Née en 1974, Dulce Pinzon est une artiste mexicaine hors pair. Son travail est influencé par le sentiment de nostalgie, les questions identitaires et la frustration politique et culturelle qui peuvent émerger de ces problématiques.
Jusqu'au 1er mars prochain, elle expose sa fameuse série « superhéros » à la Galerie du Crochetan en Suisse, dans laquelle elle met en scène ces héros du quotidien qui tentent de survivre dans la masse consumériste américaine.
Rencontre avec une photographe engagée et définitivement engageante.
BERNABE MENDEZ from the State of Guerrero works as a professional window cleaner in New York. He sends 500 dollars a month © Dulce Pinzon
Quels sont les artistes qui vous ont inspiré ?
Tellement en réalité … J'ai été inspirée par des artistes classiques comme Johannes Vermeer, ou Rembrandt jusqu'à Cindy Sherman ou Mathew Barney... La mode est également une source d'inspiration pour moi chaque jour, tout comme la politique.
Comment est née l'idée de cette série « superhéros » ?
Après le 11 septembre 2001, j'ai vu combien les médias prêtaient attention aux gens qui aidaient à reconstruire New York et la nation, mais en oubliant ceux qui était le plus dans l'ombre, les immigrants. J'ai travaillé pour une organisation à un moment donné, et j'ai vu qu'il était important de reconnaître le travail et les accomplissements des immigrants Latinos, pas seulement par le travail, en payant des taxes et en ayant les plus bas salaires, mais en se débrouillant d'une façon ou d'une autre pour envoyer de l'argent à leurs communautés.
J'ai été inspirée par le travail que je réalisais à ce moment-là et en re-créant le concept des Superhéros. Lorsque je suis allée voir ma famille au Mexique, j'ai vu un costume de Spiderman dans un magasin, et le concept entier m'est venu.
MINERVA VALENCIA from Puebla works as a nanny in New York. She sends 400 dollars a week © Dulce Pinzon
Qui sont ces gens ? Comment les avez-vous choisis ?
Certains de ces superhéros étaient mes étudiants, d'autres sont ceux que j'ai aidé pour améliorer leurs conditions de travail, d'autres encore sont des gens que j'ai rencontré au fil des années et grâce au destin !
Je leur ai demandé de collaborer à ce projet, pour certains d'une façon directe, pour d'autres j'attendais qu'ils ai vu les images afin qu'ils puissent se rendre compte en quoi consistait exactement le projet.
JUVENTINO ROSAS from the State of Mexico works in a fish market in New York. He Sends 400 dollars a week © Dulce Pinzon
Comment ont-ils réagi lorsque vous leur expliquez votre projet ?
Ils ne comprenaient pas au départ, mais après quelques images ils saisissaient de quoi il s'agissait. La partie la plus difficile a été de leur expliquer l'utilité des costumes de Superhéros.
Et comment ont-ils réagi en voyant leurs portraits ?
Ils les ont adoré, ils avaient le sentiment de faire partie de quelque chose, ils ont été très contents d'être interviewés et ils ont sincèrement aimé être reconnu pour ce qu'ils sont et ce qu'ils représentent dans leurs communautés.
PAULINO CARDOZO from the State of Guerrero works in a greengrocer loading trucks. He Sends 300 dollars a week© Dulce Pinzon
Avez-vous des projets à venir ?
Oui, je viens d'avoir mon deuxième enfant, c'est un nouveau projet à part entière.
J'ai deux nouvelles séries à promouvoir : « Les Histoires du Paradis » et « La merveilleuse vie d'Andy » que vous pouvez découvrir sur mon site www.dulcepinzon.com. Le livre issu de la série Superhéros vient juste de sortie et je travaille également sur une toute nouvelle série … Beaucoup d'inspiration, mais pas assez de temps !
SERGIO GARCÍA from the State of México works as a waiter in New York. He sends 350 dollars a week © Dulce Pinzon
Quel est votre rêve de photographe ?
Je vis déjà mon rêve pourquoi attendre ?
ELIZABETH and ENRIQUE ALONSO from the State of Puebla work as food servers in New York. They send 400 dollars a week © Dulce Pinzon
Propos recueillis par Claire Mayer