Louis Stettner © Actuphoto
Louis Stettner est un photographe américain des plus célèbres. Né en 1922, sa passion photographique s’est toujours portée sur deux villes principales : New York et Paris. Il déménage d’ailleurs dans la capitale française dans les années 1950 où il étudie à l’IDHEC. Il vit toujours à Paris où il présente en cette fin d’année, deux expositions. La Galerie David Guiraud propose une jolie sélection de ses photos jusqu’au 12 janvier 2013, tandis que la BNF présentera une rétrospective à partir du 11 décembre 2012.
La Galerie David Guiraud est un petit espace, mais les grands tirages de Louis Stettner y sont habilement présentés et mis en valeur. A travers tous ces clichés, le photographe se place en tant qu’observateur des villes qu’il photographie, et transforme des scènes banales en moments de grâce. New York et Paris sont toujours sublimées à travers son objectif, et les personnes photographiées deviennent des sujets intrigants et passionnants. Loin des clichés et idées reçues, on peut imaginer que les photographies de Louis Stettner ont permis aux new-yorkais de découvrir Paris sous un angle nouveau, et vice versa.
Manhattan from the Brooklyn Promenade, 1954 © Louis Stettner
L’exposition de la Galerie David Guiraud semble être une jolie introduction à la grande rétrospective qui prendra place, dans quelques jours, à la BNF. Louis Stettner est indéniablement un artiste qu’on ne se lasse pas de (re)découvrir. A 90 ans, le photographe américain prend toujours autant de plaisir à parler de ses passions pour la photographie, et pour les villes.
Qu’est-ce qui vous attire autant dans les villes ?
C’est la ville en elle-même qui m’attire, et la vie qui s’y passe, tout autour de moi. J’aime donner ma vision personnelle des choses. Mes clichés ne sont pas là pour établir un documentaire, mais pour donner ma vision personnelle de ce qu’il y a autour de moi.
Avenue de Chatillon (Av.Jean Moulin), Paris, 1947 © Louis Stettner
Comment avez-vous vu évoluer Paris et New York depuis toutes ces années ?
Elles ont toutes les deux beaucoup changé. Cela se voit d’abord à travers les gens qui y habitent. Aujourd’hui, tout est fait pour le touriste dans les villes. Et puis, il y a une individualisation aussi. Il est plus difficile pour moi de trouver les vrais quartiers, et de rencontrer les gens qui habitent réellement là. Un touriste est quelqu’un qui est pressé par le temps, il veut tout voir. Ce n’est pas pareil.
Les enfants d'Aubervilliers, 1947 © Louis Stettner
Finalement, votre préférence va à Paris ou à New York ? Laquelle des deux est votre décor favori, et pourquoi ?
C’est difficile à dire, mais je crois que personnellement, je préfère Paris. Il me semble que j’ai déjà dit que Paris inspire par sa beauté, tandis que New York inspire par la nécessité d’être héroïque, de lutter contre l’adversité. Paris, dans un sens, est une ville très humaine. C’est le cas notamment concernant la vie quotidienne. C’est différent de New York, où les gens sont tous très pressés.
Fifties Graffiti, NYC, c.1954-56 © Louis Stettner
Vous considérez-vous comme un reporter ou comme un artiste ?
Je ne me considère pas du tout comme un reporter. Je suis un homme qui veut montrer ce qu’il voit.
Pourquoi montrez-vous à nouveau ces photos, lors de cette exposition ?
Parce que les gens souhaitent les voir, ils trouvent ça bien de les montrer et ça les inspire. Je suis toujours très touché par les personnes qui ont été marquées par mes photos. Je reçois beaucoup de lettres qui me parlent de cela. Je crois que les gens se sont nourris de mes photos, et cela m’encourage beaucoup qu’ils admirent ce travail.
Propos recueillis par Adèle Latour
Girl playing in circles, Penn Station, NYC, 1958 © Louis Stettner