Reportages by Getty Images, crée en 2007 par Getty Images, fête cette année ses 5 ans d'existence. L'ambition de cette filiale de l'un des leader de l'imagerie fixe et vidéo, est de voir perdurer cet entrain pour le photojournalisme, et surtout d'en assurer la pérennité et la sauvegarde.
A cette occasion, Actuphoto a rencontré Jeff Guilbault, Vice Président de Getty Images pour l’Europe du Sud (France, Italie, Espagne/Portugal, Benelux). Rencontre avec un passionné de photo, et un partenaire convaincu de l'aventure Getty Images.
Comment est né il y a 5 ans Reportages by Getty Images ?
On a la chance chez Getty d'avoir un certain nombre de collègues notamment basés à Londres qui sont des experts du photojournalisme depuis des décennies, comme Aidan Sullivan ou Patrick Di Nola. Ce sont des gens qui, chaque année, sont à Perpignan pour Visa pour l'image, ils font partie de la délégation de Getty. Pour moi, la genèse de Reportages by Getty, c'est avant tout cela, l'expérience de personnes – bien avant que Getty n'existe en tant que groupe d'ailleurs – (Getty a soufflé sa 17e bougie cette année) qui ont une réelle expérience dans le milieu du photojournalisme depuis très longtemps. Le concept de Reportages by Getty part, comme souvent, de gens qui ont cette passion là, cette expertise, et qui portent le projet. C'est parti de cela, on fête la 5 e année de Reportages cette année, puisque le projet est né en 2007. Depuis, il s'est pas mal développé sur cette idée de départ, qui était de dire que chez Getty et même dans le monde de la photo destinée aux professionnels, il y a de la place pour le photojournalisme, que l'on y croit. Chez Getty, le photojournalisme existe depuis des décennies, et on ne pense pas qu'il est mort, au contraire on pense qu'il y a un vrai avenir pour le photojournalisme, peut-être pas exactement comme il était produit ou distribué dans les années 70 ou 80, mais sur un modèle qui accompagne les changements dans la production d'images de photojournalisme, dans les angles dans lesquels les sujets sont abordés aujourd'hui, dans les modes de distribution et d'utilisation de nos propres clients de ces images.
Donc au départ de ce projet, il y a des personnes passionnées, et qui apportent cette passion et cette expertise chez Getty, et puis également cette vision que le photojournalisme n'est pas mort mais au contraire a un bel avenir, à condition que l'on sache accompagner ces mutations et ces changements que l'on voit partout dans la photo.
5 ans plus tard, on a un groupe de photographes qui forme cette collection particulière de reportages avec près de 60 contributeurs. Sur cette soixantaine de talents triés sur le volet, qui collaborent à Reportages, on a trois catégories de photographes. La première regroupe les photographes vraiment exclusifs, dont le travail n'est disponible que via Reportages by Getty Images, des pointures du photojournalisme qui remportent souvent des prix – dont on est très fiers!- comme cette année Sebastien Liste à Perpignan, ou encore Véronique de Viguerie, Antonio Bolfo, Peter Dench ect … On a à peu près une quinzaine de ces photographes exclusifs.
La deuxième catégorie, non moindre mais complémentaire, rassemble nos contributeurs, dont une partie du travail est disponible via Reportages, pas forcément la globalité, mais ce que l'on pense pertinent et répondant à une demande de nos clients presse ou entreprise.
Véronique de Viguerie / Reportage by Getty Images
La troisième catégorie a été créé récemment, celle des « jeunes talents », qu'on ne distribue pas, on les rencontre très souvent à Visa ou dans le cadre d'autres évènements. On leur propose simplement de leur mettre le pieds à l'étrier, d'avoir une partie de leur offre sur Reportages, mais simplement pour les aider à se faire connaître, on les met en contact avec certains clients, mais on ne gère absolument aucune commercialisation de leur contenu. Cette troisième catégorie est extrêmement intéressante car c'est une pépinière de talents qui, on l'espère, grandira, avec ou sans nous. Pour nous, le photojournalisme n'est pas forcément des pointures avérées, révélées, connues des magazines, mais également de jeunes pousses qui ont souvent obtenu des bourses, à qui l'on souhaite donner une chance.
Comment avez-vous vu évoluer Reportages by Getty Images au cours de ces cinq années ? Le nombre de photographes a-t-il considérablement augmenté au fil des années ?
Le vrai défi pour nous, c'est de pouvoir rencontrer tous les photographes, et passer suffisamment de temps avec eux pour comprendre quels sont leurs projets, leur façon d'aborder le photojournalisme. Nous n'avons pas vocation à ce que Reportages soit la collection de photojournalisme avec le plus de photographes possible, le plus de photos possible. C'est un positionnement beaucoup plus qualitatif que quantitatif. C'est pour cela que Reportages est l'une des rares collections à avoir sa propre marque au sein de Getty, en étant autonome. On cherche à avoir le ou les photographes qui ont un œil photojournalistique à part, cet œil qui fait que lorsqu'ils vont être sur le terrain, avant, pendant et après et pas simplement au moment de l'évènement, vont raconter une histoire.
Comment sélectionnez-vous les photographes ?
Il y a trois types de contact. Le premier, c'est ceux que l'on crée sur les évènements comme les festivals photos, à Perpignan par exemple, mais pas uniquement car nombreuses sont ces manifestations dans le monde. C'est donc la possibilité pour les photographes présents de nous rencontrer, de nous présenter leurs books, de prendre contact avec l'un de nos éditeurs.
En dehors des festivals, tout au long de l'année via nos sites internet et par email nous recevons pas mal de propositions de candidature. Reportages by Getty est connu à l'international, via des publications dans la presse ou les magazines, donc nous recevons beaucoup de candidatures. C'est donc une prise de contact spontanée de photographes qui nous contactent des quatre coins du mondes.
Enfin, il s'agit souvent également de relations personnelles entre photographes et quelqu'un chez Reportages, ou un photographe qui nous parle du travail d'un autre. Le bouche-à-oreille fonctionne très bien, surtout sur ce type de contenu.
Jonathan Torgovnik / Reportage by Getty Images
La mission Pierre Lescure mise en place par le ministère de la culture et de la communication souhaite faire avancer le numérique dans la vie culturelle française, comment parvenez-vous à vous adapter à l'évolution du numérique ?
Pour nous, le numérique et la photo, c'est trois choses complètement parallèles. C'est d'abord la manière de distribuer la photo. Le numérique date d'il y a plus de 15 ans, Getty a vu le jour il y a 17 ans, s'est fondé sur l'idée que la distribution de la photographie pouvait s'appuyer sur l'émergence du numérique, comme une vraie opportunité. Les photos n'étaient plus simplement des négatifs mais sont devenues des fichiers jpeg. Internet, en plus de cela, est apparu dans les années 90 et permettait à ces jpeg d'être visualisables à distance. Getty a su utiliser cette opportunité pour se créer il y a 17 ans de cela, et ceci faisait donc partie de la vision initiale de Getty : utiliser l'émergence du numérique et d'internet dans la distribution de la photo.
Le deuxième angle, c'est l'apparition du numérique dans la production de la photo, qui est arrivé légèrement après. Pour nous, là aussi ça a été clairement une opportunité, permettant de multiplier les possibilités, notamment dans le photojournalisme, en terme de rapidité d'exécution, de qualité, de créativité – le numérique permet des choses qui ne sont pas forcément possibles avec l'argentique.
Enfin, l'apparition du numérique dans l'utilisation que nos clients font des images, beaucoup plus récent que le reste. Les agences de publicité se servent de photos pour des projets en ligne de communication. Mais aussi la presse quotidienne, les magazines, qui depuis quelques années ne se servent plus de contenus photos uniquement sur des pages imprimées, mais énormément pour leurs versions web. Cela a donc été, plus qu'une menace, une autre opportunité pour nous.
On observe que les volumes d'images ont explosés, ils ont été multipliés par 10 en l'espace de 5 ans.
Donc pour nous, le numérique est une opportunité, notamment en ce qui concerne la photo.
La collaboration entre Getty et l'AFP joue-t-elle sur Reportages by Getty Images ? Y-a-t-il un lien entre les deux ?
Notre partenariat avec l'AFP est un partenariat à l'international de production de contenu (Getty distribue le contenu photographique d'actualité de l'AFP dans la quasi totalité des pays, à l'exception de la France car c'est le marché historique de l'AFP).
En revanche, Reportages n'est pas de la photo d'actualité à proprement parler. Beaucoup de photojournalistes vont sur les zones de conflit bien sûr mais un photographe d'actualité c'est un regard instantané de l'actualité. Reportages, c'est pas tout à fait la même chose, c'est avoir un peu plus de recul sur l'actualité brûlante, ou encore traiter un sujet social.
Donc AFP et Reportages, c'est deux positionnements différents, très complémentaires, qui répondent à des besoins de la part de nos clients de manière totalement distinctes.
Propos recueillis par Claire Mayer