Après des études approfondies en mathématiques, Christophe Beaucourt se tourne vers la vidéo et la photographie. Son ambition : capter et retranscrire la mouvance de la vie urbaine. Il travaille dans un premier temps dans le magazine spécialisé Graf It où il s’intéresse à l’art de la rue, puis en collaboration avec l’agence Sipa Press.
A l’automne 2012 parait Real Gone, Paris live 1999-2008, ouvrage photographique dans lequel Christophe Beaucourt souhaite rendre hommage aux artistes. Pendant près de 10 ans, il a écumé les salles de concerts underground : chaque prestation fut unique, chaque univers particulier. Il est difficile de transmettre ces spécificités et cette ambiance dans un ouvrage figé, mais c’est le défi que s’est lancé le photographe.
© Christophe Beaucourt
L’une des caractéristiques propre au milieu underground, c’est sa créativité constamment renouvelée. Christophe Beaucourt est fidèle à cette imagination par la structure de son livre : la qualité des pages ressemble à celle des mangas, les écritures semblent tout droit sorties des machines à écrire d’antan.
© Christophe Beaucourt
Les photos des concerts se mêlent à celles des tickets de concert, des affiches, mais aussi à des textes qui souhaitent plonger le spectateur dans l’ambiance des prestations. Les écrits sont d’ailleurs traduits constamment en trois langues (français, anglais, japonais), prouvant que la musique rassemble les différentes cultures, mais ce trilinguisme dérange dans la fluidité de la lecture de l’ouvrage.
© Christophe Beaucourt
L’organisation globale est opaque pour le public : tout est mélangé, sans aucune structure chronologique ou thématique. L’ouvrage se ferme sur lui-même, ne s’adressant qu’à des spécialistes : sans les légendes des photos – et parfois même avec – il est impossible de savoir qui est le groupe qui se produit sur scène. Christophe Beaucourt propose les clichés live, sans aucun montage ni aucune retouche, pour mettre en avant l’instantanéité de chaque instant.
© Christophe Beaucourt
Les photos sont souvent floues afin de montrer la vie, l’intensité qui se dégagent de ces concerts. Elles sont aussi fréquemment trop lumineuses à cause des spots des concerts qui illuminent à outrance le public, ou au contraire trop sombres puisque de nombreux groupes underground se produisent avec très peu de lumière. Le tout se veut être au plus près de l’ambiance de ces milieux, mais la qualité des photos en est alors altérée.
Pour Christophe Beaucourt, le noir et blanc s’est imposé, « le noir étant la couleur du rock ». Ce bicolorisme semble en effet indispensable pour souligner le côté subversif et confidentiel des milieux underground, où l’expression « sex, drug and rock’n’roll » prend tout son sens.
© Christophe Beaucourt
Dans son introduction, Christophe Beaucourt prévient qu’il n’aime pas les festivals : « trop concentré(s) et espace trop restreint ». « A (ses) yeux, rien ne vaut une petite salle (…) autour de deux ou trois groupes ». Malheureusement, une contradiction apparaît au fil de son ouvrage : Real Gone, Paris Live 1999-2008 présente un panel trop important de groupes dans un espace limité, ce qui gâche l’hommage qu’il souhaite rendre à l’univers intimiste underground.
© Christophe Beaucourt
Real Gone – Paris, Live 1999-2008, Christophe Beaucourt
309 pages
Camion Blanc
32 euros
Claire Barbuti