© Dimitri Pilalis
Dimitri Pilalis est un jeune photographe de 25 ans. Originaire du Brésil, il vit et y travaille aujourd'hui. Il a le projet de venir vivre en Europe, car il souffre des difficultés liées au métier de photographe : « Sebastião Salgado, considéré comme le meilleur photographe brésilien, a réussi uniquement car il a quitté le Brésil, pour aller vivre en France. Il a mis toutes les chances de son côté. »
Pourtant, le projet photographique de Dimitri est bien loin des plages de sable fin et de l'oasis brésilien. Son projet, il l'a réalisé à plus de 16 000 kilomètres de chez lui, en Indonésie. Il a vécu un an aux Philippines, ce qui lui a donné l'occasion de se rendre dans le plus grand archipel du monde.
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© Dimitri Pilalis
Le sujet déroutant, déstabilisant, choquant de Dimitri Pilalis, concerne la santé mentale en Indonésie. « Après avoir vu un reportage réalisé par John Stanmeyer sur ce sujet, j'ai réalisé qu'il s'agissait d'une situation vraiment inacceptable. » En effet, le célèbre reporter avait publié un reportage impressionnant dans Times Magazine. Une série réalisée entre 1998 et 2007 sur ces hommes, ces femmes, ces enfants même, qui, sous prétexte de souffrir de troubles mentaux, sont traités de façon humiliante et dégradante dans des centres à l'hygiène plus que douteuse.
Cinq ans plus tard, la situation n'a pas changé, et l'urgence demeure quant au traitement inhumain réservé aux personnes atteintes de troubles mentaux en Indonésie. Dimitri Pilalis nous raconte : « Ces images ont été prises en janvier et février dernier. J'ai pratiquement vécu à l'intérieur de ces centres hospitaliers, seulement pour les photographier durant la nuit et le jour. »
© Dimitri Pilalis
© Dimitri Pilalis
Le photographe a ainsi partagé le quotidien de ces malades particuliers, qui sont traités comme des animaux, parqués à même le sol, sans pour autant recevoir les soins nécessaires. « Honnêtement, c'était difficile au début. Peut-être que pour les photographes expérimentés comme John Stanmeyer et Robin Hammond ce fut plus facile. Les accès étaient restreints. Le plus difficile pour moi a été de me rendre dans Harapan Sentosa 2, situé à Cipayung (Jakarta). J'ai en tout photographié 6 centres médicaux différents, 5 privés et 1 public. »
© Dimitri Pilalis
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Robin Hammond traite lui aussi de la santé mentale, mais dans les pays africains en conflit.(voir la carte blanche d'Actuphoto sur Robin Hammond). « Le problème est également sévère en Afrique. Robin Hammond a bien choisi son sujet, il faut le dénoncer. Nos sujets traitent de la même chose, mais d'un point de vue différent. Je mélange l'art dans la tragédie. »
Les troubles de la santé mentale font partie intégrante d'un univers dérangeant qu'il est essentiel de mieux appréhender, afin d'offrir à ces malades les soins nécessaires pour les aider à vivre décemment.
© Dimitri Pilalis
Claire Mayer