptions, et ensuite l’adaptation des conversations pour l’écrit puis la lecture. Le plus important pour moi était de garder autant que possible le ton de la voix des personnes enregistrées, ce qui n'était pas toujours simple !
Dominique Pierrard-Barthe © Jeremy Stiger
Philippe Rames © Jeremy Stiger
Quel est votre meilleur souvenir ?
Mon meilleur souvenir, ce sont les réactions des gens qui ont participé au livre ou de leurs ayants-droit. Ce sont leurs réactions au livre qui m'ont donné vraiment le sentiment d'avoir accompli quelque chose de bien.
Que retenez-vous de cette expérience ?
Ce que je retiens de cette expérience : si on croit avoir une bonne idée pour un projet il faut y aller, et tout essayer pour le mener au bout. À part ça, toutes les rencontres ont été tellement riches en leçons de vie...
Avez-vous des projets à venir ?
Mon prochain projet va être un livre sur le Japon.
Pascal Simon © Jeremy Stiger
Propos recueillis par Claire Mayer