© Catherine Rebois
Née en 1960, Catherine Rebois sort diplômée en 1979 d’une école de cinéma. Elle obtient la même année un stage à l’agence photographique Sygma : sa passion pour la photographie se révèle. Elle devient grand reporter, appréciant la grande liberté que lui offre le cinquième art, puis elle se tourne peu à peu vers la photographie artistique. Ses talents sont reconnus : elle est finaliste du prix Nièpce en 2001 et 2003.
© Catherine Rebois
Sa première monographie parait en 2002 et est intitulée Encorps. Il s’agissait « d’un travail entièrement tourné vers l’autre, l’autre comme vision du monde », dans lequel la photographe appréhende le corps comme moyen de communication. Dans sa seconde monographie Corps Lato Sensu, parue le 20 septembre 2012 aux éditions Trans photographic Press, Catherine Rebois aborde de nouveau le sujet qui la hante, celui du corps, mais de façon plus esthétique : elle s’intéresse à la spécificité et la complexité du traitement photographique du corps. En effet, il peut être délicat de rendre compte de cette réalité corporelle bien concrète alors que, soi-même, on ne voit jamais directement son corps : on a besoin de passer par un miroir ou un tiers pour pouvoir l’appréhender. De plus, notre corps fait l’objet de fantasmes infinis, qui invitent à la rêverie et la réflexion, tout comme la photographie est un art dans lequel l’imagination est primordiale pour amener le lecteur à s’interroger sur des sujets précis. Catherine Rebois joue sur ces décalages entre réalité et fantaisie pour solliciter le public et le questionner sur ce qu’est un corps.
© Catherine Rebois
Corps Lato Sensu interpelle le spectateur, tout d’abord par le sujet même des photos. Pour s’interroger sur les corps, Catherine Rebois les présente dans leur nudité, sans aucune retenue ni aucun tabou : les hommes, les femmes, les vieillards, les plus jeunes, les femmes enceintes, les transsexuels, … rien n’est épargné aux yeux du public. S’il est indispensable d’avoir un panel si représentatif, c’est que la photographe souhaite mettre tout le monde sur le même pied d’égalité. Le corps brut, dépourvu de tous vêtements ou autre signe, retire tout clivage entre les êtres. Les animaux ne sont pas laissés de côté puisque la réflexion sur le corps se prolonge à l’identité bestiale : les corps de chauve-souris, serpent ou autre singe sont aussi présentés parfois, comme un contre point au corps humain.
© Catherine Rebois
Si ce mélange de tous ces corps nus peut dérouter le public, il n’a pourtant pas envie de détourner les yeux. En effet, l’utilisation de la lumière par Catherine Rebois est très intéressante. Les corps sont le plus souvent saisis sur un fond sombre simple car l’œil doit rester centrer sur le corps. Ce dernier est mis en lumière, comme sublimé.
© Catherine Rebois
Ce jeu sur la lumière est également là pour mettre en perspective ces corps. Tous les clichés sont en noir et blanc : ce traitement de la couleur donne une épaisseur, un relief à ces images figées. Un autre moyen est utilisé pour renforcer ce mouvement des corps : toutes les photographies sont présentées en diptyques, un moyen de les mettre en parallèle mais sans qu’elles ne s’imbriquent totalement ensemble puisqu’elles sont constamment décalées l’une par rapport à l’autre.
© Catherine Rebois
Dans cette monographie Corps Lato Sensu, Catherine Rebois utilise le médium photographique pour confronter la réalité corporelle et la vision fantasmée que l’on peut en avoir, afin que chacun s’interroge sur ce qu’est un corps. Déroutant, le livre intrigue le spectateur qui entre aisément dans cet univers plein de mystère et de questionnements. Pour aller plus loin, il est possible de retrouver des clichés argentiques en grands formats de Catherine Rebois dans l’exposition collective « Esprits du corps » du 16 novembre 2012 au 6 janvier 2014 à la galerie Topographie de l’Art qui la représente.
© Catherine Rebois
Corps Lato Sensu, Photographies de Catherine Rebois – Textes de Dominique Baqué, Emmanuel Faure-Carricaburu et Catherine Rebois
22 x 22 – 173 pages
Editions Trans photographic Press
42 euros
Claire Barbuti