© Guy Tillim, Courtesy of Stevenson Gallery, Cape Town and Johannesburg
son projet sur les grandes capitales africaines. Il apporte
un regard riche et renouvelé sur la grande tradition de la
photographie de rue, portée par Henri Cartier-Bresson. »
Pierre-Alexis Dumas
Le 20 juin 2017, suite aux délibérations qui se sont tenues à la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris, le jury du Prix Henri Cartier-Bresson 2017 a désigné le photographe sud-africain Guy Tillim pour son projet Museum of the Revolution.
Sa candidature était présentée par Federica Angelucci, Galerie Stevenson, Capetown et Johannesbourg. Décerné par la Fondation Henri Cartier-Bresson, le Prix HCB est une aide à la création, d’un montant indivisible de 35 000 euros, dont l’objectif est de permettre à un(e) photographe de réaliser ou poursuivre un projet qu’il ne pourrait mener à bien sans cette aide. Il est destiné à un(e) artiste confirmé(e), ayant déjà accompli un travail significatif dans une sensibilité proche du documentaire.
© Guy Tillim, Courtesy of Stevenson Gallery, Cape Town
and Johannesburg
À Maputo, capital du Mozambique, sur l’Avenida 24 Julho, il existe une institution appelé le Musée de la Révolution. L’avenue a été nommée juste après que la ville de Lourenço Marques devienne la capitale du Mozambique, le 24 juillet 1875 à la fin du conflit Luso-Britannique pour la domination du territoire, en faveur du Portugal. Cent ans plus tard, la signification de cette date pris une autre tournure : le 24 juillet marque la date de la nationalisation et la capitale du Mozambique est renommée Maputo. Après treize années de guerre civile qui s’achèvent en 1990, ce jour est désormais connu comme le jour où tous les biens portugais deviennent propriété de l’État. La République populaire de Mozambique se transforme alors en République de Mozambique et est, récemment, passée de la révolution de l’état marxiste à un régime capitaliste. La scène coloniale, toile de fond de cette révolution et témoin silencieux de ces mouvements d’aspiration, mute elle-même en un musée.
Le récit colonialiste s’est répété au sein des pays africains dans les soixante-cinq années passées, avec des dates et des noms différents, mais les paradoxes et les contradictions des années coloniales et postcoloniales continuent de se multiplier. Cela se perçoit dans les rues et les avenues, souvent aménagées avec grandeur de la puissance coloniale puis rebaptisé par l’indépendance. Que les sociétés postcoloniales imitent certains aspects des régimes coloniaux n’est pas unique en Afrique, c’est la loi de l’Histoire.
Cependant, les espoirs et les actualités des générations récentes qui n’ont pas un passé colonial sont une opportunité pour les sociétés qui surmontent les fautes du passé.
Guy Tillim a déjà photographié les rues de Johannesburg, Maputo, Lunada, Harare, Libreville, Addis Ababa et Nairobi. Grâce au Prix Henri Cartier-Bresson 2017, Guy Tillim projette de photographier les rues de Dakkar, Accra, Kampala et le Lagos afin de compléter et documenter ces paysages urbains situés au milieu des réalités d’une capitale africaine et, inévitablement, référant au prisme d’un passé colonial africain.
© Guy Tillim, Courtesy of Stevenson Gallery, Cape Town and
Johannesburg