© Nathalie Déposé
Depuis 2005, le label « Hôtels paris rive Gauche » a initié le projet artistique « photo d’Hôtel, photo d’auteur » visant à soutenir la photographie contemporaine.
Le concept du projet est simple : proposer chaque mois à un jeune photographe de passer une nuit dans un des Hôtels paris rive Gauche pour réaliser une photographie unique et un texte inspirés par ce séjour.
La photographie sélectionnée, le texte et une présentation de l’artiste sont ensuite exposés sur la galerie en ligne des Hôtels Paris Rive Gauche (www.phpa.fr).
Les artistes concourent pour un prix de 3000 € et pour le coup de cœur du personnel des hôtels, le prix Virginie Clément. Les 12 photographies de l’année sont également exposées dans un lieu prestigieux, depuis deux ans à la Galerie esther Woerdehoff.
Le Prix PHPA et l’exposition ont été créés en 2007.
Voici la présentation des photographies concourant pour le prix de l'édition 2013 :
Cécile Henryon
© Cécile Henryon
Il existe un chemin que quelques rares initiés connaissent où l’ordre des choses se chamboule sans cesse. C’est un passage où le temps passe son tour vers un endroit où l’eau se respire et l’air nous caresse dans nos nages nocturnes. Là, tu cherches à entendre ce son qui te stresse et cette vie qui te hurle d’avancer mais tout est calme et invite à sombrer dans ce maelstrom sans raison et sans devoir où seule la loi du plaisir résonne. Suis l’Insouciance qui t’entraine et acceptes de te perdre.
Hôtel La Belle Juliette
Janvier 2012
Aurore Valade
© Aurore Valade
CHAMBRE 64
" Extérieurement et intérieurement, à l’opposé de cette ligne, se trouve, à l’angle droit, la ligne verticale où le plat est remplacé par la hauteur, donc le froid par le chaud. Ainsi la ligne verticale est la forme la plus concise de l’infinité des possibilités de mouvements chauds. "
Extrait de Point et ligne sur plan, Vassily Kandinsky (Folio Essais/Gallimard, Paris, 1991).
Hôtel Jardin de l’Odéon
Février 2012
Samuel Hense
© Samuel Hense
« Corps solitaire en errance dans la nuit d’abord s’éclipse, se dissimule
Lorsque le halo se fait flatteur,
Il se tend, s’étire pour franchir le seuil
Puis traverse, transperce le voile de brume
Reflet défait, vision écorchée, image insaisissable,
Seule la main se mire »
Marion ROMAGNAN
Hôtel Design Sorbonne
Mars 2012
Laurent Lafolie
© Laurent Lafolie
Lʼinvisibilité est première, elle précède la naissance et soutient lʼinconnu. Le temps de la vie est de cette nature, associant les certitudes dʼun commencement et dʼune fin, à lʼinconnu des actes qui le ponctueront. Lʼhôtel était sans lumière, ouvrant la voie à lʼeffacement et au silence, à lʼomission et à lʼoubli, à lʼabsence et à lʼéloignement, enfin, à la disparition.
De lʼinvisibilité à la disparition se réalise un corps à corps insaisissable : lʼinfini se détache du provisoire, la poussée épouse la limite, lʼélévation l’errance, lʼexigence le tumulte, la dignité le chaos. Le néant nʼa pas dʼimage, la disparition cʼest encore la vie.
Hôtel des Grands Hommes
Avril 2012
Tilby Vattard
« Autoportrait au lit et à l’étoile »
© Tilby Vattard
J’ai passé la nuit à retourner cette vingt-troisième chambre, à chercher la porte des songes.
J’ai déplacé, fait, défait. J’ai couru, grimpé, rampé, je me souviens même m’être envolé, je crois, avant que les quatre oreillers ne m’attrapent…
Ce n’est qu’au petit matin que je l’ai aperçue.Depuis tout ce temps l’image était là, blottie en moi.
Au centre du lit, flottant parmi les restes d’étoiles, mon double m’attendait pour me parler d’infini.
Hôtel du Panthéon
Mai 2012
Baptiste de Ville D’Avray
© Baptiste de Ville D’Avray
Qui est elle ?
4 mars 2012.
Je reçois un appel du commissaire Bisotti. Il me sollicite pour élucider le mystère de la chambre 61. Je regroupe alors mon matériel. Direction l’Hôtel Design Sorbonne.
Commence mon enquête. Je m’entretiens avec le personnel. Mais ce jour-là personne n’a rien remarqué d’anormal ou d’inhabituel. D’autant que cette chambre est sensée être inoccupée.
Je prends l’ascenseur. Je me retrouve dans la chambre 61. Une femme est étendue dans la baignoire trônant au milieu de la pièce. J’observe la scène à la recherche d’indices. Des effluves de violette sont omniprésentes. Un déshabillé est posé négligemment sur le lit. Sur la commode un vernis à ongle de couleur rouge est ouvert. Le pinceau goutte laissant apparaître une flaque au sol. Des bouches d’aération surgissent milles bulles volant dans les airs. Du téléphone orange une valse s’échappe. Les fenêtres sont fermées. Seul le rideau du velux droit est entrouvert laissant passé une lueur.
Qu’a-t-il bien pu se passer ? Comment cette femme s’est-elle retrouvée allongée dans cette baignoire ? Mais d’ailleurs qui est-elle ?
Hôtel Design Sorbonne
Juin 2012
Emmanuelle Brisson
© Emmanuelle Brisson
“Si vous partez, vous reviendrez bientôt ; vous me retrouverez tel que j’ai été et tel que je serai toujours pour vous. Il y aura 300 lieux entre vous et moi mais vous serez l’objet perpétuel de mes pensées, mon imagination s’épuisera à chercher ce que vous faites. La séparation sera un tourment qui ne trouvera remède…
Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que cela soit une preuve que je puisse être aimé de vous.
Revenez-moi Madame. Revenez-moi vite. Vous êtes le ciel pour moi, que je ne puis me passer de vous qu’en éprouvant l’enfer tout entier.
Je vous aimerai de toute mon âme Très Chère Madame et serai à vous pour la vie.”
Lettre (presque) authentique de Chateaubriand À Juliette Récamier – 1823
Hôtel La Belle Juliette
Juillet 2012
Daphné Rocou
© Daphné Rocou
La génération du Mataroa
Ma mère me racontait souvent une histoire extraordinaire…
En 1945, a la sortie de la Seconde Guerre mondiale et a la veille de la Guerre Civile en Grece ,un bateau part du Piree, avec un précieux « chargement » : des jeunes étudiants Grecs, parmi les plus brillants dans le domaine des Sciences, des Lettres et des Arts.
C’ était les deux philellenes, Octave Merlier, directeur à l`époque de l`Institut Français à Athènes, et le sous-directeur Roger Milliex qui étaient parvenus à obtenir des bourses du gouvernement français pour que 154 étudiants puissent trouver asile et étudier a Paris.
Certains d’entre eux avaient pris part à la Résistance, d’autres étaient connus pour leurs idées de gauche mais il y en avait aussi parmi eux qui appartenaient à la droite.
En ce temps troubles, un navire légendaire, le Mataroa, fut affrété pour aider ces jeunes boursiers à s’évader avec 59 autres étudiants prêts à faire des études à Paris d`après-guerre.
En arrivant, apres un voyage aventureux, ces jeunes gens sont logés au début dans la Cité Universitaire et dans des hôtels de la rive gauche.
On va trouver plus tard parmi la liste de ces etudiants les noms des intellectuels et des artistes mondialement reconnus.
Mataroa reste un mythe et avec les deux philellenes ils ont passes dans l’ Histoire comme symboles d’entre aide et de solidarité des peuples.
C’est a cette histoire que cette photo est dedie.
Daphné Rocou
Hotel Jardin de l’Odéon
Août 2012
Bénédicte Hébert
© Bénédicte Hébert
D
Gamine j’ai grandi à l’ombre d’un zoo. A l’école, nos voisins de palier étaient Léon le Paon, l’ours de Sibérie, les gorilles du Mozambique… Tout au long de l’année leurs cris accompagnaient nos jeux.
Un jour, l’un d’eux s’est échappé de sa cage, poussant des hurlements victorieux sur le toit de l’école.
Pendant des mois nos dessins ont représenté ce grand singe se débattant avec les pompiers.
Pendant des années j’ai collectionné les autocollants d’animaux La Vache qui Rit que je collais sur les murs de ma chambre.
Un Hôtel, des Animaux. Place du Panthéon, un 15 juillet, chambre 52.
Un lion ceinturé de rubans prend la pause, un bœuf philosophe parmi des moutons.
Un cygne déploie ses ailes avant de prendre son envol, lapins et sangliers se font la malle.
Pendant plusieurs heures j’ai mitraillé la ménagerie, attrapant au détour d’un sous-bois une gazelle effarouchée.
B. Hébert
Hôtel des Grands Hommes
Septembre 2012
Juliette Bates
© Juliette Bates
Un curieux hasard m’avait conduite ici, sur les traces de cette autre Juliette, si différente et semblable à la fois.
Et ce matin là, dans la chambre 209, s’opéra une étonnante alchimie, née d’une rencontre entre le passé et le présent, entre le lumineux et l’obscur, entre le beau et le bizarre… Dans l’eau de ce bain, je m’imaginais prendre la forme d’un cygne.
Hôtel La Belle Juliette
Octobre 2012
Arnaud Chambon
© Arnaud Chambon
Nettoyage de basket
J’aime énormément les photographies de Jeff Wall. Elle m’habitent et me remplissent.
Hôtel du Panthéon
Novembre 2012
Nathalie Déposé
© Nathalie Déposé
Hic et nunc
Dans la chambre n°1. À quelques pas du Panthéon. Tout reste à inventer.
"Je suis une flamme de quatre couleurs
Je suis un cerf qui s'éloigne au crépuscule
Je suis un champ de sumac et la pomme blanche
Je suis un vol d'oies blanches dans le ciel d'hiver
Je suis la faim d'un jeune loup
Je suis totalement le rêve de ces choses"
N. Scott Momaday
Hôtel des Grands Hommes
Décembre 2012
Vignette © Nahalie Déposé
Photos © Cécile Henryon © Aurore Valade © Samuel Hense © Laurent Lafolie © Tilby Vattard © Baptiste de Ville D’Avray © Emmanuelle Brisson © Daphné Rocou © Bénédicte Hébert© Juliette Bates © Arnaud Chambon © Nathalie Déposé